La Presse Pontissalienne 180 - Octobre 2014

La Presse Pontissalienne n° 180 - Octobre 2014

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La commission de la dernière chance Négociation Commission Départementale de Présence Postale Faute de trouver une solution pour sauver leur bureau de Poste, les élus sollicitent la Commission Départementale de Présence Postale sur les Territoires (C.D.P.T.T.). Une structure présidée par Daniel Cassard qui est aussi à la tête de l’association des maires ruraux du Doubs. Entretien.

D.C. : Elle veille au maintien des 155 points de contacts dans le Doubs. Sur les 93 situés en zone rurale, on dénombre 34 bureaux de Poste, 38 agences postales et 21 relais postaux. En ville, ce sont 54 bureaux de Pos- te, 5 agences postales et 3 relais pos- taux. On gère aussi le fonds de péré- quation de la Poste. Au niveau national, c’est une enveloppe de 170 millions d’euros qui résulte des allégements de charges consentis par l’État à la Poste. Cet argent est répar- ti dans les départements. Il sert à financer les agences postales et les relais. On peut aussi l’utiliser pour

La Presse Pontissalienne : Quel est le rôle de cette commission ? Daniel Cassard : Avant tout, il faut savoir que la Poste est une entreprise privée avec des obligations de service public. Elle doit maintenir des points de contact : bureau de Poste, agence pos- tale communale ou intercommunale ou relais de poste chez un commer- çant. La Poste doit assurer la distri- bution du courrier six jours sur sept. Elle remplit une mission de banque postale et assure la distribution de la presse et des colis.

rénover des bureaux de Poste.

15 heures d’ouverture par semaine. Ces indemnités couvrent le salaire mais pas les frais fixes. Je demande depuis longtemps une revalorisation avec le versement de 200 à 300 euros supplémentaires par mois. L.P.P. : Ce dispositif est garanti sur quelle durée ? D.C. : L’indemnité fait l’objet d’une convention entre la Poste et la com- mune, valable sur deux fois neuf ans. L.P.P. : Qu’est-ce qui détermine l’éminence d’une fermeture de bureau de Poste ? D.C. : L’évolution des durées d’ouverture hebdomadaire. Aux Fourgs, la situa- tion est moins critique car le bureau ouvre 18 heures par semaine. C’est plus préoccupant àMalbuisson et Laber- gement où les bureaux sont passés à 12 heures par semaine depuis le 15 sep- tembre avec fermeture le samedi matin à Labergement. L.P.P. : Qu’avez-vous fait quand les maires de Malbuisson et Labergement vous ont sollicité ? D.C. : J’ai alerté le sénateurMartial Bour- quin qui fait partie de la commission. Il a demandé le gel de toutes lesmesures décidées par la Poste et le réexamen des projets sur le Haut-Doubs ainsi qu’à Avanne-Aveney.

L.P.P. : Votre avis sur Malbuisson et Laberge- ment ? D.C. : La Poste leur a dit qu’ils allaient passer en agence postale communale au printemps 2015. C’est exclu. On va ferrailler pour qu’ils puissent au moins conserver l’un des deux bureaux de Poste. De plus, Joël Mathurin m’a cer- tifié que le D.A.B. (distributeur auto- matique de billets) restera. L.P.P. : La Poste a-t-elle le droit de fermer un bureau de Poste ? D.C. : En dernier ressort, c’est le maire qui décide, mais on se retrouve alors avec un bureau ouvert 12 heures par semaine, ce qui n’a aucun sens. L.P.P. : Quel est votre sentiment sur ces évo- lutions ? D.C. : C’est vrai que la fréquentation baisse, qu’il y a moins de colis. Le para- doxe, c’est de vouloir développer la Banque postale en fermant des bureaux de Poste. L.P.P. : La commission peut-elle agir sur la réorganisation des centres de distribution ? D.C. : Non, j’ai n’ai aucunmoyen de pres- sion dans ce domaine. Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : Qui fait partie de cette commission ? D.C. : On trouve les maires de Besan- çon et Audincourt : Jean-Louis Fous- seret et Martial Bourquin. Deux conseillers régionaux : Pierre Magnin- Feysot et Salima Inezarene. Deux conseillers généraux : Gilles Robert et Patrick Ronot et deux maires, à savoir Pierre Chatelain et moi-même. Sans oublier un représentant de l’État en la personne de Joël Mathurin, le secré- taire général de la préfecture du Doubs. On se réunit une fois par trimestre pour examiner les dossiers et les cas annexes comme c’est le cas pour Mal- buisson, Labergement-Sainte-Marie et Les Fourgs. L.P.P. : Pourquoi des cas annexes ? D.C. : Car la Poste pourrait ne pas tenir compte de nos avis sachant qu’ils ne suppriment pas les points de contact puisqu’ils envisagent de les rempla- cer par des agences et des relais. L.P.P. : Comment fonctionne le système d’indemnisation à l’ouverture d’une agence postale communale ou intercommunale ? D.C. : A chaque ouverture d’agence, la Poste verse environ 1 000 euros par mois à la commune pour assurer

L.P.P. : Et la C.D.P.T.T. dans ce contexte ?

Aux dires de Daniel Cassard, le distributeur automatique de billets de Malbuisson serait sauvé.

Distribution

Durcissement du conflit

Les facteurs sont en grève La réorganisation du service courrier sur le Haut-Doubs qui devait être mise en place à

d’agents. Avec les frais de trans- port, cela représente environ 150 000 euros d’économie par an.” Il conteste aussi la baisse du volu- me de courrier annoncée en s’appuyant sur des chiffres four- nis par la direction au comité technique. “En comparant le volu- me de courrier distribué aux usa- gers le 9 septembre 2012 et le 16 septembre 2014, on passe de 41 163 à 40 963, soit une baisse de 0,48%. Le nombre de colis dis- tribués augmente même de 11,95 %. Dans le même temps, le nombre de boîte à lettres sur le Haut-Doubs est passé de 24 125 à 26 004 depuis 2012.” Le blocage de la réorganisation n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement du centre de tri. Pour compenser, le directeur d’établissement a demandé aux facteurs de travailler davantage enaugmentant lenombre de jours sécables. Ce système permet de suppléer l’absence d’un facteur dans une équipe,sa tournée étant partagée entre ses collègues. Les demandes d’explications se multiplient, le dialogue entre les facteurs et la direction se dégrade pour ne pas dire plus, comme l’illustre la grève orga- nisée les 26 et 27 septembre par S.U.D.-P.T.T.

7 heures à 14 h 30 avec une seu- le pause de 20 minutes. On n’est pas d’accord avec ce dispositif qui rallonge les tournées, per- turbe la distribution et dégrade les conditions de travail des agents” , explique Philippe Ber- tin-Mourot de S.U.D.-P.T.T., éga- lement secrétaire du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (C.H.S.C.T.). Mis en place depuis la privati- sation de la Poste, le C.H.S.C.T. a les mêmes pouvoirs que dans le privé. “À partir dumoment où l’on ne donne aucun avis, le dis- positif de réorganisation est com- plètement bloqué. C’est ce qui se passe et rien ne se fera cette année” , poursuit le syndicalis- te. D’où ce durcissement du conflit entre le directeur du centre de tri et les facteurs qui avait refusé à 80 % la semaine de 42 heures telle qu’elle leur était proposée. Pour Philippe Bertin-Mourot, la stratégie de la direction relève uniquement d’une logique finan- cière. “La suppression des 7 tour- nées correspond à 2,2 postes

partir du 16 septembre est bloquée par le syndicat S.U.D.-P.T.T. Explications.

C ette réorganisation concerne la plate-for- me courrier Mont d’Or- Pays de Courbet axée autour du centre de tri de Pon- tarlier. Elle est déjà effective depuis 2013 sur les bureaux de Levier, Frasne, Amancey et Ornans. Il restait donc à la mettre en œuvre sur les sites de Mouthe, Malbuisson, Les Hôpitaux-Neufs et Pontarlier. “Depuis trois ans sur ce secteur, nous enregistrons une baisse de volume de courrier de 12 %, soit 5 000 plis en moins à distribuer chaque jour, ce qui représente l’activité totale de la plate-for- me courrier de Malbuisson” , jus- tifie la Poste. Il a donc été déci- dé de fermer les bureaux de distribution de Mouthe et Mal- buisson. L’activité de Mouthe est trans- férée aux Hôpitaux-Neufs et cel-

le de Malbuisson à Pontarlier. Cette réorganisation s’accompagne de mouvement de personnel et de nouvelles condi- tions de travail. Le syndicat S.U.D.-P.T.T. s’oppose à ces restructurations horaires. “Le but de l’exercice consiste à sup- primer 7 tournées pour les redis- tribuer sur les autres. Jusqu’à présent, les fac- teurs tra- vaillaient

Durcissement entre le directeur du centre de

36 h 30 par semaine, six jours sur sept de 6 h 30 à 12 h 40. La direction pro- pose de passer à 42 heures par semaine avec un jour de repos supplémentaire par semaine. On travaillerait de

tri et les facteurs.

“Cette réorganisation est uniquement basée sur des gains de productivité sans considération pour le personnel et la qualité de service à l’usager”, estime Philippe Bertin-Mourot, représentant syndical S.U.D.-P.T.T.

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