La Presse Pontissalienne 178 - Août 2014

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n° 178 - Août 2014

ENQUÊTE

Analyse de l’I.N.S.E.E. de 2006 à 2011 La Franche-Comté a perdu 7 400 emplois en cinq ans

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

Le poids de l’industrie dans l’économie rend vulnérable la Franche-Comté dans un contexte de crise. Les créations d’emploi dans le tertiaire ne suffisent pas à compenser les pertes dans l’industrie.

urbaine de Besançon (il y en a 450 000 en Franche-Comté). La situation est plus alarman- te à Montbéliard qui affiche un déficit net d’emploi. Entre 2006 et 2011, elle a perdu 5 400 emplois dans l’industrie qui n’ont pas été compensés par les créa- tions d’emplois dans le tertiai- re qui sont d’un peu plus de 1 000. En Franche-Comté deux autres aires ressentent durement la crise : celles de Saint-Claude et de Saint-Lupicin. La situation s’est fortement dégradée dans ces deux territoires. “Ces aires conjuguent tout : le déclin démo- graphique (- 9,1 % de popula- tion entre 2006 et 2011 pour Saint-Claude), et le choc de la crise dans l’industrie” remarque Patrick Pétour. En cinq ans l’emploi a reculé de 25,2 % dans l’industrie à Saint-Claude. Il baisse dans le même temps de 28,5 % dans le commerce. “Seul le secteur administration publique, enseignement, santé, action sociale, gagne de l’emploi” observe l’I.N.S.E.E. Au final, l’emploi recule de 14,2 % dans la petite ville du Jura, et le chô- mage chez les actifs âgés de 25 à 54 ans passe de 10,8 % en 2006 à 13 % en 2011 ! “Morez, Saint- Lupicin, Saint-Loup-sur-Semou- se, ces trois petites aires urbaines qui sont les plus touchées par la

baisse de l’emploi, sont aussi les plus industrielles de la région. Elles ne peuvent pas titrer pro- fit de leur entourage, étant toutes trois “isolées” géographiquement ou à proximité d’autres aires perdant des emplois.” Dans ces trois zones, le chômage des rési- dents augmente plus rapide- ment qu’ailleurs, et la situation dégradée de l’emploi s’accompagne également d’une baisse importante de la popu- lation active s’échelonnant de - 7,2 % à Saint-Lupicin à - 12,3 % à Saint-Loup-sur-Semouse. T.C. Repères Les trois catégories d’aires urbaines Grandes aires : plus de 10 000 emplois Moyennes aires : de 5 000 à 10 000 emplois Petites aires : de 1 500 à 5 000 emplois

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L’ I.N.S.E.E. a mesuré les effets de la crise en Franche-Comté. Dans une récente étude, l’Institut National de la Statis- tique observe que notre région résiste moins bien que d’autres dans cette conjoncture dégra- dée. La sensibilité de ce terri- toire est liée au poids de l’industrie dans son économie, le plus élevé des régions de Fran- ce, et fragilisé dans le contexte actuel. Entre 2006 et 2011, 7 400 emplois ont été détruits en Franche-Comté. Sur la même période, “le nombre de personnes se déclarant en emploi recule d’1,6 % dans la région tandis qu’il augmente en France d’1,9%. La hausse du chômage est deux fois plus forte qu’au niveau natio- nal. Elle passe de 8,1 %à 10,1 %” remarque Patrick Pétour, direc- teur régional de l’I.N.S.E.E. La progression du secteur tertiai- re n’a pas suffi à compenser les pertes enregistrées dans

l’industrie. Mais ce constat n’est pas homo- gène sur l’ensemble du terri- toire franc-comtois. D’un pôle d’emploi à l’autre (l’I.N.S.E.E. en identifie 25) la situation est très différente. Il apparaît que les grandes aires urbaines com- me Besançon résistent mieux à la crise car leur économie n’est pas tournée vers l’industrie (sa part est de 14 % dans la capi-

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tale régionale). “Besançon a un caractère très ter- tiaire. Même s’il y a des pertes d’emploi dans l’industrie, elles sont compensées par une progression observée dans les autres secteurs d’activité” poursuit AudreyMirault, chef de projet, qui a contribué à cette étude. 104 000 per- sonnes sont en emploi sur l’aire

Saint- Claude,

la grande perdante.

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TENDANCE 14 000 emplois sur l’aire urbaine Pontarlier tire son épingle du jeu Ce n’est pas grâce à l’industrie que l’aire urbaine de Pontarlier garde le cap de la croissance. Elle doit son salut à la Suisse, pourvoyeuse d’emplois qui, par ricochet, génère de l’activité en France, en particulier dans le tertiaire.

Patrick Pétour, directeur régional de l’I.N.S.E.E. et Audrey Mirault, chef de projet.

T outes les aires urbaines franc-comtoises ne sont pas égales devant la crise. Elles sont quelques-unes à tirer leur épingle du jeu comme Lure, Ornans, Arbois, Maîche, ouValdahon. C’est le cas aussi de l’aire de Pontarlier qui a vu sa courbe d’emploi aug- menter légèrement de 2006 à 2011 (+ 0,7 %). Mais la source de cette croissance n’est pas l’industrie qui est présente (17 % d’emplois) sur ce territoire. “Il y a surtout une offre de ter- tiaire importante et qui progresse. Le dyna- misme de la construction profite à Pontarlier.

grâce au travail frontalier. La part des actifs de 25-54 ans se déclarant au chômage lors du recensement reste la plus faible des grandes aires urbaines régionales (8,3 % en 2011)” indique l’I.N.S.E.E. Le contexte est favorable également pour les aires de Maîche et de Valdahon. L’emploi pro- gresse dans la première “en lien avec la crois- sance de la population et celle du travail fron- talier.” L’I.N.S.E.E. note une hausse de la population active tandis que le chômage dimi- nue. À Maîche, “la part des chômeurs parmi les actifs de 25-54 ans est la plus faible de la région s’établissant à 6,4 %.” Même constat pour l’aire de Valdahon où la population acti- ve de 25-54 ans augmente de 13,5 % de 2006 à 2011. Une tranche d’âge pour laquelle la part de chômeurs diminue. “Le taux d’activité des 25-54 ans, en particulier celui des femmes, affiche la plus forte progression parmi les petites aires. Grâce aux augmentations du contingent militaire, l’emploi du secteur “administration publique, enseignement, santé, action sociale” progresse et compense les pertes observées dans les autres secteurs d’activité.” En revanche, le principe des vases communi- cants fonctionne moins bien à Morteau, une ville pourtant située à deux pas de la frontiè- re. Sur cette aire, 300 emplois industriels ont été détruits en cinq ans, alors que le secteur tertiaire n’en a créé qu’une centaine. La crois- sance du second ne suffit pas à compenser les pertes du premier.

Repères Principale évolution dans les grandes aires urbaines régionales de 2006 à 2011 (Source I.N.S.E.E.) Évolution Part de Part du Évolution Évolution Évolution nombre lʼindustrie tertiaire de la de la part des dʼemplois en 2011 en 2011 population population chômeurs (en %) (%) (%) 25-54 ans active parmi actifs (%) 25-54 ans 25-54 ans (%) (en point) Besançon + 1,1 13,5 79,5 - 0,9 + 0,2 + 1,5 Montbéliard - 6,0 33,5 59,5 - 4,6 - 3,9 + 1,1 Belfort 0,0 14,7 78,9 - 2,0 - 1,5 + 1,8 Dole - 0,6 20,6 69,5 - 1,1 + 0,4 + 1,2 Vesoul - 1,2 17,5 74,7 - 3,3 - 2,8 + 1,4 Lons-le-Saunier + 0,5 15,0 73,9 - 3,3 - 2,8 + 1,4 Pontarlier + 0,8 14,3 76,2 - 1,9 - 0,5 + 1,1

Cette aire a gagné de l’emploi et de la population active” argumente Patrick Pétour, directeur régional de l’I.N.S.E.E. Ce secteur frontalier doit en gran- de partie son salut à la prospéri- té économique de la Suisse qui, par ricochet, nourrit le dynamis- me démographique duHaut-Doubs où résident la main-d’œuvre fron- talière. Ce n’est pas un hasard si l’aire urbaine de Pontarlier est attractive pour les hommes âgés de 25 à 54 ans. “Le noyau dur (25- 54 ans) de la population active progresse ainsi de 2,7 % dans cet- te aire. La part des ouvriers dans l’emploi total, déjà particulière- ment élevée (35 % en 2006, la plus élevée des grandes aires de la région après Montbéliard), se maintient

“Population active progresse

ainsi de 2,7 %.”

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