La Presse Pontissalienne 173 - Mars 2014

LA PAGE DU FRONTALIER 46

La Presse Pontissalienne n° 173 - Mars 2014

COOPÉRATION Ce n’est pas une nouvelle usine à gaz Quand la Région et le canton de Neuchâtel se serrent la main Les deux institutions,

FORMATION Intéressés par l’horlogerie

Quand les jeunes suisses se tournent vers l’horlogerie Un temps boudé par une génération, l’apprentissage des métiers de l’horlogerie connaît une nette progression chez nos voi- sins suisses. Un renouveau qui permet de

L aurent Kurth, Conseiller d’État du canton de Neuchâtel, est un amou- reux du cyclisme. Ça tombe bien, la Région Franche-Comté roule à ses côtés. Et ce n’est pas le nouveau contexte franco-suisse créé par l’adoption de l’initiative “Contre l’Immigration de masse” - d’ailleurs largement rejetée par les cantons Romands dont Neuchâtel - qui risque de mettre des bâtons dans les roues de ces deux institu- tions qui souhaitent davantage coopérer. Réunis à l’Hôtel de Région à Besançon (le 20 février), Laurent Kurth et Marie-Guite Dufay, Présidente du Conseil régional, ont évoqué lors d’une séance de travail de nou- velles pistes en matière de développement. Petit florilège. Du côté des transports, en matière de mobi- lité, un renforcement de la ligne des horlo- gers, axe stratégique reliant Besançon à Neuchâtel, a été confirmé “et ce malgré les française et suisse, ont noué des collaborations autour de la mobilité, de la formation, du tourisme. Elles font preuve de pragmatisme. Un exemple : la réouverture de la halte ferroviaire des Verrières.

routières et ferroviaires” promet Laurent Kurth. Côté français, il y a une demande d’inscription au futur contrat de projet État- Région de 12 millions d’euros environ. La formation est aussi au programme. “Ce domaine particulier de coopération fera l’objet d’une attention renouvelée” dit Marie- Guite Dufay. Les groupes de travail en pla- ce seront redynamisés. D’ores et déjà, et compte tenu d’une problématique commu- ne sur l’attractivité et la valorisation des métiers de l’industrie, notamment auprès des jeunes, il a été décidé de “croiser les ini- tiatives et les actions portées de part et d’autre lors de manifestations telles que la Semai- ne de l’industrie et le dispositif ValMetech.” Le développement culturel et touristique fait aussi l’objet de discussions. Des sujets complémentaires tels que les échanges cul- turels, l’environnement et le tourisme trans- frontalier ont également été abordés. Un itinéraire sportif transfrontalier pour les cyclistes et les coureurs devrait voir le jour d’ici la fin 2014. Une question encore : comment dynamiser la C.T.J. ? Il est proposé de redéfinir d’ici fin 2014 un projet stratégique pour la Confé- rence Transjurassienne. L’objectif est de la positionner en complémentarité des aires de coopérations locales existantes afin de la rendre plus visible et de mieux faire vivre les relations transfrontalières.

contraintes techniques” rapportent les pro- tagonistes. Pour le Val-de-Travers, une réflexion sur la mise en place de navettes ferroviaires arti- culées avec une offre de bus permettant une desserte fine des entreprises a été actée. Des fonds importants (non chiffrés pour l’instant) sont réservés en France et en Suis- se pour servir cette volonté commune. Laurent Kurth précise toutefois les pistes à mener dans un avenir proche. “S’agissant du canton de Neuchâtel, nous avons évoqué des améliorations sur le tracé routier tra- versant la ville du Locle (voies de bus en site

combler les départs en retraite. H orloger plutôt que banquier…À en croire les derniers chiffres publiés par la Convention patronale suis- se (1), devenir horloger fait à nouveau rêver les jeunes suisses alors que le métier était encore boudé par les pré- cédentes générations, traumatisées par la crise horlogère. “En 1984 (première année de relevé des données) seules 137 personnes décrochaient leur formation horlogère et microtechnique. En 2013, on en compte 385, soit pratiquement trois fois plus” rapporte la Convention patro- nale horlogère suisse. Dans la foulée de ventes exceptionnelles, l’horlogerie forme dans ses écoles de Bienne, Genève, Granges, Le Locle, Le Sentier, Porrentruy et Saint-Imier, un nombre record de jeunes âgés d’aumoins 15 ans (sortie de l’école obligatoire). À l’heure où la Franche-Comté n’est tou- jours pas parvenue à créer des modules d’apprentissage transversaux avec le pays voisin, ce dernier pourrait-il deve- nir autonome en matière de formation ? 385 jeunes formés en 2013, cela reste

dédié), le projet de réouver- ture de la halte ferroviaire des Verrières et les défis de capacité, de cadence et d’équipement de sécurité, voi- re d’infrastructure, sur la ligne La Chaux-de-Fonds – Morteau - Besançon” rapporte le Conseiller d’État. Si aucun montant n’a été évoqué, “le Gouvernement neuchâtelois prévoit, sur la base d’une pre- mière décision de principe qui doit encore être partagée avec le Parlement, de réser- ver quelques millions de francs suisses les prochaines années à ces améliorations

“Des millions de francs seront réservés”

“3 200 postes à pourvoir d’ici 2016.”

VAL-DE-TRAVERS

Projet Dubimpulse

peu par rapport aux besoins des entreprises horlogères suisses. D’ici 2016, elles auront besoin de 3 200 per- sonnes supplémentaires. “L’étude que nous avons réa- lisée nous montre que la formation arrive toutefois à couvrir les départs en retraite” commente Romain Galeu- chet pour la Convention patronale. Pour les apprentis en formation continue au G.R.E.T.A. du Haut-Doubs, pas de crainte à avoir, les sociétés sont - toujours - à la recherche de profils. La part des apprentis ayant signé un contrat en entre- prise continue de progresser. 177 jeunes apprendront leur métier en entreprise, contre 260 à plein-temps à l’école des métiers. “Il est impératif que cette proportion continue de progresser, en d’autres mots que les entre- prises formatrices continuent à former massivement des apprentis” conclut un membre de la Convention. Les garde-temps n’ont pas fini faire tourner les têtes. (1) : La Convention patronale de l’industrie horlogère suisse (C.P.) est l'organisation des employeurs de l’industrie horlogère et microtech- nique. Elle regroupe près de 400 entreprises occu- pant plus de 48 000 travailleurs.

L’Europe au chevet du site Dubied Afin de trouver une solution pour redonner vie à

l’ancien site industriel Dubied, les autorités communales du Val-de-Travers ont fait appel à l’Europe entière. Plus particulièrement aux jeunes architectes de tout le continent via un concours original qui a finalement porté ses fruits.

“L e concours d’architecture Europan a permis d’interroger l’Europe entière sur l’avenir du site de Couvet” se plaît à répéter Chris- tian Mermet, conseiller com- munal en charge du développe- ment territorial. “Pour répondre à nos exigences, les architectes devaient mettre en avant lamesu- re du temps à prendre et ses effets, les intégrer dans une analyse res- ponsable et inventive des rythmes urbains” commente Pierre-Alain Dupraz, président du jury. “Il est aussi nécessaire d’évaluer et

d’apprécier ce qui existe, et de pen- ser au devenir dans un pro- gramme ouvert, intégrant diffé- rentes échelles de temps, par exemple, les différents rythmes des modes de vie, du jour et de la

nuit, des saisons et ceux des générations qui se suivent.” L’appel à projets a permis de collecter 40 réponses autour de la réhabilitation du site dont l’une des caractéristiques principales est de

Le projet retenu a convaincu car il respecte l’histoire industrielle du site.

“Une rivière

redonnée à la ville”

des pôles comprend des activi- tés différentes, primordiales pour la redynamisation du site, de nou- velles connexions lient ces acti- vités au centre-ville de Couvet. Différents programmes seront mis en place dans les bâtiments sélectionnés pour être conservés, et une nappe de nouvelles constructions va permettre l’installation de bureaux et d’ateliers. “L’idée générale est de réorganiser le site en s’adaptant aux besoins et aux attentes des futurs investisseurs.” La démarche retenue se veut par ailleurs évo- lutive avec le vœu très clair de rendre le site accessible aux habi- tants qui pourront s’y balader en toute tranquillité, passant d’une rive à l’autre de l’Areuse. Avec une rivière qui est “redonnée à la ville” , cette proposition fabrique une nouvelle image forte du site, elle crée un nouveau Dubied tout en laissant des traces histo- riques.

s’étendre sur environ 600 mètres en bordure de la rivière l’Areuse qui sera justement la colonne vertébrale du projet retenu. Inno- vant et respectueux de l’histoire, le projet lauréat “Dubimpulse” cherche à hiérarchiser et à cla- rifier les différents espaces publics et d’habitation. Le jury a appré- cié le côté attractif et adapté à notre époque, l’intégration des besoins actuels et futurs des dif- férents propriétaires, dans une logique de continuité historique et la mise en valeur du patri- moine architectural. Ce projet novateur est défendu par de jeunes lausannois dont Manuel Barthassat. “C’est une vision uto- pique avec un développement pas à pas” résume-t-il. Le projet retenu prend le cours d’eau comme fil conducteur de la zone Dubied. Le long de celle- ci, des espaces publics vont être créés pour connecter les diffé- rents pôles mis en place. Chacun

Pas facile de réaménager un site qui s’étend sur 600 mètres en bord de rivière.

385 jeunes suisses ont été formés au métier d’horloger en 2013. C’est trois plus qu’il y a 30 ans.

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