La Presse Pontissalienne 169 - Novembre 2013

DOSSIER

25 La Presse Pontissalienne n° 169 - Novembre 2013

ENJEUX

Éric Liégeon pour la S.A.F.E.R. “Pourquoi ne pas contingenter le droit à urbaniser ?” Fatiguée de voir son parcellaire grignoté de toutes parts et pas toujours avec

parcimonie, la profession agricole incite à plus de mesure et souhaite être davantage associée au débat du foncier. Entretien avec Éric Liégeon, agriculteur président du comité technique S.A.F.E.R. et responsable foncier au niveau F.D.S.E.A.

L a Presse Pontissalienne : Quel constat peut-on dresser à l’échelle nationale? Éric Liégeon : Malgré une réelle prise de conscience autour de la disparition du foncier agricole, la consommation d’espace en France reste excessive. 33 000 hectares ont été urbanisés en 2011. En France, l’artificialisation des terres est deux fois plus éle- vée qu’en Allemagne où l’on a décidé de diviser par trois la consommation des terres agri- coles d’ici 2020. que l’artificialisation se fait au détriment des terres agricoles? E.L.: Oui. Il existe même un fort contraste avec les surfaces fores- tières qui bénéficient de très fortes mesures de protection. Conséquence : la forêt ne cesse de s’étendre. Les campagnes de reboisement qui viennent com- penser les grands projets d’aménagement empiètent sys- tématiquement sur des terres agricoles. L.P.P. : Vous abordez la question des compensations écologiques qui irrite au plus haut point les agriculteurs. L.P.P. : Cela signifie-t-il

E.L.: Avec ces dispositions issues du Grenelle de l’environnement, le foncier agricole se voit condam- ner à la double peine. On l’utilise d’abord pour réaliser les infra- structures routières, ferroviaires, les aéroports… Puis on le ponc- tionne ensuite pour les com- pensations écologiques. Si l’on continue à ce rythme, que va-t- il advenir des surfaces agricoles nécessaires pour nourrir la pla- nète ? Car l’enjeu, c’est aussi de pourvoir aux besoins alimen- taires. L.P.P. : Pour autant, il semble difficile de figer les choses. E.L.: Bien sûr. On sait bien qu’il faut de la place pour loger les gens et développer des infra- structures. On sait aussi qu’il faut partager l’espace, mais de façon maîtrisée. On doit aller vers une autre approche de l’urbanisme, densifier l’habitat. On peut supprimer l’horizontalité des zones commerciales. Cette logique d’optimisation s’applique aussi aux friches industrielles. L.P.P.:Votre point de vue sur les zones d’activités? E.L.: Je pense qu’il est préférable

d’en faire une grande plutôt que trois petites. Pourquoi ne pas contingenter le droit à urbani- ser sur la base d’une population par exemple et d’y aller pro- gressivement ? L.P.P. : Contrairement à ce qui se fait par exemple sur la zone d’activité de Bulle entre Frasne et Pontarlier? E.L. : On peut s’interroger sur l’intérêt de plateformer 18 hec- tares d’un seul coup. Ce projet aurait pu être planifié sur plu- sieurs tranches, ce qui laissait le temps de remplir tranquille- ment la zone et d’exploiter les terrains entre deux tranches de viabilisation. L.P.P.:La problématique du comté impo- se-t-elle des contraintes foncières? E.L.: Oui. Aujourd’hui, on protè- ge les corps de ferme avec une distance à respecter vis-à-vis des pavillons mais on ne prend pas en compte le pâturage. Le cahier des charges du comté impose de faire paître les vaches. D’où l’intérêt de pouvoir protéger les pâturages attenants aux exploi- tations, ce qui n’est pas le cas actuellement.

L.P.P. : D’autres revendications de la profession? E.L. : On demande que la C.D.C.E.A. donne aussi son avis sur les mesures de compensa- tions écologiques. Il semble néces- saire d’installer dans les plus brefs délais l’observatoire natio- nal de la consommation d’espace agricole. Autre souhait : la pos- sibilité de pouvoir instaurer un délai minimal avant la révision des documents d’urbanisme. Ceci pour garantir leur stabilité. Les agriculteurs demandent ins- tamment d’être associés à chaque étape d’élaboration de documents d’urbanisme. L.P.P. : Qu’est-ce qui peut être entre- pris du côté des agriculteurs? E.L.: Pendant des années, on nous a emprisonnés avec des primes très contraignantes qui ont figé les parcelles. Conséquences : on est resté sur des pratiques de cueillette de l’herbe et non pas de culture. Aujourd’hui que ces primes n’existent plus, on fait une demande au niveau de la profession de pouvoir renouve- ler une partie de nos prairies, de les rendre plus productives. Propos recueillis par F.C.

“On doit aller vers une autre approche de l’urbanisme”, estime Éric Liégeon, président du comité technique de la S.A.F.E.R.

Ouverture les dimanches 10 et 17 novembre 10 h-12 h /14 h-19 h Ouvert lundi 11 novembre

Sortie Espace Valentin Nord - Besançon/Miserey-Salines - Tél. 03 81 80 85 00

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