La Presse Pontissalienne 178 - Août 2014

La Presse Pontissalienne n° 178 - Août 2014

7

La réforme du côté de ceux qui l’organisent Familles rurales Pas forcément plus d’embauches Familles rurales intervient dans 40 villages dont plusieurs dans le Haut-Doubs comme Métabief ou Mouthe. Prête pour la rentrée, même si elle doit encore procéder à des recrute- ments ou à du redéploiement de personnel, l’association est réservée quant à la mise en œuvre de la réforme qui coûtera plus cher aux collectivités. Explications du directeur.

P our “Familles rurales”, la fin d’année scolaire fut un véri- table contre-la-montre. De rendez-vous en assemblées, les représentants de cette association n’ont pas ménagé leur peine courant juin pour répondre aux communes engagées dans la réforme des rythmes scolaires. “Sur les 40 sites dans le Doubs où nous intervenons, nous avons trouvé un équilibre entre l’enfant, la famille, la mairie…Mais il reste enco- re des ajustements à faire d’ici la ren- trée de septembre. Il n’y a toutefois pas d’indicateur au rouge, c’est-à-dire un site qui se retrouvait sans animateur” rassure Gil Grosperrin, directeur de Familles rurales, association recon- nue d’utilité publique. De Métabief à Mouthe en passant par Arçon, Remoray-Boujeons ou Les Gran- ge-Narboz, l’association a rencontré toutes les municipalités et les asso- ciations de parents d’élèves pour éta- blir les horaires de cours et les ani- mations avec lesquelles elle collabore. “Il a fallu également expliquer aux équipes municipales fraîchement élues” ,

note le directeur qui ne cache pas que la réforme “coûtera plus cher aux col- lectivités.” Elle coûtera en moyenne (pour Familles rurales) entre 1,50 et 2,50 euros de l’heure. “Dans la majeu- re partie des cas, nous étendons les accueils. Là où on prenait en charge les enfants à 16 h 30, nous les pren- drons à 15 h 45.” Ce n’est donc pas une révolution pour l’association. For-

recrutements. Mais aujourd’hui, la loi nous impose que tout contrat de tra- vail ne doit pas faire moins de 24 heures. Nous avons surtout besoin de person- nel le midi” dit-il. L’association a engagé avec ses sala- riés des démarches de professionna- lisation en les formant au B.A.F.A. (brevet d’animateur) en partenariat avec la Roche du Trésor (Pierrefon- taine-les-Varans). Familles rurales a également répondu aux sollicitations de Pôle emploi qui offre la possibilité à des demandeurs d’emploi de se for- mer auxmétiers de l’animation. “Quatre personnes à Valdahon en ont par exemple bénéficié. Cela nous a permis d’anticiper la réforme.” Pas de manque de personnel en vue donc même s’il sera effectivement plus simple de trouver d’éventuels candi- dats dans les grandes villes. Cela devient également compliqué en fonc- tion des horaires. Ainsi, Mouthe accueille par exemple les enfants dès 6 h 30 alors que d’autres n’accueillent aucun enfant le matin. Cette réforme engendrera des inéga- lités : certaines ne bénéficient pas d’infrastructures de type gymnase.

Transport Quand le bus refuse de modifier son horaire Cʼ est à lʼécole et aux hommes de sʼadapter aux enfants dit la réfor- me. Mais est-ce toujours le cas avec le transport ? Dans le villa- ge de Fournets-Luisans, le ramassage le mercredi matin devait sʼopérer à 11 h 30. Or, le bus affrété par le Conseil général a stipulé quʼil ne pouvait assurer le ramassage quʼà 11 h 10. Le village a dû revoir sa copie. Le Conseil général qui déboursera environ 1,2 million dʼeuros pour les transports des enfants. En 2014, 122 structures (regroupements dʼécoles ou de R.P.I.) sont concernées par la mise en œuvre de cette réforme soit plus de 250 circuits impactés. Le transport devait normalement se dérou- ler à la fin du temps scolaire, avec des horaires fixes chaque jour de la semaine. “Certaines écoles ont choisi des horaires variables en fin de journée, annonce le C.G. La régularité des horaires quotidiens est nécessaire à la bon- ne réalisation des circuits. Aussi, dans la plupart des cas concernés, sauf excep- tions, seuls les horaires variables le vendredi après-midi ont pu être tolérés.” À ce jour, sur les 125 structures concernées, 109 structures ont fait le choix du mercredi matin et 16 le samedi matin. Sur ces 125 structures, 122 ont des horaires scolaires. “Seuls 3 cas posent problème par rapport aux contraintes des transports scolaires. Des discussions sont en cours.”

cément, cela a un coût. Les familles passeront à la caisse même si une tarification au quotient familial sera mise en place. Quid du recrutement ? “Nous ne doublerons pas nos effectifs. Nous allons augmenter le temps de travail des salariés en poste. Don- ner 3 heures de plus à des salariés, c’est du positif. Dans d’autres secteurs, il y aura des réaménagements d’emplois voire des

Un partenariat avec Pôle emploi.

Les Francas sur le pont Pontarlier La question du recrutement L’association d’éducation populaire qui s’occupe déjà des centres aérés pendant les vacances était sans doute la plus à même pour prendre en charge la gestion des rythmes scolaires sur Pontarlier.

dans le cadre des activités d’éveil. Des activités à caractère purement ludique. “On ne tient absolument pas à s’inscrire dans une obligation de résultats. C’est avant tout du loisir. On souhaite revenir à certaines bases ludiques en privilégiant par exemple les jeux de société. Les enfants ado- rent à partir du moment où ils jouent avec un animateur.” Le grand retour du Monopoly et du Cluedo. Mélanie des Francas, comme tout le monde la surnomme, applaudit le choix du samedi matin scolaire tout comme le quart d’heure de batte- ment supplémentaire lors de la pau- se méridienne. “Jusqu’à aujourd’hui, tous les enfants étaient rapatriés sur l’école Vauthier.Avec la nouvelle orga- nisation, la moitié d’entre eux reste- ront dans leur groupe avant de rejoindre la cantine. C’est plus de confort, moins de saturation pour les enfants et le personnel de service.”

C e n’est certainement pas un hasard si un seul organis- me a répondu à l’appel à projet lancé par la Ville de Pontarlier. Sans l’expérience du ter- rain et l’ancrage local, difficile de se risquer sur ce terrain miné qui sup- pose d’être en capacité de mobiliser du personnel diplômé sur des horaires particulièrement découpés. Les Fran- cas du Doubs offraient sans doute les meilleures garanties. “Ils amè- nent de la sécurité dans le disposi- tif” , apprécie Patrick Genre. L’encadrement des activités péri- scolaires va mobiliser une cinquan- taine d’animateurs et d’agents de la Ville. D’aucuns craignaient les pires difficultés à recruter le personnel adéquat. L’affaire semble plutôt bien engagée au niveau des Francas. “On a d’abord sollicité en interne des ani- mateurs qui intervenaient chez nous de façon très sporadique. Beaucoup ont répondu favorablement. Les rythmes scolaires leur offrent la pos- sibilité de conforter leur temps de travail. Certains animateurs vont prendre du galon” , indique Mélanie

qui coordonne le dossier au niveau des Francas. L’association emploie déjà 23 ani- mateurs sur le périscolaire et les centres aérés. Avec le nouveau dis- positif, elle embauche six directeurs sur les six groupes scolaires de Pon- tarlier, ainsi qu’un adjoint pour prê- ter main-forte à la coordinatrice. “Le seul souci de recrutement concerne peut-être le poste de secrétaire en contrat aidé.” Quelques clubs spor- tifs et associations culturelles de la ville ont fait savoir qu’ils étaient prêts à faire quelques prestations

“Ce quart d’heure

supplémentaire à midi, c’est du bonheur”, apprécie Méla- nie des Francas ici au milieu des

Gil Grosperrin, directeur de Familles rurales, dispose d’équipes d’animateurs qui interviennent dans 40 communes du Doubs.

enfants du centre aéré Vauthier.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online