La Presse Pontissalienne 173 - Mars 2014

PONTARLIER 10

La Presse Pontissalienne n° 173 - Mars 2014

PÊCHE

L’heure de l’ouverture

Une nature préservée et aidée La Truite Pontissalienne prépare sereinement l’ouverture de la pêche qui interviendra le samedi 8 mars. Ici, la nature résiste bien mais la vigilance reste de rigueur. Tout comme les projets innovants qui permettent d’assurer la présence d’une population piscicole importante.

I ntarissable sur les aspects biolo- giques du Doubs et du lac Saint- Point, Robert Droz-Bartholet pré- side une association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques. Et pour lui, chacun de ses mots à son importance, d’où une atten- tion toujours particulière portée à la qualité des eaux. “Nous avons de la chance ici de ne pas encore être touché par lamortalité piscicole comme d’autres secteurs. Mais personne n’est à l’abri !” Un discours pas alarmiste mais pru- dent et réaliste qu’il a tenu lors de la récente assemblée générale, la pollu- tion faisant évidemment partie des préoccupations majeures des pêcheurs. Robert Droz-Bartholet en scientifique qu’il est, sait à quel point le milieu naturel est fragile et n’a de cesse de répéter que son loisir favori est condi- tionné par un état satisfaisant des eaux. Alors, il rappelle que les activi- tés humaines ont toujours un impact non négligeable, qu’il s’agisse des phos- phates que l’on trouve dans les les- sives ou les nitrates utilisés en agri-

culture. Chacun doit se responsabili- ser, d’autant que le secteur a une influence directe sur la vie du Doubs : “Nous nous situons à proximité de la source, en amont donc notre travail ici est important pour l’aval de la rivière et pour les résurgences comme la Loue. La météo pluvieuse des derniers mois

a généré un énorme pas- sage d’eau dans le lac ce qui a permis un véri- table rinçage, un grand nettoyage.” Troisième lac de Fran- ce, Saint-Point a en effet vu passer en une année près de deux fois son volume d’eau ! Un coup de pouce de la nature qui a aussi eu son revers en supprimant une bonne partie des éléments nutritifs que les poissons trouvaient sur place : “D’où aussi une reproduction natu- relle moindre et donc

La taille des brochets en question.

Robert Droz-Bartholet préside une association forte d’un millier d’adhérents.

peu d’alevins” et la reproduction jus- tement il en est question cette année avec l’expérimentation des sapins de Noël recyclés en frayère à poissons dans le lac : “C’est une idée qui vient de Suisse. Ces sapins récupérés après les fêtes vont être immergés à environ 4 m de profondeur et vont combler le manque de branchages au fond de l’eau. C’est là que les poissons se reprodui- sent.” Un petit coup de pouce à Dame Nature qui vient s’ajouter à celle ini- tiée il y a 4 ans du côté de Malbuisson où une source native fait office de véri-

table nursery dans le milieu même où évolueront les truitelles, les rendant ainsi naturellement plus robustes. Une satisfaction pour le président qui ajou- te : “On commence aujourd’hui à récol- ter le fruit de nos investissements et de nos expériences.” Pour le président Droz-Bartholet, lais- ser la taille des prises autorisées à 50 cm est une erreur. “Trop de prélè- vements sur cette population risquent de nous priver de poissons qui sont de futurs géniteurs.” Une question cru- ciale pour les amateurs de pêche au

brochet sachant que sur les 400 qui ont été pris l’an dernier, 80 % mesu- raient justement entre 50 et 60 cm. “Certes en passant la taille minimum à 60 cm, pendant un an ou deux, on en prendra moins mais au moins on sait qu’ainsi leur reproduction sera assu- rée pour les années à venir et que l’on reviendra très vite à un nombre de prises similaire à aujourd’hui.” Un avis suivi par la majorité des membres pré- sents mais qui n’a pas encore été acté et n’est donc pas applicable à ce jour. D.A.

TÉMOIGNAGE

Pour une assistante de vie scolaire

A ntoine a six ans. Il souffre de dysphasie, un trouble dans l’apprentissage et le développement du langage. “Il a l’intelligence d’un enfant de son âge. Même si son registre lexical est restreint, qu’il a plus de difficultés à com- prendre, il peut suivre une sco- larité normale à condition qu’il puisse bénéficier d’une aide” remarque Nathalie, sa maman. Ce soutien, le petit garçon sco- larisé en primaire dans une école du Haut-Doubs pontis- salien va pouvoir enfin en béné- ficier dès la rentrée des vacances d’hiver. Désormais, pendant les heures de classe, l’élève sera épaulé par une assistante de vie scolaire (A.V.S.) Pour les parents comme pour le petit garçon, c’est un soulagement. “Antoine nous demandait régu- lièrement quand il aurait quel- qu’un pour l’aider à l’école. Il se rend compte de ses difficul- tés. Cela l’angoisse encore plus. Or, il a envie d’aller de l’avant.” Mais pour obtenir l’appui d’une A.V.S., cela a été un parcours du combattant pour Nathalie. Un an de démarches auprès de divers services administratifs a été nécessaire. Un an à écri- re, à téléphoner, à relancer, à frapper à toutes les portes pour tenter de savoir où en était le dossier depuis la première demande d’A.V.S. déposée auprès de la Maison Départe- mentale des Personnes Han- dicapées (M.D.P.H.). Sur ce chemin sinueux, Natha- lie a souvent été découragée, mais pour son fils elle n’a jamais

Le combat d’une mère pour son fils Nathalie a mis un an à déjouer les arcanes de l’administration pour obtenir l’aide d’une assistante de vie scolaire pour son fils qui souffre de dysphasie.

baissé les bras, se raccrochant à des signes positifs. Le 5 décembre 2013 par exemple, la M.D.P.H. a donné son accord pour l’assistante de vie scolai- re, sur la base du bilan d’Antoine transmis par le Centre du Langage. À son tour, la direction de l’Académie de Besançon a donné son accord. Puis le dossier a été basculé à Pôle Emploi, qui s’est chargé du recrutement. “J’ai rencon- tré une personne super qui m’a aidé à Pôle Emploi. Évidem- ment que je suis soulagée aujour- d’hui. Mais ce qui résulte de toute cette histoire, c’est un sen- timent de colère car pendant tout ce temps, on laisse un enfant dans l’angoisse. On ne tient pas compte non plus du travail de l’institutrice qui a 24 élèves en apprentissage de la lecture et qui fait tout ce qu’elle peut. Mais elle ne peut pas accorder un temps spécifique à un enfant en difficulté. Je ne sais pas où est le problème, ni pourquoi les choses mettent autant de temps à se débloquer. Ce que je déplo- re, c’est qu’à aucun moment on explique aux parents comment les choses vont se passer. C’est aberrant le temps qu’il faut pour obtenir un soutien. Chacun doit se débrouiller comme il peut” regrette Nathalie. Pour cette maman, la réforme des rythmes scolaires qui sus- cite la controverse apparaît bien secondaire tant il y aurait d’autres priorités, plus urgentes pour l’école, dans la prise en charge des enfants à problè- me. T.C.

Dans son combat pour son fils, Nathalie a obtenu le soutien de son employeur qui a accepté qu’elle aménage son emploi du temps.

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