La Presse Pontissalienne 175 - Mai 2014

VALDAHON - VERCEL

La Presse Pontissalienne n° 175 - Mai 2014

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VALDAHON

Polémique Le projet de fromagerie est loin de faire l’unanimité

Le choix d’implantation du futur bâtiment de la fruitière des villages réunis a semé une belle pagaille à l’intérieur de la coopérative qui enregistre plusieurs démissions de producteurs d’Avoudrey.

M ême après avoir quit- té la coopérative depuis quelques jours avec deux autres sociétaires, Olivier Brisebard est toujours aussi à cran quand il évoque ce qui l’a conduit à quit- ter une structure où son père et son grand-père adhéraient déjà. À l’origine de ce crève-cœur, des décisions à sens unique qui ont conduit une poignée d’agriculteurs d’Avoudrey à entrer en dissidence. Quelques divergences étaient déjà pal- pables à la fusion des coopéra- tives d’Avoudrey et de Passon- fontaine qui remonte au 30 septembre 2011. À l’époque, cinq producteurs de Passonfon- taine avaient voté contre ce qui devenait la Fruitière des villages réunis. Une fronde sans consé- quence. Ce rapprochement s’accompagnait logiquement d’une réflexion sur le devenir des fromageries existantes. “Quit- te à s’engager sur un nouveau projet, il nous semblait logique qu’il soit sur l’une des deux com- munes. Rien n’était proposé à Passonfontaine. L’option d’Avoudrey a toujours été refu-

sée par le président qui privilé- giait une implantation à Val- dahon” , poursuit l’agriculteur qui avait le sentiment d’être en face d’un rouleau compresseur. Étant administrateur à l’époque, il évoque déjà des tensions invi- vables au sein du conseil d’administration. Le choix de Valdahon a été vali- dé le 20 décembre 2012 par 24 voix pour et 10 contre. Les réfrac- taires étaient donc favorables à Avoudrey. “La fracture s’est confir- mée à partir de ce moment-là.” Les coopérateurs se sont retrou- vés le 29 mars 2013 pour vali- der ou pas le plan de finance- ment du projet dont le montant s’élève à 4 millions d’euros. Le résultat s’avère beaucoup plus serré avec 19 pour et 18 contre. En mai, avant de se positionner sur un nouveau plan de finan- cement, tous les producteurs à l’exception d’Olivier Brisebard, ont été sollicités. “Les trois quarts ont signé un engagement moral de soutien au projet. Suite à quoi on a réagi par écrit pour mani- fester notre opposition au projet et à la fusion, en demandant un retour à la situation d’avant 2011. Dix exploitations sur les

onze qui livraient leur lait àAvou- drey nous ont suivis. Ce courrier a quand même donné lieu à une A.G.O.R.E. C’est la même chose qu’une assemblée générale ordi- naire à la seule différence qu’il suffit de réunir lamoitié des voix et non les deux tiers. Du coup, le verdict fut sans surprise avec 25 voix contre la scission, 13 pour et un blanc” , poursuit Olivier Brisebard. Nouvel épisode en septembre dernier avec la proposition fai- te aux producteurs d’Avoudrey d’étudier la faisabilité d’un contre-projet sur Passonfontai- ne. Pour le contestataire, l’issue ne faisait aucun doute. “C’est une vraie mascarade.” C’est ain- si que, de guerre lasse, cinq pro- ducteurs d’Avoudrey ont annon- cé le 30 septembre qu’ils allaient quitter la coopérative des vil- lages réunis. Ces départs s’échelonneront jusqu’en 2018 suivant les dates anniversaires des engagements respectifs des uns et des autres. La série s’achevait le 3 décembre dernier par une nouvelleA.G.O.R.E. avec 19 voix pour Valdahon, 7 pour Passonfontaine, un blanc et 4 abstentions sur un potentiel de

Le projet n’avait pas pu se faire sur le site d’Avoudrey.

40 votants. “Aujourd’hui, le seul regret, c’est d’avoir voté la fusion qui nous a fait perdre un ate- lier.” Avec deux autres producteurs d’Avoudrey, Stéphane Brisebard a quitté officiellement la coopé- rative des villages réunis le 1er avril 2014.Tous les trois ont

rejoint la coopérative des Monts de Joux. “Cela représente un volu- me de 700 000 litres de lait mais comme le prévoit le règlement des coopératives, on laisse 60 % de nos volumes plaqués. Je suis très sceptique sur le projet de Valdahon. Comment peut-on construire un atelier de froma-

gerie avec une station d’épuration dans une zone commerciale, à proximité d’un lotissement ? Sans compter la question du finance- ment qui me semble irréaliste” conclut l’agriculteur qui ne comp- te pas en rester là. F.C.

VERCEL

Une vingtaine de salariés

Extension de la fromagerie Ermitage Le groupe coopératif vosgien renforce ses capacités de production en Franche-Comté et reste dans l’expectative d’aides publiques. Repères

J ean-Charles Lesqueren, le directeur général de l’Ermitage, n’est pas hom- me à s’épandre dans l’effet d’annonce. Il distille au compte-gouttes les infor- mations en mesurant parfaitement la por- tée de ses déclarations. Le groupe Ermitage, au travers de sa filiale P.F.C.E. (Pôle Franc- Comtois Ermitage), gère le site de Vercel pour la production et l’affinage d’emmental. “Le projet d’extension de ce site correspond à une modernisation avec l’ambition de développer d’autres productions au lait cru. Le chantier est déjà engagé et sera livré dans l’année. Les travaux en cours concernent le secteur de réception du lait. Ils se poursuivront dans les locaux intérieurs” , explique le directeur géné- ral en ajoutant que l’Ermitage investira aus- si en 2014 sur d’autres sites francs-comtois. Une vingtaine de salariés travaillent aujour- d’hui à Vercel. L’opération en cours va géné- rer des créations d’emplois. Elle permettra de transformer des volumes de lait supplé- mentaires. “On ne prendra rien sur les autres sites” , précise Jean-Charles Lesqueren. Sur la question d’éventuelles subventions, il se contente de répondre laconiquement. “Pour l’instant, je n’en sais rien. La Région de Franche- Comté n’a pas encore décidé comment elle allait répartir ses fonds. On espère toujours des aides européennes.” L’affaire semble pourtant mal engagée. Le groupe coopératif vosgien a prévu d’investir des millions d’euros dans sa capacité de trans- formation fromagère. Mais la réglementa- tion actuelle lui interdit l’accès aux aides

publiques car l’entreprise dépasse les cri- tères d’éligibilité plafonnés à 250 millions d’euros de chiffre d’affaires et 750 salariés. ÀVercel, la filiale P.F.C.E. a tenté de s’associer à la communauté de communes du pays de Pierrefontaine-Vercel. Cette dernière devait servir de relais en vue de bénéficier d’aides européennes. “La communauté de communes n’est plus impliquée. Sur ce dossier, on a dépen- sé beaucoup d’énergie pour rien” , regrette Bernard Canteneur, l’ancien président de l’intercommunauté qui aurait préféré qu’on lui annonce clairement et beaucoup plus tôt la couleur de l’échec. L’ Ermitage est prêt à porter seul cet investissement. Au bilan 2013, Jean-Charles Lesqueren esti- me qu’il s’agit “d’une année normale.” Son groupe rassemble aujourd’hui 600 produc- teurs en Franche-Comté, assure 22 % de la collecte de lait dans le Doubs et vend 5 600 tonnes de comté. Cet opérateur de poids dans l’agriculture régionale ne cherche toujours pas à se positionner sur le bio. “On n’a pas encore les structures techniques et commer- ciales qui soient adaptées à la transforma- tion du lait bio.” À Vercel, les travaux ont commencé au niveau des installations de réception du lait. E n 2012, lʼentreprise a collecté 270 mil- lions de litres de lait en Lorraine et 168,8 millions en Franche-Comté. Le volu- me global de 438,8 millions, bien quʼen léger retrait sur 2011, nʼa pas pénalisé la pro- duction fromagère qui augmente de 4 % à 54 500 tonnes en se répartissant essen- tiellement sur les pâtes molles (25 000 tonnes) et les pâtes pressées cuites (23 000 tonnes). Le chiffre dʼaffaires consolidé atteint 335 mil- lions dʼeuros (+ 5 millions) pour un résultat de 11,5 millions dʼeuros.

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