La Presse Pontissalienne 180 - Octobre 2014

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 180 - Octobre 2014

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LEVIER

Retour d’expérience À la rencontre de la civilisation européenne

“D epuis qu’on est rentré, on court tout le temps. Là, on réalise vraiment à quel point on va vite, on est toujours la tête dans le guidon. Dans ces circonstances, c’est très difficile de laisser de la place à la contemplation” , constate François Lacroix qui a retrou- vé son poste de professeur d’éducation socio-culturelle au lycée agricole de Levier. Avec Yvonne Krell sa compagne qui enseigne l’allemand, ils avaient déci- dé de s’octroyer une pause. Leur pro- jet baptisé “chemin d’étincelles” consis- tait à sillonner l’Europe en vue d’entretenir des échanges socio-cultu- rels. Un peu gênés au départ de ne pas faire la rentrée scolaire comme d’habitude, ils ont vite déculpabilisé de sortir ainsi des normes établies. “On a visité une quinzaine de pays essentiellement en Europe de l’Ouest et au Sud avec deux gros coups de cœur pour l’Écosse et la Grèce.” Le couple se déplaçait à bord d’un auguste cam- ping-car. Déjà toute une aventure émaillée de quelques galères méca- niques. Leur stratégie d’approche des popu- lations était l’atelier en pleine rue. “On a mis du temps pour trouver la solu- Le grand voyage s’est achevé cet été pour François Lacroix et Yvonne Krell partis pour un tour d’Europe axé sur les rencontres et les expériences créatives. Fructueux.

François et Yvonne proposaient souvent le jeu de la valise cartes postales pour que chacun échange avec l’autre.

tion où les gens n’avaient pas l’impression d’être “agressés” par nos sollicitations.” La technique de la vali- se cartes postales a fait des merveilles. La boîte posée par terre contient des cartes postales avec l’adresse des per- sonnes déjà rencontrées. Le jeu consis- te à envoyer une des cartes postales et la remplacer par une carte vierge où figurent ses coordonnées.Autre invi- tation par l’écriture au sol avec le mes- sage “Comment commencer une conver- sation, c’est gratuit ?” François et Yvonne ont passé une bon- ne partie de l’hiver dans le sud de l’Europe. “Les gens vivent beaucoup plus dehors que chez nous. C’est pro- pice aux échanges. Si l’automne est

d’une vraie douceur, l’hiver s’avère très froid et humide.” Avant de partir, les deux aventuriers avaient identifié une soixantaine de structures susceptibles de leur ouvrir leurs portes pour qu’ils puissent animer leur atelier. “Quatre seulement ont répondu à nos sollicita- tions. C’est décevant. Beaucoup pen- saient qu’on arrivait comme des mécènes alors qu’il s’agissait uniquement de bénévolat. Finalement, on a beaucoup fonctionné avec des contacts établis au fil du périple.” Les choses se sont globalement bien passées. Le coup de foudre pour l’Écosse et la Grèce s’explique par la beauté des paysages, leur côté sauvage, loin de tout. “Partout où l’on passait, on

notait souvent l’envie des gens de s’approprier la culture européenne. On se sent proches de nos amis italiens, espagnols, grecs…” Si au départ les deux saltimbanques multipliaient les

aussi à réaliser un support de mots, musique, photos sous forme de C.D.” S’ils ont repris le chemin de l’enseignement, c’est à temps partiel. L’un et l’autre se sont déclarés au régi- me de l’auto-entreprise. Yvonne opè- re dans les échanges en allemand et François dans l’art-thérapie. Depuis le 1er septembre, l’association Tanta qui servait de support au projet de che- min d’étincelles a établi ses pénates à Pontarlier dans un local de 40 m 2 près de la porte Saint-Pierre. “Pour l’instant, on rénove l’intérieur. On souhaite créer un lieu d’échange autour de nos valeurs culturelles où les gens soient acteurs.” L’aventure continue. F.C.

déplacements, avec le temps, ils ont préféré plutôt se poser quelques semaines à un endroit et prendre le temps de se l’approprier. Le couple devrait faire œuvre de restitution en présentant à la maison de l’Europe à Besançon une exposition sur la base de 50 portraits de voyage. “On réfléchit

Ils se sont déclarés au régime de l’auto- entreprise.

CROUZET-MIGETTE Culture bio Prends en de la graine Sylvie Euvrard cultive des plantes aromatiques et médicinales, fait des transformations culinaires et commercialise sa production en circuit court. Pause herborisée à la Serpolette.

L e potentiel agricole du Haut- Doubs ne se réduit pas unique- ment aux A.O.P. fromagères et à la saucisse de Morteau. Il res- te un peu de place pour qui souhaite s’épanouir dans d’autres créneaux.Avec l’engouement autour des produits fer- miers, on peut réussir sur ces voies alternatives sous réserve d’être per- formants en production comme en com- mercialisation. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la démarche. Cette quête d’autonomie et la passion pour l’herboristerie ont conduit Sylvie Euvrard à voler de ses propres herbes. Titulaire d’un B.T.S. agricole, elle exer- çait au préalable dans l’enseignement. “Après un congé parental, j’ai commencé à écrire un livre sur les alternatives éco- logiques en Franche-Comté. Dans cet- te perspective, j’ai rencontré Jean-Paul Fleutiaux, producteur d’huiles essen- tielles en Haute-Saône. J’ai eu le coup de foudre pour ce métier” , indique Syl- vie Euvrard qui a elle aussi quitté la Haute-Saône pour s’installer à Crou- zet-Migette où elle vit depuis douze ans. En 2007, elle complète son cursus en suivant une formation en herboris- terie au C.F.P.P.A. de Montmorot. Entre les priorités familiales et la recherche de terrain, il faudra quelques années pour que son projet aboutisse en 2013, année de création de la Ser- polette. Car pas question de faire dans

Coquelicot, bleuet agrémentent son jardin bio où elle cultive une trentaine de plantes.

l’approximatif. Beaucoup s’y sont ris- qués, rares sont ceux qui ont survécu. “Un agriculteur a accepté de me lais- ser 80 ares qui venaient compléter les

cinales. Elle n’a pas de gros besoins d’eau comme dans le maraîchage. C’est un avantage. On trouve une trentaine de plantes dans son jardin bio. Les “pérennes” : thym, menthe, sarriette, camomille côtoient les “annuelles” comme le coque- licot ou le bleuet. Sylvie Euvrard com- plète sa récolte en procédant à des cueillettes sauvages effectuées avec l’accord de l’O.N.F. et des communes concernées. Reine-des-prés, sureau, ails des ours, cynorhodons remplissent le panier. Elle dispose d’un séchoir où pas- se ce qui servira à composer les tisanes et les aromates. Dans son laboratoire,elle réalise diverses

transformations culinaires.Au menu : confitures, gelées, pesto à l’ail des ours… Elle conçoit aussi des recettes de cho- colat aux plantes pour Noël. Sylvie Euvrard commercialise une partie de ses produits sur les marchés, fonctionne avec sept points de vente fixes : maga- sins bio, fromageries, épiceries. Elle disposera bientôt d’un site de vente en ligne. Son métier, elle l’a choisi et ne regrette pas d’avoir franchi le pas. “On vit au rythme des saisons avec une acti- vité plus soutenue d’avril à décembre. On a le choix de produire ce que l’on veut. C’est appréciable même si ce métier c’est aussi beaucoup de temps de tra- vail.”

20 ares dont j’étais déjà propriétaire à Crouzet-Migette” , poursuit celle qui va utiliser sa Dotation Jeune Agriculteur pour investir dans un labo et du matériel de transformation aux normes. Sa pro- fession : cultivatrice en plantes à parfum aromatiques et médi-

C’est aussi beaucoup de temps e travail.

Sylvie Euvrard utilise son séchoir pour la préparation de ses tisanes et aromates.

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