La Presse Pontissalienne 179 - Septembre 2014

VALDAHON - VERCEL

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La Presse Pontissalienne n° 179 - Septembre 2014

La facture d’eau des Valdahonnais va augmenter VALDAHON Assainissement

L’épandage des boues de la station d’épuration plombe le budget assainissement de la commune. Si le prix de l’eau demeure faible comparé à d’autres, les 1 847 abonnés verront leur facture grimper. Le prix est fixé à 0,46 euro le m 3 en part variable. La part fixe augmente de 3,34 euros. Explications.

N oël Perrot a beau être - bon - pédagogue, il a dû reprendre à deux fois son exposé. Lors du dernier conseil municipal (28 août), l’adjoint valdahon- nais en charge de l’assainissement présente aux élus le nouvel avenant au contrat à signer avec le fermier qui gère la station d’épuration (Gaz et eaux). Une longue explication technique sur la déshydratation des boues, sur les postes de refou- lement, la centrifugeuse, le plan d’épandage, les teneurs en nic- kel des terrains…, pour arriver

à la conclusion finale : Valda- hon doit augmenter le prix de son eau pour éviter de mau- vaises surprises à l’avenir. Un point qui n’a pas échappé aux

té à un problème de taille.Alors que la Ville épandait aupara- vant 90 % des boues recueillies par la station d’épuration, elle ne peut aujourd’hui en remettre dans la nature que 20 %. Pas besoin de savants calculs pour comprendre que l’urbanisation grandissante du secteur, com- binée à une restriction du péri- mètre du plan d’épandage occa- sionne un sérieux problème. “Au camp de Valdahon, nous pou- vions épandre les boues sur 100 hectares de terrain. Or, cette sur- face ne peut plus en accueillir car elle est protégée au niveau de sa faune et de sa flore” explique Noël Perrot. Analysées, seulement 20 % sont épandues par des agriculteurs, qui eux-mêmes ne peuvent pas les rejeter lorsque le sol est gelé ou enneigé. Le reste des boues est donc déshydraté et envoyé en centre de traitement et de valorisation à Vesoul. Un coût supplémentaire que la munici- palité prend en charge. “D’un côté, on nous demande de res- pecter l’environnement, ce que je comprends, relate Noël Perrot, mais de l’autre, on doit envoyer nos boues àVesoul. Le bilan car-

conseillers munici- paux, pragmatiques dans leurs interroga- tions et soucieux du pouvoir d’achat de leurs concitoyens. Bref, ils (re)demandent une explication avant de passer au vote… Valdahon est confron-

“On espère tenir ce prix.”

Facture d’eau à l’appui, l’adjoint à l’eau et à l’assainissement Noël Perrot explique aux autres élus les conséquences du traitement et de l’épandage des boues sur le tarif.

Zoom Valdahon veut

passe à la caisse. Budget auto- nome, l’assainissement doit se réguler lui-même en recettes et dépenses. Les 1 847 abonnés dont les 400 du camp militaire verront l’année prochaine leur facture grimper. Sur la part variable, le prix de l’eau et de l’assainissement pas- se de 0,432 à 0,464 euro. La part fixe passe, elle, de 56,14 à 59,48 euros (+ 3,34 euros). “C’est un coût relativement modéré, tient à rappeler le maire Gérard

Limat. Dans les autres com- munes, c’est souvent plus d’1 euro (la part variable). Nous espérons tenir ce budget pour l’année pro- chaine.” Il est arrivé àValdahon que le budget principal vienne à la rescousse du budget assai- nissement déficitaire. Les élus veulent éviter ce nouveau cas de figure. Une chose est claire : plus que l’eau, c’est aujourd’hui l’assainissement qui pèsera lourd dans la facture… E.Ch.

bone n’est pas très bon” dit-il à juste titre. L’adjoint aimerait qu’une réflexion soit prise à l’échelle de la communauté de communes ou plus largement encore. Car Valdahon n’est pas la seu- le à se confronter à cette qua- drature du cercle. Si la ville a investi dans un système déshy- dratant les boues, ce qui implique une baisse de leur tonnage (envi- ron 5 000m 3 par an), elle n’arrive pas écouler ce surplus. Le citoyen

faire monter la pression D ans plusieurs rues ou lotissements valdahonnais, notam- ment route dʼÉtray, la pression de lʼeau au robinet nʼatteint pas 1 bar au rez-de-chaussée. Inutile donc pour ses habitants dʼacheter une douche hydromassante qui requiert souvent plus de 2 bars. La municipalité demande au syndicat des eaux de la Haute-Loue de mettre en place un surpresseur. Ou mieux : créer un nouveau château dʼeau.

LAVAL-LE-PRIEURÉ

Pollution du Dessoubre “Je n’accepte pas d’être traitée comme une délinquante” Le préfet du Doubs a déposé plainte à l’encontre de Laurence Revillot, une riveraine du Dessoubre, pour qu’elle enlève ses pancartes

dénonçant les auteurs de pollution. Victime de pression, cette habitante ne veut pas “lâcher pas son combat” mais a tout de même retiré ses écrits. La procédure judiciaire est toujours en cours. De l’acharnement ?

D epuis le début d’année, l’état des eaux du Des- soubre fait couler beau- coup d’encre. Y compris sur des panneaux placés aux abords du Moulin Girardot par sa propriétaire Laurence Revil- lot, là même où ont été consta- tées les premières vagues de mortalité piscicole : “Mon inten- tion par ces pancartes était de faire prendre conscience au plus grand nombre des circonstances dramatiques dans lesquelles nous nous trouvons” explique- t-elle sereinement comme elle l’a fait dans un courrier adres- sé au préfet. Car ce dernier n’a que peu apprécié les opinions affichées par la riveraine, ce qui lui a valu ni plus ni moins qu’une mise en demeure de reti- rer ces panneaux, assimilables selon le représentant de l’État à de la publicité hors agglo- mération et donc non autorisée en l’espèce. “Pour cela j’ai aus- si été convoquée à la gendar- merie de Morteau le 8 juin où j’ai passé une heure et demie avec prise des empreintes et pho- to !” Un épisode douloureux que

l’intéressée assimile à une pres- sion pour l’inciter à se taire en retirant les inscriptions en cau- se. Délictueux, cet affichage est retiré quelques heures après son audition. “Je veux bien fai- re tout mon possible pour sau- ver le Dessoubre mais pas non plus à n’importe quel prix. Je n’ai pas accepté d’être traitée comme une délinquante mais je ne lâcherai pas, même si j’ai compris qu’il y avait un lobby derrière tout cela” répète Lau- rence qui pense aux enfants et aux générations futures. “Quel- le rivière va-t-on leur laisser ? Si la qualité de l’eau fait aujour- d’hui crever les poissons, que pouvons-nous craindre pour la suite…” se demande-t-elle. Elle ne se considère pas comme un super-héros et ne recherche sur- tout pas l’affichage médiatique. Rien de tout cela : “Je suis née ici, coupe-t-elle. Mon arrière- grand-père, grand-père, père, tenaient la scierie… J’aime cet endroit. J’aurais pu dire que tout allait bien ! Mais il fallait alerter !”

Soutenue par l’association A.N.P.E.R. T.O.S. (association nationale de protection des eaux et rivières) et par le collectif S.O.S. Doubs et Dessoubre, Lau- rence a trouvé de l’aide d’un point de vue moral et juridique. Elle espère que la procédure administrative couplée à une procédure judiciaire n’aboutira pas. Seul le procureur de la République a le choix de pour- suivre ou non. D’autres sou- tiens, de la part de citoyens, sont apparus. Certains ont même décidé d’écrire leur colè- re… sur la route. La côte de Maîche et la route départe- mentale à Rosureux ont vu apparaître certains messages du même type que ces pan- cartes. “C’est bien de se mobi- liser mais dommage que cela soit si tardif et, en plus, répri- mé par l’État voire par nos repré- sentants politiques qui ne nous sont d’aucun soutien. Au début, je me suis sentie vraiment esseu- lée” confie cette habitante de la vallée. Pendant ce temps, le Dessoubre continue de s’écouler. La pêche

demeure fermée et les résul- tats de l’enquête menée par la fédération piscicole du Doubs courant juillet en aval de Gigot ne sont pas encore connus. Prieuré). Elle a retiré les panneaux alertant sur la pollution du Dessoubre sur demande du préfet. Laurence Revillot réside au Moulin Girardot (Laval-le-

Le préfet ne désarme pas U ne seconde lettre a été envoyée par le préfet à Laurence Revillot, à lʼheure où nous bouclions ces lignes, lui deman- dant dʼenlever un panneau. Or, ce nʼest pas elle qui lʼa posé mais lʼassociation A.N.P.E.R. T.O.S. (association de protec- tion des eaux et rivières, truite, ombre et saumon). Deux autres ont été installés dans la vallée chez dʼautres propriétaires… mais ils nʼont pas été inquiétés. Acharnement ? La preuve que les environs du Moulin Girardot sont scrutés… On espère que lʼÉtat mette la même énergie pour sʼattaquer à la pollution !

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