La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014

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LA CHAUX-DE-GILLEY Un terroir aux 144 plantes Au comté bio depuis 40 ans Il ne reste plus que trois coopératives fromagères bio dans le Doubs dont celle de La Chaux qui s’était convertie en 1974 et cherche aujourd’hui de nouveaux sociétaires.

L a fruitière de La Chaux- de-Gilley est prête à accueillir de nouveaux producteurs car elle ne peut pas répondre à la deman- de. La situation n’a pas tou- jours été aussi euphorique. “Au départ, on a répondu à une demande des fromageries Peti- te qui cherchaient des ateliers en bio” , se souvient Bernard Jacquet qui était président à l’époque de cette conversion. 19 fermes livraient alors leur lait dans la coop installée dans le bâtiment de la mairie. Avec six comtés par jour et deux en hiver, on était loin de la pro- duction actuelle. “On en fabrique 21 en été et 13 à 14 en hiver” , actualise Georges Brantut qui a succédé à Bernard Jacquet en 1999. Deux présidents en 40 ans.À croire que le bio récon- cilie les hommes. Des hommes qui n’ont pas hési- té à prendre des risques en 1998 quand il fut question d’investir dans la construction d’une nouvelle fromagerie. Une question de mise aux normes comme souvent. “Ce projet était assez ambitieux pour une peti- te coop. Les producteurs ont dû

peler Georges Brantut. La coopérative bio de La Chaux travaille 2,2 millions de litres de lait transformés pour l’essentiel en comté commer- cialisé par le biais de l’U.C.A.F.T. et des fromageries Petite. 10 % de la production est valorisé sur place en comté de garde, morbier et fromage à raclette. Sans oublier le P’tit bio, une pâte molle faite maison. À la différence de la plupart des coopératives fromagères, celle de La Chaux-de-Gilley ne pra- tique pas la politique du prix différentiel. “Tout est mutua- lisé. On fonctionne sur le prin- cipe d’un prix unitaire et soli- daire.” Le bio a ses propres valeurs. L’atelier de La Chaux emploie un fromager, son aide et une vendeuse. Il collabore aussi avec les fruitières de Lièvre- mont village et des Jarrons. “On est aussi en groupement d’employeur avec les fruitières de Lièvremont-village et des Jarrons. Ce qui nous permet d’embaucher deux chauffeurs pour le ramassage et un fro- mager remplaçant qui tourne sur les trois coops” , indique Oli-

faire des sacrifices financiers sur le prix du lait pour réali- ser le bâtiment.” La fruitière rassemble aujourd’hui neuf sociétaires dont quatre G.A.E.C. Des pionniers de 1974, il res- te encore cinq fermes exploi- tées depuis par les enfants voi- re les petits-enfants. Comme chez les Bez par exemple où Roger a transmis le flambeau à son fils Claude qui a fait de même avec ses deux garçons Martial et Jérôme. D’autres

producteurs des Alliés, de Fournets- Luisans et d’Orchamps- Vennes ont rejoint l’une des dernières coopératives à com- té bio du départe- ment avec celles de Chapelle-des-Bois et de Cerneux- Monnot. “On a tra- versé des crises de mévente assez sévères qui pénali- saient parfois assez lourdement les jeunes en cours d’installation” , n’oublie pas de rap-

“On manque e comté bio.”

Sur les pionniers de l’aventure bio en 1974, il reste encore cinq fermes qui sont aujourd’hui exploitées par les enfants ou les petits-enfants.

vier Bolle-Reddat qui préside ce groupement. Les sacrifices du passé n’ont pas été vains. Ils sont généra- teurs d’emplois locaux et d’activité économique. “On manque de comté bio , déplore presque Georges Brantut. On a l’outil et les commandes pour travailler trois millions de litres

qu’en zone d’alpage exemptée d’engrais chimiques et de pes- ticides. “Les contraintes du bio nous empêchent par exemple de faire des coupes d’herbes pré- coces. Du coup, cela laisse le temps d’éclore aux plantes tar- dives qui contribuent à la riches- se du terroir.” F.C.

de lait. Si des producteurs frap- pent à la porte on les prend tout de suite.” Le bio rassure. C’est un gage de qualité du produit indéniable. La palette aroma- tique de la fromagerie identi- fie 146 plantes dont 24 aro- matiques. Cette impressionnante diversité flo- ristique ne se retrouve guère

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