La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014

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LA VÉRITÉ SUR LES SALAIRES SUISSES

Le nombre de travailleurs frontaliers est en constante augmentation, tout comme les fantasmes qui circulent autour des salaires en vigueur de l’autre côté de la frontière. La Presse Pontissalienne fait le point sur la question et publie les résultats d’une récente étude de l’office fédéral de la statistique.

En Suisse, un salarié sur deux gagne plus de 5 100 euros bruts par mois Suisse Une augmentation de 13,4 % en 10 ans En 2012, selon l’étude de l’office fédéral de la

Les salaires bruts 2012 par branches économiques

Salaires brut par mois en francs suisses

Secteurs Banques Total

Salaire 6 118 9 823 9 775 8 939

aussi dans le temps, passant de 2,6 en 2002 à 3 en 2012. Près de 339 000 personnes occupent en 2012 des postes à bas salaires dont 66,9 % sont des femmes. On parle de bas salaire quand la rémunération est inférieure ou égale aux deux tiers du salaire médian, 4 037 francs bruts. Les syndicats suisses ont d’ailleurs soumis à votation la pro- position d’instaurer l’équivalent d’un S.M.I.C. à 4 000 francs suisses à l’échelle du pays. Le peuple suis- se a voté non à 76,3 % pour un scru- tin avec un taux de participation de 56 %. Les différences de salaires entre branches économiques existent aus- si au niveau des cadres supérieurs. Elles varient par exemple de 21 528 francs dans l’industrie phar- maceutique à 8 495 francs dans la construction et 4 815 francs dans la restauration. La distorsion sala- riale est aussi d’actualité en Suis- se selon les sexes. La différence de salaires entre hommes et femmes dans le secteur privé est de 18,9 % en 2012.Ces écarts tendent d’ailleurs à augmenter en fonction du niveau de qualification et de responsabili- té. Les femmes exerçant des fonc- tions à haut niveau de responsabi- lité gagnent en moyenne 25,1 % de moins que leurs collègues mascu- lins. Les femmes n’occupant pas de fonction dirigeante et étant au béné- fice d’un apprentissage gagnent en moyenne 12,4 %de moins que leurs collègues masculins.

L’étude de l’O.F.S. met aussi en évi- dence l’importance croissante des primes dans le système salarial. En 2012, un salarié sur trois sur l’ensemble du secteur privé a tou- ché des primes. Cette proportion est plus élevée dans les branches à hauts salaires. comme la recherche et développement (41,3 %) ou les banques (80,4 %). La part des sala- riés touchant des primes est pas- sée de 25,5 % à 36,1 % entre 2002 et 2012. Le montant de ces primes progresse également de près de 2 800 francs suisses pour atteindre 11 143 francs en 2012. La rémunération de lamain-d'œuvre étrangère dépend du permis de séjour. Les salariés suisses gagnent plus que leurs collègues étrangers quel que soit le type d’autorisation de séjour. Les détenteurs d’un per- mis de courte durée perçoivent un salaire de 4 672 francs, d’un permis de séjour (B) 5 552 francs, d’un per- mis d’établissement (C) 5 671 francs et les frontaliers 5 896 francs. Pour les postes hiérarchiques à haut niveau de responsabilité, la main- d'œuvre étrangère gagne plus que les Suisses. Ces derniers perçoivent un salaire de 9 683 francs alors que les frontaliers gagnent 10 905 francs et les détenteurs d’un permis de séjour 12 726 francs. À l’inverse, pour les postes sans qualification, la rémunération des salariés suisses (5 729 francs) est supérieure à celles des frontaliers (5 488 francs). F.C.

statistique, le salaire médian s’élevait à 6 118 francs suisses bruts dans le secteur privé. Les disparités se creusent aussi de l’autre côté de la frontière.

Industrie pharmaceutique Industrie du tabac Recherche et développement scientifique Télécommunications Activités informatiques

C es chiffres font rêver tout salarié français. Ils confir- ment en tout cas qu’on peut facilement doubler ses reve- nus en passant de l’autre côté de la frontière. Lamoitié des travailleurs en Suisse gagnent donc plus de 6 118 francs brut auxquels il fau- drait soustraire environ 15 % pour obtenir le salaire net perçu, soit un revenu de l’ordre de 5 201 francs suisses. Avec taux de change à 1,2, cela représente 4 334 euros. À la différence des Français et bientôt des frontaliers, les salariés suisses doivent aussi régler de leurs poches les cotisations d’assurance-maladie qui correspondent à 5,5 % du salai- re brut. Ce salaire médian de 6 118 francs nets masque de fortes disparités. Les 10%des salariés les moins bien rémunérés ont gagné moins de 3 886 francs alors que les 10 % les mieux payés ont reçu un salaire supérieur à 11 512 francs. Dispari- tés aussi selon les secteurs d’activité. Les niveaux de rémunérations les plus élevés se trouvent dans les branches à forte valeur ajoutée telles que la recherche et le développe- ment (8 905 francs),l’industrie phar- maceutique (9 775 francs) et bien sûr les banques (9 823 francs). Par-

mi les branches proches du salaire médian, on peut citer la métallur- gie (5 766 francs), la construction (6 024 francs) ou encore la santé (6 186 francs). L’horlogerie se situe plutôt dans la moyenne industrielle avec un salai- re médian à 6 609 francs. Comme quoi ce qu’on pourrait apparenter au luxe ne rime pas avec salaires luxueux. En bas de l’échelle, on retrouve les classiques, à savoir le commerce de détail (4 691 francs), la restauration (4 272 francs), l’hébergement (4 230 francs) et les services personnels (3 887 francs).

8 905 8 901 8 571 8 024 7 691 7 225 6 609 6 024 5 952 5 706 4 691 4 272 4 230 3 887

Assurances Industrie chimique Enseignement

Fabrication produits informatiques, électroniques, horlogerie

Construction Métallurgie Restauration Hébergement Fabrication de meubles Commerce de détails Services personnels

Dans ces métiers-là, Suisse et France,même combat. Entre 2002 et 2012, le niveau de salaire a aug- menté de 13,4 %. Les 10 % des personnes les mieux payées ont vu le montant de leur rému- nération progresser de 22,5 % alors qu’à l’opposé, la hausse se monte à 9,5 % pour les 10 % des personnes les moins bien payées. Les écarts salariaux entre le haut et le bas de la pyramide s’accroissent

Les frontaliers gagnent 5 896 francs suisses bruts.

Salaires selon régions (secteur privé)

Région Suisse Zürich

Cadres Non cadres

9 939 12 048

5 536 5 651 5 517 5 814 5 520 5 583 5 308 4 664

Région lémanique 10 637 Région nord-ouest 10 400 Espace Mittelland 9 140 Suisse centrale Suisse Orientale 9 278 8 390 8 000 Tessin

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