La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014

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FOOTBALL L’ancien sochalien témoigne Michaël Isabey : “Un monument peut s’effondrer, mais je reste optimiste” Le footballeur natif de Goux-les-Usiers fut l’un des artisans de la remontée du club de Sochaux en Ligue 1 grâce au but libérateur qu’il avait inscrit lors de la dernière journée. C’était en 1998. 16 ans plus tard, le F.C. Sochaux-Montbéliard replonge. Pire, P.S.A. vend le club. Danger ?

Michaël Isabey, retraité du football professionnel, est directeur sportif du Racing Besançon. Il a passé 12 ans au F.C. Sochaux, club relégué en L2.

Son palmarès 2013 : Vainqueur du Cham- pionnat de L.R. 2 Ligue de Franche-Comté avec le Racing Besançon. 2007 : Vainqueur de la Coupe de France (ne joue pas la fina- le). 2004 : Vainqueur de la Coupe de la Ligue. 2003 : Finaliste de la Coupe de la Ligue. Il joue lʼU.E.F.A. 2001 : Champion de France de D2. Il inscrit le but de la mon- tée. Premier match en D1 à Nan- cy le 8 août 1998 avec Sochaux : 1-1.

L a Presse Pontissalienne :Com- mençons par l’actualité : lorsque le Peugeot-Citroën a annoncé fin mai sa volonté de se séparer du Football-club de Sochaux-Montbéliard, avez-vous été surpris alors que le club est rétrogra- dé en Ligue 2 la saison prochaine ? Michaël Isabey : Effectivement, ce fut une surprise car l’histoire de l’usine est intimement liée à l’histoire du club. L’un ne va pas sans l’autre. Après la reléga- tion, c’est un deuxième coup qui fait mal, un coup difficile à accep- ter. Mais cette décision est indé- pendante de la descente. Elle est la conséquence de la conjonc- ture économique.

mais je reste optimiste. La for- ce du F.C.S.M. est son centre de formation. Il y aura forcément des conséquences sur l’emploi : 120 salariés travaillent au club. Il y aura des postes supprimés. L.P.P. : Sportivement, vous avez connu la Ligue 2 puis la montée. Un conseil ? M.I. : Il faudra faire preuve de patience. Je ne dis pas qu’il sera impossible de jouer la montée dès l’année prochaine mais il faut que le club trouve rapide- ment un nouvel entraîneur, qu’il aille vite dans le recrutement. L.P.P. : Vous êtes désormais le direc- teur sportif du Racing Besançon, club qui accède au C.F.A. 2 (5ème division). Allez-vous imaginer une collaboration

jaune et bleu, aviez-vous conscience d’appartenir à la famille Peugeot, outre le fait que la société vous prêtait une voiture et vous obligeait à vous rendre au stade avec ? M.I. : Sochaux et Peugeot, c’est une ambiance générale. Le sta- de est collé à l’usine. C’est une mentalité, un état d’esprit. En tant que professionnel, je me suis toujours attaché à rendre le meilleur état d’esprit comme le font les ouvriers. L.P.P. : Le départ de l’actionnaire son- ne-t-il la fin du club ? Y aura-t-il des conséquences pour les salariés à votre avis et pour l’économie plus généra- lement ? M.I. : C’est une cassure et un monument qui peut s’effondrer

avec le F.C. Sochaux ? M.I. : Nous avons signé récem- ment une convention de parte- nariat avec Sochaux qui per- mettra d’entretenir de bons rapports. Cela se traduira par un échange professionnel. Dans les deux cas, les deux clubs y trouveront leurs comptes. Cela se traduira par une journée de découverte, le suivi de nos joueurs, l’envoi de nos éduca- teurs en formation. Nous pré- férons que nos “bons” joueurs de Besançon aillent au centre de formation de Sochaux plutôt qu’à Bordeaux ou Rennes.

L.P.P. : Pour conclure, donnez-nous votre meilleur et pire souvenir vécu avec votre club de cœur ? M.I. : Le meilleur : avoir passé 12 années là-bas, avoir gagné des titres (Coupe de France, de la Ligue), mon premier but chez les pros à Bonal. Le pire : avoir été écarté de la finale de la Cou- pe par l’entraîneur Alain Per- rin et être obligé de quitter le club en 2009 (en fin de contrat, il rejoint Dijon). J’ai beaucoup appris avec Jean Fernandez, Hadzibezic, Jacky Nardin ou Guy Lacombe qui m’ont permis d’éclore. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.P. : Lorsque vous portiez le maillot

Le théâtre pour sensibiliser au burn out agricole LEVIER Finale à Paris

Avec leur spectacle “Avec le temps, attention paysan”, les élèves en première année Bac Pro C.G.E.A. du lycée agricole ont remporté la finale nationale du “trophée Prévention Jeunes M.S.A.” Les limites de la passion.

D ans tout agriculteur sommeille peut-être un comédien en herbe à voir avec quelle facili- té ces élèves qui pour la plupart sont issus du monde paysan se prennent au jeu théâtral. Pas- sé le temps des premières repré- sentations et les complexes se sont vite envolés. Le naturel, l’insouciance prennent le des- sus et le plus angoissé, c’est fina- lement le prof. “La classe Bac Pro C.G.E.A. s’est inscrite en sep- tembre au trophée prévention jeune M.S.A. Ces futurs agri- culteurs ont choisi de concourir dans la catégorie des risques psycho-sociaux en optant pour le thème délicat du burn-out, le “pétage de plombs” , précise Jean- Pierre Gurtner, l’enseignant qui les accompagne dans ce projet. Avant de songer à écrire le spec- tacle, chacun s’est familiarisé avec le stress, les tensions, le mal-être dans le monde agrico- le. Le burn out toucherait 24 % de la profession contre 20 % chez les cadres. “Ils ont d’abord enquê- té dans leur entourage familial. Puis ils ont rencontré des étu- diants en B.T.S. qui ont réalisé

un travail sur les loisirs des jeunes agriculteurs. 40 % pren- draient une semaine de vacances et 25% seulement s’accorderaient quinze jours de congés. Ce qui signifie que les trois quarts ne décrocheraient pratiquement jamais.” Le travail prend beaucoup de place dans la vie des agricul- teurs. Sur 102 heures de vie active par semaine, ils passent 66 heures au boulot, 28 heures en famille, 4 heures en réunion et s’accordent seulement 4 heures en temps personnel.

spectacle s’inspire forcément de ce travail d’approche. Il s’articule autour de la comparaison entre le bout-à-cul du trayeur qui repo- se sur un pied : la seule passion de l’agriculture et le fauteuil bien stable sur quatre pieds entre le travail, la famille, la vie col- lective et le temps personnel.” La pièce écrite et interprétée par une douzaine d’élèves dure une quinzaine de minutes et se pré- sente sous la forme de sketches. “C’est un travail en réflexion sur la vie future des élèves avec le souci d’être dans la prévention. On rappelle l’importance d’une vie bien équilibrée, les amis, l’entourage familial, les réunions, la formation, l’échange. Dans ce métier, c’est parfois risqué de jouer en solo” , estime Jean-Pier- re Gurtner. Les élèves multiplient les repré- sentations depuis quelques semaines. Leur intervention per- met souvent d’amorcer un dia- logue, un débat. Ils sont allés défendre les couleurs du lycée Lassalle le 20 mai à Paris lors de la finale nationale. Sans stress… Et avec une brillante victoire à la clé.

Et le volant dédié aux activités pro- fessionnelles monte jusqu’à 70 voire 80 heures en haute saison. Mieux vaut que le mental et la santé suivent à ce rythme-là. Et le stress peut vite s’amplifier face au poids des responsa- bilités comme leur a expliqué le docteur Jean-Jacques Laplante de la M.S.A. “Le sujet du

C’est parfois risqué de jouer en solo.

“En fait, c’est super de jouer. Ce travail nous a permis de resserrer les liens entre les élèves”, confient d’une même voix Ludivine et Loïc qui se sont prêtés au jeu de la comédie.

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