La Presse Pontissalienne 180 - Octobre 2014

La Presse Pontissalienne n° 180 - Octobre 2014

21

Historique

Depuis 1967

Des promesses, rien que des promesses Le contournement de Pontarlier et l’optimisation de la R.N. 57 jusqu’au terminus de Vallorbe alimentent les conversations depuis des décennies.

Présent au Salon de l’Habitat de Besançon 17-19 Octobre 2014

O n ne compte plus les manchettes de jour- naux qui annoncent une bonne nouvel- le pour la démentir quelques mois ou années plus tard. En 1967, Edgar Faure alors ministre de l’Agriculture en visite dans le Val de Travers évoquait déjà l’épineux pro- blème des relations routières et ferroviaires franco-suisses avec son homologue neuchâ- telois. Le sujet reviendra sur le tapis des dizaines de fois. Les seuls aménagements concrets seront effectués d’abord en 1989 avec la roca- de de Pontarlier puis en 2002 avec la déviation des Hôpi- taux-Neufs. Le principal frein au contournement de Pontar- lier-La Cluse-et-Mijoux rési- de dans son coût particuliè-

rement élevé. La fourchette variait de 500 millions de francs pour les scénarios sans tunnel à plus d’1,650 milliard de francs pour les options les plausibles avec tunnel sous le Laveron. En 2000, Claude Guéant, alors préfet de Région, expliquait en réunion publique à Pontarlier. “Cette route mérite une réflexion spécifique. Le relief est diffici- le. L’estimation du projet s’élève à près de 2 milliards de francs, ce qui obligerait à program- mer deux tranches fonction- nelles. L’enveloppe du contrat de plan État-Région atteint seulement 1,7 milliard de francs. Je doute que les autres départements comtois accep- tent de mettre la totalité de l’effort sur cette portion de rou- te.” Le même Claude Guéant

annonçait aussi : “Mon objec- tif est que fin 2000, on sache ce que sera l’avenir, qu’on connaisse le tracé exact rete- nu. Pour les entreprises locales, c’est très important de pouvoir faire-valoir qu’une solution technique soit choisie.” La déviation des Tavins qui était pourtant inscrite au contrat de plan État-Région a elle aussi fait les frais d’un arbitrage politique douteux. Les crédits votés pour ce tron- çon ont en effet été attribués au chantier de la déviation des Mercureaux. D’aucuns s’accordent aussi à dire qu’il manquait un homme politique suffisamment fort dans le Haut-Doubs pour peser dans une telle décision. Qui sera l’homme providentiel ? F.C.

1989 : Rocade ouest de Pon- tarlier : 30 millions de francs 1996 : Aménagement à 2 X 2 voies de LʼHôpital-du-Grosbois à Étalans : 60millions de francs 1997 : Déviation de Nods : 50 millions de francs 2002 : Déviation des Hôpi- taux-Neufs : 160 millions de francs Historique des principaux travaux sur la R.N. 57 entre Besançon et Pontarlier

En 1986 débutait l’aménagement de la rocade de Pontarlier avec ici la création du rond-point des Épinettes.

Les bouchons : après la colère, la résignation La Cluse-et-Mijoux Plus de vie villageoise

À force de supporter les contraintes du trafic sans espoir de solutions, les habitants de La Cluse, quand ils ne sont pas partis, ont fini par s’habituer aux bouchons et s’organisent en conséquence.

Q uand on traverse La Clu- se-et-Mijoux sans ralentir, on est presque étonné. Com- me quoi avec le temps, les bouchons font désormais partie du pay- sage, de l’histoire et des caractéris- tiques de cette commune. Elle a connu sa période de révolte au début des années 2000 quand une poignée d’habitants sans doute excédés de l’immobilisme des pouvoirs publics ont décidé de créer l’association contre la R.N. 57 à La Cluse-et-Mijoux. “C’est parti avec des voisins et des amis du village. On voulait faire bouger les choses, savoir quand et comment débu- terait le contournement de Pontarlier et de La Cluse” , indique Laurent Jean- nerod qui présidait alors l’association. Laquelle existe toujours au cas où une bande de jeunes voudrait reprendre le flambeau.

Avec distribution de tracts, pétitions, manifestation à Pontarlier, l’association contre la R.N. 57 était de tous les combats. Force de proposition, elle privilé- giait l’option d’un tunnel sous le Laveron qui débou- cherait le plus loin pos- sible dans la combe. Coût du chantier estimé à 1,5 milliard de francs de l’époque, soit en tenant compte de l’inflation, près de 284 millions d’euros. “On nous a expliqué qu’une étude serait peut-

pour améliorer le trafic entre La Clu- se et Pontarlier, Yves Louvrier a sa petite idée sur le problème. Pour lui, tout part des feux tricolores qui per- mettent de desservir le quartier de la chapelle à hauteur du pont Saint-Clau- de. “Le bouchon s’amorce ici et remon- te jusqu’à carrefour des Rosiers.” Il observe aussi une généralisation du problème et pas seulement aux pas- sages des frontaliers. “On a été confron- té aux mêmes soucis de circulation du 14 juillet au 15 août quand la plupart des frontaliers sont en vacances.” Les ralentissements reviennent de façon récurrente aux horaires de repri- se de travail vers 14 heures Idem le samedi. “Le développement commer- cial de Pontarlier fait qu’on doit tra- verser toute la ville pour se rendre aux Grands-Planchants ou sur les zones d’Houtaud et de Doubs. Il y a un vrai déséquilibre territorial de l’offre.” Les habitants de La Cluse ont appris à vivre avec ses contraintes. D’autres les découvrent comme à Oye-et-Pallet, Sainte-Colombe, La Planée placés sans le vouloir sur des itinéraires de déles- tage pour rejoindre plus vite Pontar- lier ou la plaine de l’Arlier en passant par le col de la République. Pour autant, La Cluse n’a pas perdu de son attrac- tivité même si quelques autochtones ont déserté les lieux. “On a toujours de la demande de construction. En habitant ici, on évite quand même le bouchon des Rosiers. Pour un fronta- lier, c’est toujours mieux.” Avec les bouchons, les gens ont plus tendance à se recroqueviller chez eux. La vie locale en pâtit. La Cluse devient un village dortoir. F.C.

Les gens ont plus tendance à se recro- queviller chez eux.

être engagée vers 2018 pour espérer les premiers coups de pioche en 2028.” Pour l’instant, ces prévisions tiennent toujours. De guerre lasse, l’association a fini par tomber en léthargie. Les mili- tants ont pris de l’âge. Certains ont quitté le village. Ceux qui restent ont adapté leur mode de vie aux bouchons. “Le soir, si on a une course rapide à fai- re, on file jusqu’aux Hôpitaux-Neufs, c’est plus rapide que d’aller sur les zones commerciales pontissaliennes.” Un constat largement partagé par Yves Louvrier, le maire. Ici, tout est calé sur les bouchons.“ L’école s’arrête à 16 heures Les entraînements du foot pour les jeunes commencent vers 18 heures avec 30 minutes de battement pour que cha- cun puisse rejoindre le stade” dit-il. Les réunions du bureau de la C.C.L. à Houtaud ont été retardées pour les élus de La Cluse et des Verrières arri- vent à l’heure, sachant qu’il leur faut 45 minutes pour rallier les locaux de la C.C.L. à Houtaud. Concerné par les études en cours engagées par l’État

L’association contre la R.N. 57 à La Cluse-et-Mijoux a été particulièrement active entre 2000 et 2003 avant de sombrer dans la lassitude.

25 000 véhicules traversent chaque jour La Cluse-et-Mijoux.

Made with FlippingBook flipbook maker