La Presse Pontissalienne 182 - Décembre 2014

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

La Presse Pontissalienne n° 182 - Décembre 2014

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ÉTERNOZ

Blocage avec les chasseurs Dégâts de sanglier : la colère d’un agriculteur

Jérôme Bourgeois n’en peut plus de voir ses champs retournés par les sangliers. Il dénonce la méthode d’indemnisation, demande plus de régulation et se braque contre les chasseurs locaux. Tensions.

autres agriculteurs qui font des déclarations de dégâts quand ils sont touchés. Il y a plus de san- gliers sur le secteur d’Éternoz qu’ailleurs car le biotope est pro- pice mais les dégâts sont relati- vement mesurés” dit-il. Les chasseurs locaux font des efforts souligne leur président. Ils ont fait une ouverture anti- cipée, chassent parfois dans la réserve. “On va reboucher les trous. On a posé des kilomètres de clôture pour protéger les par- celles de céréales. Les indemni- tés sont ce qu’elles sont tout com- me il est bon de rappeler que ce ne sont pas les chasseurs qui font les dégâts mais les sangliers.” Michel Cornu explique aussi que la gestion des populations du sanglier s’inscrit dans un plan de chasse encadré par la fédé- ration et l’administration. “On ne fait pas ce que l’on veut. À l’échelle de l’unité de gestion qui rassemble plusieursA.C.C.A., on se situe à un niveau de pénalité lié aux dégâts inférieur à la moyenne départementale.On tient toujours à avoir de bonnes rela- tions avec le monde paysan sous réserve qu’il mette aussi de la bonne volonté.” F.C.

L e constat est indéniable. Partout des dégâts visibles dans les champs autour d’Éternoz. La colère est palpable, la détresse aussi d’un agriculteur qui se sent démuni face à une situation qu’il juge problématique et sur laquelle il n’a aucun moyen de contrôle. “Tout le monde est au courant mais personne ne bouge. Je ne suis pas opposé à la chasse mais là, on a une population de san- gliers qui dépasse les limites. Chaque soir, on voit des bandes de 15 à 20 individus qui sortent du bois.” Jérôme Bourgeois estime que le problème ne cesse de s’amplifier. Les dégâts touchent ses cultures mais aussi les prairies. “Je suis obligé d’acheter du foin depuis trois ans. Pour compenser, j’avais augmenté la production de céréales en passant de 10 à 12 hectares avant de réduire de 3 hectares car j’avais trop de dégâts. Conséquences : j’ai dû acheter plus de concentré” , explique ce producteur de lait à comté.

D’après ses calculs, il arrive à près de 18 684 euros de préju- dice sur deux ans. Tout est pris en compte :les dégâts sur lematé- riel de fenaison, l’achat de foin, de concentré, les pertes de pro- duction. De quoi fragiliser son exploitation. “On est toujours ten- du en trésorerie du fait des inves- tissements engagés. Sans oublier que l’action des sangliers dans les prairies favorise le dévelop- pement des plantes indésirables comme les rhumex et les charbons.”

ne pas pénétrer sur mes terres même si je n’en ai pas le droit” , poursuit l’agriculteur qui deman- de un plus fort prélèvement pour revenir à l’équilibre agro-cyné- gétique. Son point de vue sur la gravité de la situation est loin d’être par- tagé même si personne ne nie la présence de sangliers et l’existence des dégâts. “La popu- lation de sangliers a augmenté mais les chasseurs font le maxi- mum et appliquent la réglemen- tation. Jusqu’à présent, j’ai tou- jours fait des efforts pour être partenaire avec les chasseurs. Dans nos petits pays,mieux vaut éviter de se monter les uns contre les autres” ,analyse cet autre agri- culteur. La société de chasse locale s’étend sur plusieurs communes et comp- te une cinquantaine de prati- quants. Elle est présidée par Michel Cornu,ancien agriculteur habitant àMalans. “JérômeBour- geois en veut à tout le monde et notamment aux chasseurs. On a de très bons rapports avec les

“Les dégâts ne cessent de s’amplifier depuis quelques

années”, souligne Jérôme

Bourgeois en montrant une tache complètement “rebouillée” par les sangliers.

18 684 euros de préjudice sur deux ans.

Comme laméthode d’indemnisation ne correspond vrai- ment pas à la réa- lité, il a fini par ne plus y souscrire, s’isolant sans dou- te un peu plus des chasseurs. Les rap- ports, il ne s’en cache pas, sont très tendus. “J’étais tel- lement remonté que je leur ai dernière- ment demandé de

Moins de dégâts qu’avant dans le Doubs A u 30 juin 2014, le mon- tant des indemnités ver- sées par les chasseurs

fructification forestière. Les san- gliers avaient donc plus de nour- riture sans aller croquer dans les plantations de maïs. Lʼautre raison réside dans le schéma de prélèvement appliqué depuis quatre ans et qui vise à réduire la surpopulation de sangliers. “Chaque année, le prélèvement de sangliers dans le Doubs varie entre 2 000 et 4 000 individus. En dessous, ce nʼest plus attrac- tif pour les chasseurs et au-des- sus, cʼest trop impactant pour le monde agricole. Lʼan dernier on était à 2 300 et cette année on est à 2 000, soit dans la four- chette basse.”

du Doubs pour compenser les dégâts de sangliers sʼélevait à 200 000 euros. “On est dans une année de faible indemnisa- tion” , commente Jean-Maurice Boillon, le président de la Fédé- ration de Chasse du Doubs qui nʼétait pas au courant du pro- blème dʼÉternoz. La facture est habituellement plus lourde et monte parfois jusquʼà 500 000 euros. Plusieurs raisons expliquent ces dégâts en forte baisse. Les condi- tions climatiques ont favorisé la

Les dégâts sont visibles sur ce secteur épargné des campagnols mais pas des sangliers. On voit aussi apparaître les plantes indésirables comme les rhumex.

L’A.D.M.R. et Soli-Cités unissent leurs forces SOCIAL Services à la personne Les associations A.D.M.R. et Soli-Cités viennent de créer une plate- forme collaborative fruit de leur coopération. Ces deux acteurs de l’aide à domicile renforcent ainsi leurs positions en milieu rural et urbain.

T out a commencé en 2012 quand l’A.D.M.R. et Soli- Cités se sont rapprochées pour proposer une offre conjointe de reprise de l’association d’aide à domicile Gardénia qui était placée en redressement judiciaire. Le tri- bunal a accepté leur proposition qui a permis de sauver 95 emplois. Fortes de cette expé- rience, les deux associations ont décidé de poursuivre leur coopé- ration “afin de promouvoir nos services à domiciles et de main- tenir un ancrage de proximité” indique Paul Coizet, président de Soli-Cités. Ensemble, elles ont créé une plate-forme coopé- rative. “Il ne s’agit pas d’une fusion. Mais le contexte nous pousse à mutualiser et à créer

A.D.M.R. regroupe 36 associa- tions. Elle emploie 970 personnes qui ont dispensé en 2013 600 000 heures d’intervention à domicile auprès des personnes âgées. Si l’on y ajoute les 415 salariés de Soli-Cités, le nombre d’emplois dans le département atteint 1 385, pour 1,030 million d’heures ! Mais cette coopération des deux opérateurs associatifs est aussi dictée par des enjeux financiers. C’est le Conseil général via sa compétence sociale qui est le principal financeur de l’économie sociale et solidaire.À une époque où les crédits publics se raré- fient, l’AD.M.R. et Soli-Cités espèrent que leurs efforts pour être plus efficients seront recon- nus par le Département sur un

des services en commun. Avec Soli-Cités, nous partageons les mêmes valeurs” indique Philip- pe Alpy, président de l’A.D.M.R. duDoubs et vice-président natio- nal. Les deux acteurs veulent garan- tir une continuité de service à travers un réseau d’agences

locales réparties sur le territoire, tant en milieu rural où les besoins sont impor- tants qu’en milieu urbain et pré-urbain. Ces deux associa- tions occupent la plus grande part dumar- ché de l’économie sociale et solidaire dans le Doubs. La fédération des

Philippe Alpy et Paul Coizet (an centre) ont officialisé la mise en place d’une plate-forme collaborative.

“Il ne s’agit pas d’une fusion.”

marché concurrentiel. “Nos modèles économiques sont fra- giles. Nous ne sommes que sur du fonctionnement. Nous dépen- dons à 100 % de donneurs d’ordres dont le premier est le Conseil général” précise Paul Coizet. “Nous ne voulons pas nous retrouver les victimes col-

aux contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens mis en place il y a trois ans par le Conseil général du Doubs. Elles sont en ordre de marche pour continuer à remplir leur mission de ser- vice d’aide à la personne, en anti- cipant les enjeux économiques de demain.

latérales de structures concur- rentes qui n’ont pas su gérer, avec en plus le risque que les élus finis- sent par dire que le milieu asso- ciatif n’est pas compétent pour gérer le service à domicile et déci- dent de tout transférer au pri- vé” complète Philippe Alpy. Les deux associations sont favorables

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