La Presse Pontissalienne 170 - Décembre 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 170 - Décembre 2013

4

POLITIQUE

La tête de liste Europe Écologie-Les Verts “Il aurait été bien que Patrick Genre passe la main”

À 25 ans, la jeune militante écologiste sera la tête de liste d’Europe Écologie-Les Verts aux municipales de Pontarlier en mars prochain. En l’absence d’une liste commune avec les socialistes, elle compte bien égaler au moins le score réalisé par les Verts en 2008.

L a Presse Pontissalienne : On vous a découvert en mars 2011 à l’occasion des cantonales de Mouthe où vous aviez réalisé un score plus qu’honorable en recueillant près de 20%des voix.Vous passez cette fois à l’échelon supérieur en vous présentant à Pontarlier face à Patrick Genre notamment. Qu’est-ce qui explique cette candidature ? Claire Rousseau : François Mandil a dit qu’il ne se représentait pas. Habitant désormais Pontarlier, je trouvais très dommage qu’il n’y ait pas de liste éco- logiste cette fois-ci. Mon intention de départ était de me présenter sur une liste écologiste et comme il faut bien le reconnaître, parmi les militants, ça ne se bouscule pas pour occuper la tête de liste, je me suis décidée. François Mandil en tant que tête de liste avait fait un bon résultat en 2008 avec 15 % des suffrages. Le fait d’avoir un peu le même profil que lui, d’être jeune, entre bien dans la dynamique qu’il avait ins- taurée il y a six ans. En plus, le fait d’être une femme peut apparaître com- me un élément intéressant également. La différence avec François Mandil, c’est que je suis peut-être un peu plus consensuelle que lui… L.P.P. : Vous seriez donc plus disposée que lui à travailler avec les socialistes ? C.R. : Je reconnais qu’au départ, j’aurais préféré une liste d’union avec les socia- listes. J’imaginais d’ailleurs bien une belle liste avec moi en tête de liste et Jean-Yves Bouveret en second… Ça aurait fait une belle affiche de chan- gement. Ceci dit, avec les socialistes, on pourra continuer à travailler en bonne intelligence pour constituer un contre-pouvoir efficace en cas de réélec- tion de Patrick Genre. Les militants Europe Écologie-Les

15 % des voix, nous avions eu deux élus. Notre objectif est de fai- re entre 15 et 20 %, et éventuellement avoir un troisième élu. Ensui- te, l’objectif de la gauche, c’est qu’il y ait un deuxième tour et si deuxième tour il y a, on se ralliera sans hésita- tion les écologistes et les socialistes. L’ambition d’Europe Écologie-Les Verts, c’est d’avoir un droit de regard sur ce qui se pas- se au sein du conseil. Car on s’aperçoit bien que depuis que les éco- logistes sont au conseil, les élus de la majorité font davantage atten- tion à ce qu’ils faisaient

“On se retrouve avec un centre-ville aseptisé.”

ou disaient par rapport à certains sujets sensibles comme le traitement des eaux, la gestion des déchets, etc. Cela n’a pas changé fondamentalement la politique menée, mais je pense que nous sommes un garde-fou efficace. Nous n’avons certes pas de pouvoir en terme de voix, mais je pense qu’on a un vrai pouvoir, médiatique, notam- ment. On se fait davantage entendre depuis qu’on a des élus. L.P.P. : Quel est votre sentiment sur le bilan de Patrick Genre ? C.R. : C’est un bilan mitigé. Des choses bien ont été faites, notamment en termes de culture.Mais il va être atten- du au tournant sur certains dossiers qui n’ont pas avancé comme le centre nautique. Des travaux ont eu lieu au centre-ville mais on se retrouve avec un centre-ville aseptisé, le même qu’à Besançon ou Dijon. Il aurait mieux valu miser sur des aspects plus mon- tagnards, avec des bancs en bois, etc., comme l’avait suggéré Nathalie Ber- tin avec l’idée de station. Je pense qu’il aurait été bien qu’après deux mandats et demi, Patrick Genre se décide à pas- ser la main. Qu’il se représente, certes, mais en tant qu’adjoint seulement. Le problème avec Patrick Genre, c’est qu’il ne laisse la place à personne quand il a décidé quelque chose. Il a beau avoir des services techniques très compé- tents, il ne les écoute pas du tout. Avec ses adjoints, il n’y a pas de démocra- tie, il les laisse parler mais la décision finale lui revient toujours. Ce constat est encore plus flagrant au sein de la C.C.L. L.P.P. : Quels sont les principaux dossiers que vous allez porter pendant la campagne ? C.R. : Trois grands dossiers. La ques- tion de l’accessibilité aux logements d’abord. Les gens qui travaillent en France et qui veulent habiter à Pon- tarlier ne le peuvent plus, tellement c’est devenu cher. La ville n’a rien fait pour par exemple acquérir du terrain et mettre à disposition des logements à des tarifs préférentiels. Le transport est un autre dossier qui nous tient à cœur : il faut impérativement que la Ville ait un réseau de transport en commun plus performant en fréquen- ce et en offres. Il faudra aussi créer un

Verts ont donc tranché pour une liste autonome, je respecte évidemment ce choix. Et avec le recul, je me dis qu’une liste autonome, ce n’est pas plus mal car sur le plan purement stratégique, le fait d’avoir deux listes de gauche permettra à la gauche d’être deux fois mieux représentée au conseil. Il y a six ans, le P.S. avait récolté 25 % des suffrages et Europe Écologie-Les Verts 15 %. Je ne suis pas sûre qu’avec une liste com- mune nous aurions pu faire 40 % des voix. De plus, avec une liste auto- nome, les écologistes pourront aussi être pré- sents dans les instances communautaires de la C.C.L. Tout cela per- mettra d’avoir un vrai droit de regard sur la politique de Patrick Gen- re. L.P.P. : À vous entendre, on pourrait presque croire que Patrick Genre a déjà gagné… C.R. : Notre objectif est de faire aumoins aussi bien qu’il y a six ans. Avec

“Je défends le principe d’un tarif progressif de l’eau.”

Claire Rousseau a 25 ans, elle est infirmière à domicile en Suisse.

significatif. Monter une liste a été plus facile pour deux raisons. Première- ment, les gens sont encore plus sen- sibles aux questions d’écologie poli- tique et deuxièmement, je pense qu’on a pu récupérer des gens déçus du P.S. avec un tel contexte national. L.P.P. : Quelles couleurs aura cette liste ? C.R. : Il y aura pas mal de jeunes, c’est logique, et tout de même une dizaine, soit un tiers, de personnes de plus de 50 ans, quelques retraités aussi. Le profil des futurs candidats : pas mal d’enseignants et de fonctionnaires ter- ritoriaux quand même, quelques fron- taliers et des personnes qui travaillent dans l’industrie. Propos recueillis par J.-F.H.

vrai réseau péri-urbains entre les com- munes de la C.C.L. Il faudra aussi ren- forcer l’offre en matière de T.E.R. Rien n’est mis en place pour que les gens abandonnent leur voiture. Le maire de Pontarlier n’apporte aucun appui à ces alternatives. Le troisième sujet capital à nos yeux, c’est la gestion de l’eau et des déchets. On devra fermer des puits de captage dans la plaine de l’Arlier car ils ne seront plus proté- geables. Et je défends le principe d’un tarif progressif de l’eau et non dégres- sif. Il faudra travailler enfin avec les autres intercommunalités : est-ce logique que les eaux usées du secteur du Mont d’Or reviennent jusqu’à la station de Doubs pour être traitées ?

L.P.P. : Comment préparez-vous votre entrée dans la peau d’une tête de liste élue à la Vil- le ? C.R. : Avant de partir pour un long voya- ge, François Mandil sera là de mars à septembre pour un travail de coaching intensif (rires). J’ai toujours son sou- tien en termes de technique, d’écoute avec tous ses réseaux, et il y aura une période de “tuilage” entre lui et moi, qui a déjà commencé. L.P.P. : Ne sera-ce pas trop compliqué de bou- cler une liste avec 33 noms ? C.R. : Je suis agréablement surprise : nous avons quasiment notre liste com- plète. Par rapport à 2008 où 10 jours avant le scrutin la liste n’était pas encore bouclée, c’est un changement

Made with FlippingBook flipbook maker