La Presse Pontissalienne 178 - Août 2014

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 178 - Août 2014

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Balnéo fermée au Grandvallier : colère des salariés SANTÉ Une activité en moins Depuis décembre, les patients du centre

psychiatrique du Grandvallier sont privés des soins en balnéothérapie. La direction avance une raison financière et une faible occupation, ce que réfute le collectif de salariés.

“A ujourd’hui dans notre bas- sin, on n’y trouve plus d’envies, d’espoirs, de vie… Juste le vide” se résigne Ingrid Rant, psychologue au centre psychiatrique du Grandvallier. Porte- parole des salariés, elle dénonce la fer- meture du centre de balnéothérapie depuis décembre dernier et surtout les arguments avancés par la direction. Cet espace coûterait trop cher (envi- ron 13 000 euros pour l’entretien par un plombier) selon elle et les patients pas assez nombreux. Deux arguments cassés par le collectif qui s’est créé. Il regroupe de nombreux salariés : “On a demandé beaucoup d’efforts avec des suppressions de postes. On est à l’équilibre financièrement… et on nous demande de fermer pour 13 000 euros !” s’indigne Annie Bouilleret, du syndi- cat Sud. La balnéothérapie a pourtant une longue histoire à Pontarlier. Elle avait été pensée bien avant d’arriver auGrandvallier, “àVillers-le-Lac notam- ment” se souvient la syndicaliste. Depuis très longtemps en psychiatrie, les qualités porteuses, transforma- trices, révélatrices de l’eau, ont un effet sur les patients, notamment sur ceux victimes de crise. Avant de bénéficier

d’un bassin au sein du service en 1998, le personnel conduisait des patients à la piscine. “Ce n’était pas toujours simple (les trajets, l’état des patients, le regard du public, l’absence de matériel spéci- fique, l’incompréhension des maîtres- nageurs face à certaines techniques de soin, la température trop froide de l’eau). Nous ne pouvions emmener tout le mon- de, seules les personnes stabilisées en bénéficiaient de manière discontinue” rapporte la psychologue qui a décidé de donner sa lettre de démission.

La direction évoque le coût de fonctionnement F ermer définitivement la balnéothérapie est “une hypothèse” explique la direction de lʼétablissement qui dit ne pas avoir pris de décision défini- tive. Pour autant, difficile de croire que lʼhôpital remette cette activité en fonctionnement, elle qui juge le coût “trop élevé. Cʼest environ 13 000 euros de coût de fonctionnement en analyse dʼeau, entretien. Nous avons sollicité un pisciniste pour un devis. En dessous de 13 000 euros, il ne peut pas faire” témoigne un responsable de lʼhôpital. Le Grandvallier dit avoir réfléchi à un plan B : envoyer les patients en balnéo- thérapie à Salins-les-Bains ou à la piscine des Fins. Autre motif invoqué pour la fermeture : le faible nombre de patients lʼutilisant (ce que réfutent les sala- riés). “Le fond de la piscine était sombre. Certains patients ne sentaient pas bien : il aurait fallu changer le liner” dit lʼétablissement. La direction annonce quʼelle proposera dʼautres formes de prise en charge thérapeutique. Elle nʼa toutefois pas précisé la nature de ces activités.

La balnéothérapie est fermée depuis décembre.

“Ce lieu a contribué à ma guérison.”

Réputée parent pauvre de la santé, la psychia- trie confirme cette répu- tation au grand dam des patients et des salariés. Le collectif veut conti- nuer le combat : “Depuis la fermeture, nous cher- chons activement des moyens permettant la réouverture du bassin, pour nous réautoriser à offrir cet espace intermé- diaire, cet ailleurs qui a permis à nombre de per- sonnes en grande souf- france psychique de

s’apaiser.” Mais force est de constater qu’un contre-la-montre est engagé : à sec, les bassins se détériorent. Le per- sonnel est inquiet. Il se console lors- qu’ils reçoivent des témoignages de patients. Ce fut le cas de Christine Fre- nois. Après avoir été informée de l’avenir du Grandvallier, elle a tenu à témoi- gner : “Ce lieu a contribué à ma gué- rison, j’y trouvais de la détente. C’est l’un des meilleurs soins que j’ai connus, pour moi et d’autres. Ne fermez pas cet- te balnéothérapie.” Pas sûr que la direc- tion de l’établissement l’entende… E.Ch

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