La Presse Pontissalienne 175 - Mai 2014

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 175 - Mai 2014

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“Plus on s’éloigne du terrain, plus on crée de la machine technocratique” LEVIER Le bilan Toujours élu à Levier et conseiller général, Jean-Pierre Gurtner a pris la décision de ne pas briguer un troisième mandat à la tête de la communauté de communes Altitude 800 qu’il avait porté sur les fonts baptismaux. Retour d’expérience.

L a Presse Pontissalienne :La créa- tion d’Altitude 800 n’a pas été de tout repos ? Jean-Pierre Gurtner : Cette com- munauté de communes, on a eu la chance de la mettre en place en janvier 2003 mais on y tra- vaillait déjà depuis sep- tembre 2001. On l’a préparée au niveau territorial et dans le choix des compétences. Avant Altitude 800, on fonctionnait déjà en commun sur certains dossiers au sein du S.I.A.D.E.T. qui englobait à l’époque les com- munes de Frasne-Drugeon. Cer- tains préconisaient de rester dans ce périmètre territorial, d’autres étaient partisans d’une séparation. La consultation des collectivités a abouti à la créa- tion des deux intercommunali- tés actuelles. L.P.P. : Avec quelles compétences ? J.-P.G. : En dehors de l’économie imposée aux communautés de communes, on pouvait délibé- rer sur les compétences option- nelles. Tous les élus étaient d’accord pour prendre en char- ge l’E.H.P.A.D. Restait la ques- tion plus délicate de la compé- tence scolaire où là, des oppositions se sont manifestées. Avec le recul, je pense que c’était un bon choix de s’occuper des écoles. Cela sert de fil rouge entre toutes les communes. Cet- te compétence mobilise de la démocratie en mettant autour de la table des enseignants, des parents d’élèves, du personnel

de la zone d’activité de Levier où la communauté de communes développe de la plateforme pour accueillir les entreprises.Aujour- d’hui, cela représente 10,5 hec- tares viabilisés pour une cen- taine d’emplois repartis sur douze entreprises. L’investissement s’élève à près de 4 millions d’euros en sachant qu’on perçoit des recettes. Cet- te zone a été aménagée pro- gressivement en plusieurs tranches puisqu’on est passé de Champ Bégaud 1 à Champ Bégaud 8. La méthode nous a permis de ne pas trop impacter le travail des agriculteurs. Il est aussi utile de rappeler que la zone correspond à un pôle d’excellence rural axé sur le bois- énergie. Certaines entreprises ont connu des hauts et des bas mais globalement, ce pôle se porte plutôt bien. L.P.P. : Qu’en est-il de la zone de la Vri- ne ? J.-P.G. : Ce dossier n’est pas aban- donné mais il suppose au préa- lable que la commune de Goux- les-Usiers s’engage dans la révision de ses documents d’urbanisme. L.P.P. : Christian Ratte, le nouveau pré- sident d’Altitude 800 aura à gérer le dossier du nouvel E.H.P.A.D. Un lourd dossier ? J.-P.G. : Tout à fait. Ce sera l’un des gros projets du mandat. Sur 9 millions d’euros, la commune en prend un tiers à sa charge,

ce qui représente l’équivalent de 17 euros par an et par habi- tant sur 30 ans. Je laisse aussi à mon successeur le soin de mettre en route les dossiers mai- son de santé et fibre optique. La communauté de communesAlti- tude 800 qui se distingue par des charges administratives très réduites occupera d’ailleurs des nouveaux locaux dans la mai- son de santé à construire au centre de Levier. L.P.P. : Que retenir d’autre de cette expérience intercommunale ? J.-P.G. : Dans cette communau- té de communes, on ne travaille pas avec le “je” mais le “nous”. Il faut toujours composer avec les maires et les élus. Ce qui demande de l’empathie. On ne préside pas seul une commu- nauté de communes et appa- remment cela plaisait puisque personne n’a jamais quitté le navire parmi les 27 élus com- munautaires. L.P.P. : L’avenir du canton de Levier s’annonce écartelé comme vous l’avez déjà décrit dans vos prises de posi- tion. J.-P.G. : Le bilan politique est plus sombre. Il y a de quoi s’interroger sur la démocratie participative de la gauche qui se permet de réformer la carte cantonale sans rien demander ni tenir compte de l’avis des élus locaux. La com- munauté de communes Altitu- de 800 pourrait se retrouver séparée entre deux cantons. On

et des élus communautaires. Il faut aussi reconnaître que sur le plan financier, cela nous coû- te énormément. L.P.P. : Quels sont les autres avantages ou inconvénients de la formule ? J.-P.G. : Avantage : tout le mon- de a le même matériel au niveau des ordinateurs, des livres et de ce qui relève des consommables. Les enfants bénéficient égale- ment d’un accompagnement pédagogique similaire. L’approche communautaire per- met de faire des économies d’échelle. Inconvénient : tout est basé sur la confiance. Cela peut s’avérer difficile quand on doit gérer une équipe de 13 agents. L.P.P. : Vous avez dû adapter l’infrastructure scolaire à la croissance démographique ? J.-P.G. : Oui. cela s’est traduit par l’ouverture de sept classes et sept ans. Aujourd’hui, on tra- vaille sur dix sites en comptant bien sûr la nouvelle école duVal d’Usiers. On a investi dans un bâtiment d’avenir notamment sur le plan des matériaux et qui nous donnera des références sur les consommations d’énergie. Au final, on peut donc dire que la compétence scolaire a un coût, ne génère pas de recettes mais est très riche sur le plan humain. L.P.P. : Quel bilan dressez-vous du développement économique ? J.-P.G. : Cette compétence se concentre sur l’aménagement

Après deux mandats à la présidence d’Altitude 800, Jean-Pierre Gurtner a choisi de prendre du recul.

affecté à la ferme de la famille Mareschal à Gevresin : “Je ne suis pas originaire de la région mais je souhaitais m’y installer. Le ser- vice de remplacement était un bon moyen de me mettre le pied à l’étrier et de voir le fonctionne- ment des exploitations en Franche- Comté” explique-t-il. Après deux années à aller de fer- me en ferme, il ne vient plus qu’ici, en tant que salarié du service, avant d’être débauché. Car l’histoire des deux jeunes gens prend une autre tournure. Lau- rent devient salarié de la famil- le puis la situation évolue très vite : “Un matin au petit-déjeu- ner, lamaman d’Armandm’a pro- d’erreurs grossières. La Région ne connaît même pas son terri- toire rural. Tout laisse à penser dans l’hypothèse d’un rappro- chement entre le Bourgogne et la Franche-Comté que les cam- pagnes seront rayées de la car- te. J’ai l’impression que nos ins- tances régionales ignorent complètement le monde rural dans ses potentialités écono- miques et environnementales, au contraire du Conseil géné- ral qui n’hésite pas à s’investir dans la concertation pour trai- ter par exemple les probléma- tiques de la pollution sur la Loue. Propos recueillis par F.C.

est tout aussi inquiet sur le regroupement des Régions et la disparition des Départements. Plus on s’éloigne du terrain, plus on crée selon moi de la machi- ne technocratique où l’on ne sait plus rien et qui n’intéresse per- sonne. C’est le plus gros reproche que l’on peut faire à ce gouver- nement. Je ne m’y retrouve pas. L.P.P. : Toutes ses réformes se font donc au mépris du monde rural ? J.-P.G. : Je vais vous citer un exemple assez révélateur. Dans le cadre du plan climat-énergie, le Conseil régional de Franche- Comté a présenté aux élus ruraux des cartes truffées

GEVRESIN

Agriculture Les vertus du service de remplacement Devenu incontournable dans le milieu agricole, le service de remplacement répond à des besoins très différents. Derrière chaque cas se dessine une histoire différente, née parfois d’un drame comme c’est le cas pour Armand Mareschal et Laurent Barberet à Gevresin.

C ongés, maladie, accident, besoin de souffler un week-end, les raisons de recourir au service de remplacement sont multiples pour les agriculteurs. Un service qui s’est professionnalisé au fil des ans, faisant appel à des salariés qualifiés dans un cadre régle- menté où organisation et métho- de sont aujourd’hui rôdées. Par- fois, c’est dans l’urgence qu’il faut réagir, comme ce jour oùArmand Mareschal a perdu son papa : “Il est décédé le matin et le soir même pour la traite un agent était là” explique-t-il avec émotion. Lui qui travaillait alors à l’extérieur de la ferme a alors dû accélérer son idée de retour et il est tout naturellement venu épauler sa maman dans le G.A.E.C. Tout en continuant à faire appel au ser- vice de remplacement. Au fil du temps, plutôt que de changer trop fréquemment, c’est Laurent Barberet qui va être

posé de prendre sa place à l’intérieur du G.A.E.C.” La confiance et la com- plémentarité entre les deux agricul- teurs est évidente, ils franchissent donc le pas et ont à ce sujet le même discours : “C’est comme un maria- ge. On va avancer ensemble le plus longtemps pos- sible.”

Du rempla- cement à l’installation.

Armand (à gauche) et

Laurent sont non seulement deve- nus amis mais aussi associés dans le G.A.E.C.

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