La Presse Pontissalienne 176 - Juin 2014
PONTARLIER ET ENVIRONS
La Presse Pontissalienne n° 176 - Juin 2014
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EN BREF
LA CLUSE-ET-MIJOUX
60 ans de visites
Les pionniers du château Sous l’impulsion de leur oncle Maurice Cordier, Claude et Louis Hérard ont vécu l’ouverture du
Triathlon Dimanche 29 juin, les tri- athlètes vont se retrouver sur la plage des Grangettes pour le triathlon du lac Saint- Point, rendez-vous incon- tournable du triple effort. Ouvert à tous, ce sport qui consiste à enchaîner nata- tion, vélo et course à pied, propose différents formats avec une course sprint et relais (750 m de natation, 20 km de vélo, 5 km de cour- se à pied), courte distance (1 500 m - 40 km - 10 km). Des épreuves pour les enfants sont prévues. Des centaines de concurrents sont attendues. Rensei- gnements : www.pontarlier- triathlon.com ou 03 81 39 04 54. Télévision Six nouvelles chaînes en haute définition arrivent le 10 juin dans notre région : HD1, LʼÉquipe 21, 6Ter, Numéro23, R.M.C. Décou- verte et Chérie 25. Pour recevoir ces nouvelles chaînes, les téléspectateurs concernés devront lancer une recherche et mémori- sation des chaînes de la T.N.T. Renseignements sur www.toutelatnt.fr
C’ était il y a soixante ans et pourtant, c’était hier pour Louis Hérard et sa belle-sœur Claude. Ils se souviennent de presque tous les détails, toutes les anec- dotes qui entourent l’ouverture du châ- teau de Joux au public fin au début de l’été 1954. Louis Hérard avait alors 18 ans. Jusque-là, le monument qu’on appe- lait encore fort de Joux était la propriété de l’armée française. Le syndicat d’initiative de l’époque, qui vivotait, cher- chait une idée pour dynamiser son action. Maurice Cordier, chirurgien-dentiste pontissalien, qui était à la tête de ce syn- dicat, a eu la lumineuse idée d’ouvrir le fort de Joux, en le rebaptisant château, au tourisme. La meilleure manière de capter ces milliers de touristes venus du Nord, de Belgique ou de Hollande et qui filaient sur la Suisse et l’Italie sans jamais s’arrêter à Pontarlier. Cet homme au caractère empathique, tourné vers les autres et doté d’une bel- le force de persuasion, sut alors convaincre les autorités militaires de l’époque, et notamment le commandant Gagneur, qu’il y avait là une magnifique oppor- tunité à saisir. “À combien de paroles décourageantes s’était-il heurté. Vous voulez faire monter les gens là-haut ? Mais vous êtes fous !” objectait-on jus- qu’alors à M. Cordier. Il finit par obte- nir le feu vert de l’armée et signe une convention d’exploitation qui donne au syndicat d’initiative la mission de faire visiter la partie historique du château. L’aventure touristique pouvait démar- rer. Sans moyen financier, sans aide, Mau- rice Cordier mobilise alors toutes ces connaissances, et en premier lieu sa famille. “Notre premier travail a été de concevoir un parcours de visite, racon- te Louis Hérard. On s’est relevé les manches et on a passé nos vacances de Pâques avec des pelles, des pioches, des tondeuses, des balais. Il fallait être prêt avant le mois de juillet. On a eu trois mois pour tout préparer.” Parallèlement, les bénévoles s’attaquent à des recherches historiques pour concevoir un programme de visite digne de ce nom. Les premiers touristes ont donc été guidés par les jeunes Louis et Henri Hérard. “On orga- nisait jusqu’à huit visites par jour, ça a été un succès immédiat.” Les jeunes apprentis guides n’étaient bien sûr pas payés. “On recevait en revanche les pour- boires des touristes. Ça payait l’essence du scooter pour monter au château.” Rapidement, devant le succès des visites, l’idée d’un spectacle est née. Et les béné- voles se sont improvisés comédiens. “Le spectacle “Les grandes heures de Joux” a été créé par Michel Dornier, qui était instituteur. Il retraçait l’histoire du châ- teau, du Moyen-Âge à 1870 et on jouait dedans” indique Claude Hérard. Même succès populaire. “Nous assurions nous- mêmes la promotion du spectacle. Quand j’ai passé mon permis de conduire en juillet 1954, c’était avec ma Renault 4 CV qui avait un haut-parleur sur le toit, un ampli et unmicro qui pendait à la fenêtre. château de Joux au tourisme. C’était il y a soixante ans, les souvenirs sont intacts.
Louis Hérard et sa belle-sœur Claude, avec une photo de leur oncle Maurice Cordier. Ce sont eux les vrais pionniers du château de Joux.
L’œuvre d’une poignée de bénévoles. Ensuite est venu le temps de la struc- turation avec la création d’un syndicat
lement été un des premiers à s’intéresser à l’histoire de Toussaint Louverture dont la C.C.L., qui a repris les rênes du châ- teau, perpétue encore lamémoire aujour- d’hui. Si le château de Joux est devenu un des phares touristiques de Franche-Comté avec plus de 70 000 visiteurs tous les ans, ce n’est pas le fait des collectivités publiques au départ, mais avant tout le résultat du travail de ces bénévoles convaincus et visionnaires qui ont ouvert les lourdes portes de la forteresse aux yeux de tous. Zoom Qu’en avait dit
On sillonnait toute la région pour faire la promotion du spectacle” poursuit Louis. Tout le monde a mis la main à la pâte : les familles Cordier, Hérard, Barret, Pra- del et Peillein. “On peut dire que l’ouverture du château au public, c’est vraiment une histoire de famille” sou- rient Louis Hérard et sa belle-sœur. On faisait de grandes choses avec des bouts de ficelle. C’est un employé d’E.D.F., Pierre Todeschini, qui s’est mobilisé pour réaliser le premier éclairage extérieur du château et d’autres petites mains qui ont pu rendre possible cette aventure.
intercommunal de ges- tion du château créé entre les villes de Pon- tarlier et de La Cluse-et- Mijoux. Puis la création du festival des Nuits de Joux quelques années plus tard avec des pièces de renom jouées dans l’enceinte du château. Maurice Cordier a éga-
“Ma Renault 4 CV qui avait un haut-parleur sur le toit.”
la presse de l’époque ? Alors que la première visite publique avait eu lieu le 30 mai 1954, le journal Le Pontissalien consacrait un article à cette première, dans son édition du 2 juin. Extraits.
“N ous avions déjà le lac de Saint-Point qui, avec Mal- buisson et sa Fête du lac restera sans doute notre meilleur atout dans le jeu de la propagande touristique. Puis la Fête de la neige au Mont dʼOr. Enfin, le télébenne, ces deux dernières cartes présen- tant un intérêt indiscutable. Depuis quinze jours, nous avons le château de Joux. Non pas que cet- te construction respectable soit nou- velle érigée sur son pic rocheux dʼoù lʼon découvre un panorama incom- parable… Elle est même là depuis une dizaine de siècles ! Mais on vient de tenter une opération de grande envergure destinée à la mettre en valeur et attirer la foule toujours plus grande des visiteurs de partout. Et cʼest dimanche 30 mai quʼavait lieu la première visite officielle du Château de Joux, désormais ouvert à tous les touristes et amateurs de souvenirs historiques. Dès 15 h 30, tout ce que Pontarlier et la région comptent de personna- lités était rassemblé aux abords du Château. Lʼimposante caravane conduite par M.M. Cordier, président
du Syndicat dʼInitiative, entouré de M. Couzier, sous-préfet, et de M. Le D r Henriet, conseiller général, visita les lieux avec un vif intérêt, se recueillit un instant dans les prisons de Mira- beau, Toussaint Louverture, le cachot de Berthe de Joux, descendit lʼescalier interminable qui mène à lʼorifice du puits où lʼon renouvela plusieurs fois lʼexpérience impressionnante du chif- fon enflammé descendant dans les profondeurs humides et noire de ce trou où périrent tant de “manants”. Chacun se retrouva ensuite sur la terrasse ensoleillée où fut servi un vin dʼhonneur. M. Cordier expliqua très simplement quels étaient les buts du S.I. : don- ner au Château de Joux sa véritable importance touristique et faire de ce monument historique un centre attrac- tif propre au prestige touristique de la région. M. le D r Henriet et M. le sous-préfet félicitèrent le président du S.I. Pour le magnifique travail déjà accompli, prélude aux grandes fêtes médié- vales qui se dérouleront cet été dans ce cadre unique.”
Dimanche 30 mai, première visite officielle du châ- teau de Joux par
un temps superbe.
La délégation est emmenée par Maurice Cordier, le président du syndicat d’initiative de Pontarlier.
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