La Presse Pontissalienne 179 - Septembre 2014

DOSSIER 24

La Presse Pontissalienne n° 179 - Septembre 2014

Mobilisation

Les travaux des champs

Ils ont quitté famille et travail… Dès l’ordre de mobilisation reçu, les soldats du Haut- Doubs comme d’ailleurs ont dû tout quitter. Femmes et enfants bien sûr lors de départs souvent déchirants. Mais aussi leur poste de travail impliquant de profond boulever- sement pour ceux, et surtout celles, restés à l’arrière.

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L orsqu’ils quittent leur village et particulièrement ceux par- tis de la ferme familiale, les jeunes hommes laissaient seuls femmes et anciens s’occuper des travaux des champs. Pourtant en plein mois d’août, ils partent inquiets certes mais confiants aussi, rassurés par des autorités qui leur font penser que cette guerre sera rapide. Et qu’ils seront rentrés pour La fin des récoltes quelques semaines plus tard. L’histoire de ces enfants du pays par-

nauté de communes du Larmont et recueilli notamment des lettres racon- tant la vie dans les tranchées, les rats, l’insalubrité…” Des recherches qui ont aussi permis de découvrir les destins de familles brisées. La famille Michel par exemple, des cul- tivateurs du village qui ne verront jamais revenir du front leurs deux fils Pierre et Joseph. Même drame pour les André dont les deux garçons Féli- cien et Marcel sont tombés sous le feu ennemi à quelques jours d’intervalle en septembre 1914. Ils vivront le reste du conflit avec la peur de perdre Léon, leur troisième filsmobilisé qui heureuse- ment reviendra à Vuillecin. Ailleurs dans le Haut-Doubs, le des- tin a été plus cruel encore pour une famille de Maîche qui a eu la douleur de voir le maire venir frapper quatre fois à sa porte avec le même message. Antoine, Francis, Henri et Louis, les quatre frères Piquerez ne reviendront pas de la guerre, morts pour la France loin de chez eux en 1915.

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Le courrier, un lien avec la vie Dessoubre Un auteur du Haut-Doubs Entre deux offensives, les soldats devaient occuper leur temps dans des tranchées insalubres et des conditions souvent inhumaines. Pour garder le moral des troupes, la correspondance était essentielle. Sous contrôle des autorités, un vaste réseau de marraines de guerre va même se mettre en place.

tis défendre la Patrie, des bénévoles la mettent à l’honneur à Goumois, Morteau, Frasne, Pontar- lier ou encore Vuillecin. Des recherches ont par exemple dans ce dernier village permis de retracer leur quotidien comme l’ex- plique Frédéric Delgran- di : “Nous avons fait un inventaire des soldats inscrits sur les monuments aux morts de la commu-

La famille Michel par exemple.

C e lien par lettres interpo- sées va s’avérer un formi- dable élan de solidarité de l’arrière en direction du front. Essentiel pour le moral des soldats qui en plus de recevoir des nouvelles et des encouragements avaient parfois le plaisir d’avoir dans leurs colis quelques vivres et vêtements propres. Ces correspon- dances, capitales à l’époque, le sont aussi depuis des années pour ser- vir de témoignages directs et réels que des descendants de soldats n’hé-

En préface de son livre dédié à André Tanquerel, Dominique Carrier s’adresse aux générations futures : “Puissent-ils en lisant cette histoire vraie mieux chérir les temps de paix, en vivre pleinement chaque instant et ne jamais, jamais, les prendre pour acquis.”

sitent pas à nous livrer. C’est le cas de Domi- nique Carrier, installée à Vauclusotte qui dans un livre “On prend nos cris de détresse pour des éclats de rire” (Édi- tions L’Harmattan) rela- te les échanges épisto- laires entre son arrière-grand-mère Madeleine,marraine de guerre d’un jeune hom- me qui fut locataire dans samaison et aurait pu devenir son gendre, André Tanquerel. Plus de 200 lettres en deux ans instaurant un

“C’est affreux, affreux. Au-delà de tout.”

Les deux frères André de Vuillecin ne eviendront jamais de cette guerre.

dialogue régulier avec parfois une révolte qui apparaissait : “Je peux me plaindre un peu après six mois de front ! J’ai fait mon devoir com- me un autre ! Mieux vaut une bal- le entre les deux yeux que les souf- frances physiques et par-dessus le

marché les gifles morales” écrivait AndréTanquerel en septembre 1915. Puis au fil du temps, il va dénoncer les embusqués et les profiteurs de guerre, écœuré du contraste entre ceux qui tombent autour de lui un par un et ceux qui pour diverses rai- sons échappent à la mobilisation. “Nous ne savons plus pour qui nous nous battons, ni pourquoi… C’est affreux, affreux. Au-delà de tout” lance-t-il dans un ultime cri de déses- poir où pointe aussi son incompré- hension pour l’attitude des gens de l’arrière qui ne semblent pas croi- re ce qu’ils vivent au quotidien. D’où cette phrase terrible résumant ce qui le fait souffrir, de penser que “On prend nos cris de détresse pour des éclats de rire.” Début novembre 1916,André va ces- ser d’écrire et de répondre. Sa mar- raine Madeleine pense d’abord que le jeune homme est en première ligne et ne peut écrire. Puis l’in- quiétude vient et elle écrit au capi- taine et à André une dernière lettre disant que s’il est trop blessé pour écrire, il n’a qu’à renvoyer l'enve- loppe toute prête…Mais cette lettre et celles envoyées après la mort d’André reviennent non ouvertes avec lamention tant redoutée :“Mort pour la France.”

Zoom L’agenda local du centenaire

PONTARLIER “La vie au front (1914-1918) témoignages écrits et photographiques” Cette exposition donne la parole aux Poilus du Haut-Doubs. Emportés dans un des conflits les plus dévastateurs du XX ème siècle, ils racontent au fil de lettres, cartes postales, carnets, leur quotidien, leur ressenti. Ces documents inédits ont été collectés auprès de par- ticuliers et n’ont jamais été présentés à ce jour. Labellisée “Centenaire 1914- 1918”, cette exposition présente égale- ment de nombreux objets fabriqués dans les tranchées, des photos de la vie des troupes en campagne… Salle annexe des Annonciades

VALLƒE DU DRUGEON Une souscription sera lancée en septem- bre pour l’édition d'un ouvrage intitulé “De la vallée du Drugeon aux tranchées. Mémoire de 14-18” dont la parution est prévue début novembre 2014. Une expo- sition de photographies, documents, matériel, dessins d’enfants du R.P.I. se tiendra à la Maison du Temps Libre de La Rivière-Drugeon du samedi 8 au jeu- di 13 novembre. Enfin, une conférence de l’auteur franc-comtois Guy-Louis Anguenot “Du front à la ferme” aura lieu à la salle des fêtes de Bouverans le lun- di 10 novembre à 20 heures.

BESANÇON “Tous mobilisés” aux Archives Départe- mentales. Jusqu’au 18 décembre, décou- vrez la vie au front et à l’arrière pendant la Grande Guerre. À travers mannequins équipés et armés de pied en cap, objets de la vie quoti- dienne dans les tranchées ou à Besançon, documents et cartes postales, l’exposition vous fait revivre l’ambiance de ces années, du combat à l’ennui, du front à l’arrière. Archives Départementales, rue Marc-Bloch. Contact : 03 81 25 88 00 ou archives.doubs.fr

PONTARLIER Lecture-spectacle

La troupe du Théâtre de la Clairière lira et mettra en scène la correspondance envoyée par Émile Faivre (1889-1916) à sa famille depuis samobilisation jusqu’à sa mort au combat. Théâtre du Lavoir jeudi 16 octobre - 20 h 30 Entrée gratuite

du 9 au 28 octobre 2014, de 14 heures à 18 heures, entrée gratuite

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