La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014

DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014

Dépenses Alimentation, hébergement, santé Vivre en Suisse : quel luxe ! Le coup du S.M.I.C. à 3 270 euros a fait le buzz médiatique mais reflète une réalité suisse particulièrement onéreuse au quotidien. Ne pas confondre salaire et coût de la vie.

V u de France ou d’un autre pays d’Europe, la volonté des syndicats suisses d’im- poser un S.M.I.C. à 4 000 francs bruts pouvait sembler démesurée, exagérée. Avec un taux de change à 0,82, ce salaire minimum fédéral représente environ 3 270 euros. Soit 2,26 S.M.I.C. bruts de chez nous, sachant qu’au 1er janvier 2014, sa valeur était de 1 445,38 euros. La comparaison s’arrête là au vu du coût de la vie helvétique. Le cliché du travailleur en grosse berline avec lux- ueuse habitation est possible seule- ment sous statut frontalier. Pas ques- tion d’aller vivre en Suisse, quelle que soit la longueur des bouchons. Rap- pelons d’abord que la durée de travail hebdomadaire n’est pas tout à fait la même chez nos voisins qui travaillent en moyenne 42 heures par semaine. Mieux vaut donc comparer le salaire minimal horaire des deux pays. Il s’établit à 9,53 euros en France con- tre 22 francs suisses, soit 18,04 euros. Le salaire minimal horaire suisse représente alors 1,88 S.M.I.C. horaire français.

Autre bémol à prendre en compte en sachant que la plupart des travailleurs suisses reçoivent un salaire annuel réparti sur 13 mois. Ce qui aboutit à un S.M.I.C. à 3 692 francs suisses, soit 3 027 euros par mois. En quoi la vie est-elle si onéreuse en Suisse ? Un signe qui ne trompe pas : chaque week-end, les Suisses envahissent les zones commerciales de l’autre côté de la frontière. N’y voyez

aucune stratégie de coopération mais sim- plement la volonté d’al- léger la facture du poste alimentation. Selon l’Office Fédéral de la Statistique, un panier à 89 euros en France en vaut 126 euros en Suisse. Les prix de cer- taines denrées varient du simple au double comme pour la viande de veau ou de bœuf. En 2013, avec le renchérissement de l’euro par rapport au franc suisse, les dif-

Quand un Français dépense 91 euros par mois dans son logement, un Suisse débourse 169 euros.

“Avec 4 000 francs suisses, difficile de mettre de côté.”

férences s’atténuent très légèrement. Le site comparatif suisse “baromètre des prix” note que Coop et Migros restent tout de même 36 % plus chers que les distributeurs français les moins chers, à savoir Casino et Leclerc (www.barometredesprix.ch). Autre différence notable entre les deux pays : le coût de l’hébergement. Quand un Français dépense 91 euros par mois dans son logement (loyer, chauffage, eau…), un Suisse débourse 169 euros. Les prix varient bien sûr selon qu’il s’agisse d’un logement en ville ou à la campagne. Ces écarts ont aussi ten-

dance à se niveler sur la bande frontal- ière où le foncier s’envole depuis plusieurs années. Le prix des trans- ports et des loisirs est toujours à l’a- vantage des Français. Les Suisses font également le bonheur des orthodon- tistes et des opticiens français. Ils devront débourser plus chers pour une qualité de santé équivalente. Aucun doute là-dessus. En France, une partie du salaire sert au financement de la Sécurité sociale. Grâce à ces prélèvements, l’usager bénéficie d’une large couverture sociale. En Suisse, ces prélèvements sociaux

sont plus limités. Ils correspondent à 10 % du salaire brut et couvrent l’as- surance-vieillesse et l’assurance-chô- mage. Conséquence, les Suisses doivent régler en sus l’assurance-maladie de base et les complémentaires pour éten- dre la couverture des soins médicaux. Pour une personne seule, comptez au moins 250 francs d’assurance de base et autant en complémentaire. “Avec 4 000 francs suisses, c’est difficile de mettre de côté même si en principe, on s’en sort” , justifie un partisan du S.M.I.C. fédéral.

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