La Presse Pontissalienne 173 - Mars 2014

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 173 - Mars 2014

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SALAISONS

Les effets de l’I.G.P. La Montbéliard sur les talons de la Morteau

La protection de la saucisse de Montbéliard a conforté sa production dont les volumes se rappro- chent de ceux de la grande sœur mortuacienne.

R edouter que son jeune fils tom- be malade, que la crèche demande de reconduire au s. Le laboratoire L’effet I.G.P. qui s’était traduit par une progression de 25 % des tonnages de saucisses de Montbéliard en 2012 a connu un petit coup de mou l’an der- nier. La faute à qui ? à quoi ? Tout sim- plement à lamétéo très clémente depuis l’automne. “La vente de ces produits est très liée à la météo. La douceur des températures a pénalisé la consom- mation” , observe Richard Paget, pré- sident de la société Jean-Louis Amiot- te. Les données de volume pour 2012 étaient de 4 900 tonnes pour la Mor- teau et 4 200 tonnes pour la Montbé- liard. Au total, cela représentait une évolution annuelle de 18 % contre 0,7 % en 2013 où seule la Montbéliard gagne 200 tonnes. Plusieurs raisons expliquent malgré tout cette dynamique positive. La démarche I.G.P. sur la Montbéliard, même si elle a été officialisée en juin 2013, a permis notamment un rapatriement du tonnage sur la zone historique. “Les salaisonniers ont éga- lement ajusté leur production existan- te au cahier des charges de l’I.G.P.” , ajoute Richard Paget. Il se produisait également beaucoup plus d’imitations de Montbéliard hors de la région que

d’imitations de Morteau, ce qui parti- cipe aussi à la forte croissance des volumes. Michel Delacroix, le président de l’association Morteau-Montbéliard ou A2M estime que la Montbéliard a d’autres atouts. Son format plus adap- té à des rations individuelles, son prix légèrement inférieur à celle de la Mor- teau. “Elle entre plus facilement dans des recettes en lien avec la restaura- tion hors foyer. C’est une saucisse bien sympathique. Elle se cuit vite et se déguste aussi bien en potée, à la poêle ou au grill.” La différence de prix entre les deux saucisses repose un proces- sus de fabrication plus économique pour la Montbéliard. Longtemps pointées du doigt, les rela-

“C’est une saucisse bien

sympathique. Elle se cuit vite et se déguste aussi bien en potée, à la poêle ou au grill”, explique Michel Delacroix qui préside l’association Morteau- Montbéliard.

tions entre les pro- ducteurs et les trans- formateurs se sont nettement améliorées. Les uns et les autres ont œuvré ensemble dans ce parcours du combattant de l’I.G.P. Montbéliard. “Si on était resté sur l’I.G.P. Morteau, on aurait été moins obligé de se sor- tir les tripes. L’I.G.P. Montbéliard a généré des difficultés supplé-

Le rapatriement du tonnage.

que la filière comté a pris son temps avant d’afficher une si belle cohésion. La jeune filière Morteau-Montbéliard s’est fixé un objectif de croissance de 3 % par an. La question des approvi- sionnements reste fondamentale. Les producteurs doivent garantir la matiè- re première aux salaisonniers. “C’est le boulot de l’amont. On a engagé des discussions avec les producteurs lai- tiers en vue d’instaurer une solidarité entre les deux filières sur les volumes de petit-lait qui serviront à nourrir les

mentaires et on a été contraint de tra- vailler collectivement. On a engagé depuis quelques mois une réflexion stra- tégique d’avenir avec le support d’un cabinet d’étude. Après l’I.G.P., il s’agit de rester mobilisé sur d’autres objec- tifs” , se félicite Michel Delacroix. Les transformateurs se prêtent au jeu de constituer une vraie filière. “On est sur des échanges constructifs. On tra- vaille pour que les gains soient inté- ressants et profitables à tout le mon- de” , confirme Richard Paget qui rappelle

porcs.” Se pose aussi la question de soutenir un élevage qui a perdu 20 000 places en 10 ans. L’interprofession a lancé une campagne de sensibilisation auprès des jeunes et des prescripteurs. “Il faut au moins ne plus perdre de porcheries, conserver les emplacements et éviter les polémiques inhérentes à chaque nouveau projet. On peut bien gagner sa vie dans le cochon à condition d’être très pointu techniquement.” F.C.

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