La Presse Pontissalienne 178 - Août 2014

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

La Presse Pontissalienne n° 178 - Août 2014

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touristes venus d’Alsace. Car pour ceux qui l’ignorent, la République du Saugeais est un lieu à part. Depuis 1982 et les 24 heures des neiges, les représentants de la République (qui n’en a que le nom) ont installé une douane volante… et fictive. Quiconque s’introduit sur ce territoire de 12 800 hectares (11 communes) dont le chef- lieu est Montbenoît doit avoir un lais- sez-passer signé de la présidente, Geor- gette Bertin-Pourchet. En 2014, la tradition perdure grâce notamment à trois hommes : Gérard Jeannier (le douanier), Jacques Vuillemin (douanier chef - aujourd’hui au repos après un souci de santé) et Louis Perrey (secrétaire général). Ils font vivre le folklore qui devient presque réel. Sur demande de l’Office de Tourisme, ils contrôlent les bus de vacanciers venus dans le Haut-Doubs. “À l’année, on fait environ 100 contrôles de douane” calcule le secrétaire général (bénévole). Un vrai travail qui se passe souvent de la même façon : seul le chauffeur du bus et un accompagna- teur sont au courant du contrôle. Les passagers ne le sont pas. Immobilisé sur une place de parking, le bus est ensuite inspecté par “Gégé”, le douanier, durant 20 minutes environ. “Avez-vous des armes à déclarer ? De la drogue ? De l’alcool ?” demande-t-il. Les pas- sagers, médusés, ne comprennent pas toujours mais obtempèrent lorsqu’il faut sortir les cartes d’identité. La vue de l’uniforme fait son effet ! “La carte Vitale, ça ne marche pas chez nous, seulement la carte d’identité” lâche le douanier. Le contrôle vire rapidement dans la bonne humeur. Les passagers rigolent même s’il est arrivé, parfois, que cela dérape : “On a déjà vu des gens pleur- er parce qu’ils n’avaient pas leur carte d’identité. Alors on n’en rajoute pas”

LA LONGEVILLE Folklore Le Saugeais et

ses douaniers culottés 22 bus arrêtés en juin et autant de contrôles prévus en sep- tembre… Les frontières de la République du Saugeais ne sont pas des passoires. Les représentants veillent à leur République et à ses traditions. Et cela donne lieu à des situations cocasses.

A u carrefour de La Longeville et deVille-du-Pont,“Gégé” avec son képi vissé sur la tête et son habit de douanier - pas toujours bien repassé - interpelle les automobilistes de passage qui freinent à la vue de l’uniforme. Les voitures du

“cru” qui passent actionnent le klax- on pour dire bonjour. “Tiens, celui-là, je ne le connais pas” s’amuse Gérard Jeannier installé devant la pancarte “douane”. Il est en poste pour une mission bien spéciale : il doit contrôler un bus de

“Est-ce de l’alcool ?” demande le douanier.

dit Louis. D’autres situations ont viré au cocasse : “La semaine dernière, je me suis trompé de bus à contrôler… On a contrôlé un bus scolaire” dit Gégé qui en rigole encore. Autre anecdote qui a créé un véritable incident diplo- matique remonte à une vingtaine d’années. Gabrielle

administrations ne communiquent plus avec cette “République”. “Heureuse- ment, il a été muté ensuite” s’amuse Louis le Saugeais. Après un léger repos cet été, les con- trôles reprennent en septembre. La République a encore de beaux jours devant elle. Un bémol : la succession des douaniers. “Cela prend du temps d’autant que les bus n’arrivent pas toujours à l’heure. Il faut être au moins retraité” conclut Louis, toujours prêt à délivrer les laissez-passer, seul papi- er pour accéder au Saugeais qui pos- sède 411 ambassadeurs dans le monde. Prochaine grande date de la République et de son drapeau noir jeune et rouge (que les Belges et Allemands ont copié) : la fête nationale le premier week-end d’octobre.À l’inverse des voisins français, la présidente jouit d’une excellente cote de popularité… E.Ch.

Pourchet était alors prési- dente : “J’ai demandé au préfet de l’époque son lais- sez-passer alors qu’il venait à une réunion du comité du ski. Il y avait beaucoup d’officiels. Je ne savais pas que c’était le préfet…” se remémore Gérard. Le représentant de l’État - qui visiblement ne connaissait pas la subtilité saugette - n’a pas aimé… Il a fait demi-tour et a ensuite demandé que toutes les

Quel avenir pour ce folklore ?

Louis Perrey (au centre), secrétaire général de la République délivre un laissez-passer à une jeune Allemande venue en vacances dans une famille saugette.

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