La Presse Pontissalienne 180 - Octobre 2014

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 180 - Octobre 2014

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SOCIAL

Mosquée de Pontarlier Inquiétude au sein de la communauté musulmane

À Pontarlier, la communauté musulmane redoute d’être à nouveau la cible d’actes de provocation après qu’un porcelet a été déposé mort devant la mosquée.

L e cadavre d’un porcelet retrou- vé mort le 22 septembre devant la porte d’entrée de la mosquée de Pontarlier a jeté la conster- nation et l’incompréhension au sein de la communauté musulmane loca- le. “On ne fait pas de mal, on n’insulte personne. Cela fait 45 ans que je vis en France, je n’ai jamais ressenti cela. Nous sommes dans une petite ville, j’espère que ce racisme à notre égard ne grandira pas” s’inquiète Allaoua, à la sortie de la mosquée. Ce n’est pas la première fois que le lieu de culte est la cible de provocations. En janvier dernier, ses murs avaient été taggés de sigles à caractère nazi. Tahar Belhadj, le président de la fédé- ration régionale de la Grande Mos- quée de Paris Alsace-Franche-Comté, qui était présent à Pontarlier le 26 sep- tembre, condamne ces actes qui sont le fait, selon lui, “d’agissements isolés. Ce ne sont pas des bandes organisées qui se livrent à ce genre de choses. Mais ce n’est pas anodin. Le rejet de l’autre tel qu’il s’exprime à travers ces actes a toujours des conséquences graves” dit- il. D’autant que la résonance de ce fait divers est amplifiée par le contexte international et la réponse de l’État Islamique qui a appelé à tuer “les méchants et sales Français” suite aux

frappes aériennes des alliés pour ten- ter de l’éradiquer. En Algérie, les dji- hadistes sont passés à l’acte en déca- pitant leur otage Hervé Gourdel. Un crime abject qui a révolté aussi les musulmans de France. Ils ont mani- festé fin septembre à Paris pour dénon- cer cette barbarie, et pour dire qu’ils n’ont pas de lien avec les djihadistes qui prétendent agir au nom de l’islam. Cette communauté veut à tout prix éviter l'amalgame qui va nourrir l’islamophobie. “L’islam n’est pas archaïque. C’est la culture de l’altérité. Or, il y a aujourd’hui une idéologie néfaste qui n’appartient pas au texte

fondateur de notre reli- gion. Elle est véhiculée par des personnes dépravées qui se reven- diquent d’un pseudo- État islamique qui n’a rien d’un État et qui insulte l’islam. Nous lançons un cri d’alarme pour qu’ils cessent de parler en son nom :“Not in my name !” martèle Tahar Belhadj, solidaire aujourd’hui de la famil- le d’Hervé Gourdel. Cependant, le président de la fédération régio-

“L’E.I. n’a rien d’un État et il insulte l’islam.”

Tahar Belhadj président de la fédération régionale de la Grande Mosquée de Paris Alsace-Franche-Comté à Pontarlier le 26 septembre devant la mosquée.

Unis au lendemain des attentats du 11-Septembre. “Les musulmans n’ont pas été persécutés. Je suis certain que les Français qui ne sont pas de notre confession sauront faire preuve de dis-

nale de la Grande Mosquée de Paris Alsace-Franche-Comté ne redoute pas que la communauté musulmane soit stigmatisée en France. Il en veut pour preuve ce qui s’est passé aux États-

cernement. J’ai totale confiance en la République. Elle veille, elle est garan- te des valeurs, de la liberté en parti- culier de liberté de culte.” T.C.

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