La Presse Pontissalienne 169 - Novembre 2013

PONTARLIER 16

La Presse Pontissalienne n° 169 - Novembre 2013

HISTOIRE Le projet sidérant des Nazis Quand Pontarlier devait changer de nom et de population C’est un épisode méconnu de l’histoire. En 1940, l’Allemagne envisageait d’annexer une partie de la Franche-Comté pour y loger les habitants du Sud-Tyrol poussés à l’exil. C’est parce que la Franche-Comté présentait de nombreuses similitudes avec le Trentin-Haut-Adige qu’elle a été ciblée.

L es Francs-Comtois l’ont échappé belle. Si le cours de la seconde guerre mon- diale n’avait pas tourné, ils seraient tous en Germanie, “à parler de je-ne-sais-quoi, à saluer je-ne-sais-qui” comme le chantaitMichel Sardou.En 1940, l’Allemagne avait en effet un plan pour ce territoire. Elle envi- sageait de l’annexer, d’en chas- ser ses habitants et d’installer à leur place les Sud-Tyroliens. Les instigateurs de ce projet avaient tout prévu, jusqu’à changer le nomdes villes afin que les futurs occupants germanophones ne se sentent pas dépaysés.Ainsi, Pon- tarlier devait être rebaptisée du nom de Mals, le même que celui de la bourgade située dans le Trentin-Haut-Adige. Besançon devenait Bozen et Dole Brixen. L’historienbisontinJosephPinard détaille cet épisode méconnu de l’histoire dans son dernier livre “Quand la Franche-Comté faillit disparaître, le projet nazi d’expulsion en 1940.” Son conte- nu est sidérant. L’auteur revient sur cettemachi- nation stupéfiante, conséquence du sort qui fut réservé au Tyrol au lendemainde lapremière guer- re mondiale. Après leur victoire sur l’Allemagne et l’Autriche, les alliés de laTriple Entente (Fran- ce, Angleterre, Russie) attribuè- rent à l’Italie des territoires dont le Sud-Tyrol. Dans cette région autrichienne “vivait une popu-

l’Europe un “paradis aryen” ,envi- sagea un plan pour ces futurs colons germaniques représentés par l’Association des optants Sud- Tyroliens (A.O.D.) à la tête de laquelle siégeait Peter Hofer. Avec la caution deHitler, on déci- da d’attribuer à cesmigrants une partie de la Franche-Comté. “Elle doit être regardée comme une région idéale pour l’établissement du groupe ethnique sud-tyrolien. Le caractère du paysage, la struc- ture économique, les communi- cations et l’ensemble des condi- tions de vie sont aussi proches que possibles des conditions actuelles, de sorte que la Volks- gruppe (le groupe ethnique) puis- se trouver rapidement dans cet-

devait devenir un nouvel état germanique dont la capitale serait Besançon. Les prospecteurs pas- sèrent par la Suisse pour arri- ver dans leHaut-Doubs. Séduits, les experts sud-tyroliens s’imaginaient déjà vivre là. L’un d’eux raconte dans un document exceptionnel que publie Joseph Pinard : “Peu après la frontière, nous sommes arrivés au bord d’un lac long de 6 km (lac de Saint-Point) où devraient cer- tainement s’établir les habitants de Reschen-Graun et de Haid. 5 kmplus loin, nous avons atteint Pontarlier. La ville est beaucoup plus grande et plus somptueuse que Mals et c’est pourquoi il y aurait de la place pour les vil- lages duObervinschgau.” La délé- gation passera à l’église Saint- Bénigne jugée “sombre” , et par la porte Saint-Pierre qualifiée de “monumentale.” Le plan pré- voyait que les Francs-Comtois domiciliés dans le périmètre annexé par l’Allemagne soient chassés afin que les Sud-Tyro- liens puissent s’installer comme chez eux. Heureusement, ce projet nazi ne se concrétisera jamais malgré l’insistance de l’Association des optants du Sud-Tyrol. La tour- nure de la guerre le fit capoter. T.C.

lation à 92%de langue et de civi- lisation germanique !” écrit Jose- ph Pinard. Il ajoute : “Très vite s’appliqua une politique d’italianisation forcée qui se dur- cit quand Mussolini prit le pou- voir. Le Duce déclara le 27 février 1926, “le pays doit devenir ita- lien.” Les mesures d’oppression se succédèrent jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale.” Alors, le rapprochement entre l’Allemagne,qui venait d’annexer l’Autriche (mars 1938) et l’Italie, changea le sort des Sud-Tyro- liens. Hitler ambitionnait de fai- re entrer dans le Reich toutes les populations allemandes qui en étaient encore exclues. Il transi- gea avec Mussolini sur la ques- tion du Sud-Tyrol où la culture germanique n’avait pas disparu. Le 21 mars 1939, les deux dic- tateurs signèrent un accord dans lequel l’Italie conservait la maî- trise de ce territoire.En revanche, elle laissait le libre choix aux Tyroliens du Sud de langue alle- mande, qui refusait d’être ita- lianisés de force, de rejoindre le Reich. “Au 31 décembre 1939, date d’expiration du délai d’option, 185 000 personnes sur 267 000 soit 69 %, avaient choi- si l’Allemagne” écrit Joseph Pinard. Dès lors, cette popula- tion fut contrainte de quitter la terre de ses ancêtres, mais pour aller où ? Himmler,undes plus hauts digni- taires nazis, qui voulait faire de

te région une Heimat (petite patrie)” écrivait en 1940 undigni- taire nazi. Cette même année, une délé- gation formée de trois leaders sud- tyroliens effec- tua en Franche- Comté une tournée d’inspection en vue d’une future migration dans une région qui

“Pontarlier plus somptueuse que Mals.”

Le livre de Joseph Pinard est édifiant. Il nous raconte comment les nazis avaient prévu de chasser les Francs-Comtois de leur territoire pour que puissent s’y installer les Sud-Tyroliens.

“Quand la Franche-Comté faillit disparaître” Joseph Pinard, édition Cêtre

TRAITEMENT À partir du 18 novembre Le service de chimiothérapie s’étend à Pontarlier Installé dans ses nouveaux locaux, le service est dimensionné pour prendre en charge 60 patients par semaine contre 20 aujourd’hui. Autant de malades qui n’iront plus à Besançon pour être traités.

L’hôpital de Pontarlier pourra prendre en charge trois fois plus de patients trai- tés par chi- miothérapie.

L e 18 novembre, l’hôpital de Pontarlier ouvrira son nouveau service de chi- miothérapie. Il s’agit d’une extension de l’unité actuelle. Elle est transférée dans de nou- veaux locaux qui accueilleront également la pharmacie dédiée à la préparation des traitements. La capacité du service va tri- pler, puisqu’elle passe de 20 patients par semaine pris en charge à 60. Le pôle chimiothérapie fonc- tionne en étroite collaboration avec le C.H.U. de Besançon.Dans

chaque spécialité, un médecin du centre hospitalier universi- taire se rendra une fois par semaine à Pontarlier pour suivre

cier de la même prise en char- ge. “Il n’y a pas de doute à avoir, ce sont les mêmes protocoles que ceux du C.H.U. qui seront appli- qués. Un hôpital comme le nôtre ne peut plus s’en sortir seul. Il faut tisser ce genre de liens qui tirent vers le haut la qualité de nos services” estime Olivier Vol- le, directeur de l’hôpital de Pon- tarlier. L’établissement de soins inves- tit 1 million d’euros dans ce pro- jet (dont 700 000 euros d’équipements) qu’Olivier Vol- le juge “stratégique.” Il vient

ses patients. Un modèle qui fonc- tionne déjà entre le C.H.U. et d’autres hôpitaux périphériques comme celui de Vesoul. Ainsi, qu’il soit traité à Besançon ou à Pontarlier, le patient va bénéfi-

“On ne peut plus s’en sortir seul.”

à Pontarlier. Par lamême occasion, l’extension de cette unité devrait permettre de diminuer le nombre de trans- ports des malades en ambulance ou en taxi à Besançon. C’est un facteur d’économie pour l’assurance-maladie.

compléter l’offre de soins de proximité. Des patients duHaut- Doubs qui jusque-là devaient se rendre au C.H.U. de Besan- çon pour leurs séances de chi- miothérapie seront accueillis à Pontarlier. “Dès lors que le C.H.U. permet que les chimiothérapies,

souvent lourdes, puissent être faites à l’hôpital local, c’est un confort pour les patients” esti- me Roger Defrasne, un des repré- sentants des usagers et membre de la commission des relations avec les usagers et de la quali- té de la prise en charge (C.R.U.C.)

Made with FlippingBook Learn more on our blog