La Presse Pontissalienne 181 - Novembre 2014

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La Presse Pontissalienne n° 181 - Novembre 2014

“Je viens m’acquitter d’un devoir de mémoire” HOMMAGE - LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D’HAÏTI

Le 1 er novembre, Michel Martelly, le président de la République d’Haïti est venu au château de Joux pour rendre hommage à Toussaint Louverture. Une visite officielle qui était attendue.

Repère historique Les trois grands combats de Toussaint Louverture L e général Toussaint Louverture a été lʼinstigateur de trois grands com- bats qui vont peser sur lʼévolution du monde pendant les deux siècles suivant. Il fut tout dʼabord le déclencheur de la première abolition officielle de lʼesclavage adoptée par la France le 4 février 1794. Ce processus qui nʼallait sʼachever quʼen 1983 en Mauritanie ressurgit dans lʼactualité avec les formes dʼesclavage moder- ne à une échelle plus importante. Il fut aussi lʼinitiateur du processus des émancipations des colonies indigènes, avec Haïti, première République Noire et pour cela, il devint un modèle pour tous les leaders des indépendances latino-américaines, africaines ou asiatiques. Toussaint Louverture fut également la première figure du pouvoir noir, le créateur de la première société multiculturelle et une référence pour tous les combattants luttant contre lʼapartheid ou pour les droits civiques.

U ne visite historique ! Jamais depuis la mort de Toussaint Lou- verture le 7 avril 1803, un pré- sident haïtien en exercice n’était venu se recueillir au Fort de Joux où fut emprisonné jusqu’à sa mort un compa- triote, le premier leader noir symbole de la lutte contre l’esclavage, qui en ins- pira beaucoup d’autres. Le 1 er novembre 2014 restera donc dans l’histoire comme le jour de la visite offi- cielle du président de la République d’Haïti, Michel Martelly, dans ce lieu de mémoire.Accompagné de sa délégation, il a découvert avec émotion le château de Joux, entouré de George Pau-Lan- gevin, la ministre des Outre-Mer, de PatrickGenremaire de Pontarlier, d’Yves Louvrier, maire de La Cluse-et-Mijoux et d’autres représentants des collecti- vités locales et de l’État français. Michel Martelly s’est longuement incli- né dans le cachot où fut détenu celui que l’on surnomma le “Spartacus noir.” “Je viens m’acquitter d’un devoir de mémoire” a-t-il déclaré sur un ton solen- nel dans son hommage rendu au pre- mier général noir de l’armée française. “Général, je viens ici avec l’humilité d’un fils de votre terre. Je viens ici ému, la gorge nouée, mesurer le prix du coura- ge. Avec vous, le monde a grandi” a sou- ligné le président haïtien. Pour le chef d’État, le combat de Toussaint Louver- ture a dépassé les frontières et traduit l’universalité de la cause des Droits de l’Homme. Cette visite était attendue au château de Joux depuis le lancement des com- mémorations du bicentenaire de la mort deToussaint Louverture en 2002. Il aura fallu un déplacement de Patrick Genre à Haïti en 2011 qui a remis en mains propres une invitation à la présidence haïtienne pour que le rendez-vous soit pris. Il aura fallu aussi la détermina-

tion d’Anne-Lyse Ballyet et de Philippe Pichot du Pays du Haut-Doubs qui ont tissé les liens avec Haïti autour du per- sonnage de Toussaint Louverture. Sui- te au tremblement de terre de 2010 qui plongea dans la détresse ce pays des Grandes Antilles, la coopération a pris la forme de la construction d’un foyer à Milo pour accueillir des orphelins, finan- cé par la Communauté de communes du Larmont. “Votre visite est un abou- tissement et un nouveau départ qui nous pousse à continuer notre partenariat avec Milo” a déclaré Patrick Genre. Le président de la C.C.L. a clairement affir- mé sa volonté d’aller au-delà dans le “partenariat actif avec Haïti.” Il a appe- lé de ses vœux “d’établir et de faire recon- naître le Fort de Joux comme le symbo- le de la lutte contre l’oppression.” Deux siècles se sont écoulés mais le combat de Toussaint Louverture est encore d’actualité. Esclave affranchi, il devint le premier général noir de l’armée fran- çaise avant de verser dans la révolte suite au rétablissement de l’esclavage en 1802 par Napoléon Bonaparte (il avait été aboli en 1794). Sa lutte acharnée à Haïti lui valut d’être capturé et exilé au château de Joux. “Toussaint Louvertu-

ge Pau-Langevin. Tous ont honoré Toussaint Louverture, “l’un des grands hommes de son siècle” comme l’avait écrit François Mitterrand. Attendons de voir maintenant quelle suite sera donnée à cette visite prési- dentielle pour faire du Fort de Joux un trait d’union entre la France et Haïti, le symbole de la lutte contre l’oppression. T.C. Le président Michel Martelly entouré de George Pau-Langevin, ministre des Outre-Mer et de Patrick Genre. Michel Martelly, président de la République d’Haïti en compagnie de son épouse Sophia : “Général, je viens ici ému, la gorge nouée, mesurer le prix du courage.”

re est un grand homme pour Haïti comme pour la France. Avant de devenir le “premier des noirs”, il a été esclave. Il a senti l’infamie qui était faite au peuple noir. Cela nous montre le danger quand la barbarie l’emporte sur la civilisation. L’héritage de Toussaint Louverture est de continuer à porter haut et loin ces valeurs d’esprit qui ne sont jamais un acquis, ni une rente” a exprimé la ministre Geor-

“Avec vous, le monde a grandi.”

Michel Martelly s’est recueilli dans le cachot où est mort Toussaint Louverture en 1803 (photo A. Baud - C.C.L.).

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