La Presse Pontissalienne 168 - Octobre 2013

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 168 - Octobre 2013

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LA CLUSE-ET-MIJOUX Une stratégie à l’export L’absinthe Vieux Pontarlier

à la conquête de l’Amérique

C’est la première absinthe mentionnée au classement du très respecté World Top 120 Spirits 2013. De quoi conforter la distillerie des Fils d’Émile Pernot dans sa stratégie de développement à l’export. Entre- tien avec le directeur Dominique Rousselet.

L a Presse Pontissalienne : À quelle place figurez-vous dans ce classement ? Dominique Rousselet : L’absinthe Vieux Pontarlier 65° se situe en 34ème posi- tion. L’autre absinthe retenue par le Spirit Journal est fabriquée en Cali- fornie. Elle termine à la 118ème place. Précision utile, on n’intervient en aucu- ne manière pour être sélectionné. L.P.P. : C’est la reconnaissance d’un vrai savoir- faire ? D.R. : Tout à fait. J’ajouterai deux autres ingrédients : la qualité des alambics et des recettes que nous a transmis la famille Pernot. L.P.P. : A qui appartient la distillerie ? D.R. : Elle a été vendue en janvier 2005 à un groupement d’associés qui est aujourd’hui constitué en S.A.S. En 2007, on a repris la distillerie Deni- zet-Klainguer. L’année 2009 a été mar-

quée par le transfert des installations dans le bâtiment de l’ancienne distil- lerie Cousin-Jeune située au centre de La Cluse-et-Mijoux et qui abritait pré- cédemment la mairie. Aujourd’hui, les Fils d’Émile Pernot, c’est une équipe de 6 salariés pour un chiffre d’affaires de 760 000 euros hors taxes. L.P.P. : Quelles sont vos fabrications ? D.R. : On peut les ranger en trois familles de produits. Les anisés avec notam- ment le Vieux Pontarlier et le Pon- tarlier Denizet-Klainguer. Dans les liqueurs, on peut signaler le guigno- let, la Pontiane à base de racine de gentiane ou encore dans les dernières innovations la liqueur au chocolat à base d’absinthe. Enfin la grande famil- le des absinthes avec une vingtaine de recettes différentes dont l’Absinthe un Émile et l’Absinthe Vieux Pontarlier. L.P.P. : Quelle est votre stratégie de dévelop- pement ? D.R. : Depuis cinq ans, on s’investit beaucoup sur l’export en axant nos efforts sur l’absinthe. L.P.P. : En volume, cela représente quoi ? D.R. : 35 000 litres d’absinthe dont 70 % partent à l’export. L.P.P. : Vers quels pays ? D.R. : On est déjà présent dans 25 états en Amérique, Asie, Europe. On com- mercialise 6 000 à 7 000 bouteilles sur le marché américain. Il s’agit princi- palement de l’Absinthe Vieux Pontar- lier 65°. On est également bien implan- té au Japon. On trouve plus facilement nos produits à Tokyo que dans les bars locaux. L.P.P. : La concurrence locale est rude ? D.R. : Je n’ai rien contre la concurren- ce. Je regrette qu’on ne trouve qu’une seule forme de boisson anisée sur les comptoirs locaux. L.P.P. : Ce qui justifie pourquoi vous vous êtes tourné vers l’export ? D.R. : On peut l’expliquer en partie com- me cela. Sans le regretter car le poten- tiel est énorme. L.P.P. : L’export a aussi ses contraintes ? D.R. : Chaque pays à sa réglementa- tion. Les principales différences por- tent sur le taux de thuyone. Il ne doit pas dépasser 10mg/l d’alcool aux U.S.A., au Japon et en Australie. C’est même 5 mg/l au Canada alors que partout ailleurs, on est à 35 mg/l. L.P.P. : Quelle est votre position par rapport au dossier I.G.P. absinthe défendu par les distil- lateurs du Val de Travers ? D.R. : On est contre mais notre recours a été retoqué sous prétexte qu’on n’exportait plus rien en Suisse. L.P.P. : Et l’I.G.P. absinthe de Pontarlier ? D.R. : On n’est pas dans cette démarche

L’Absinthe Vieux Pontarlier 65° fait un tabac aux États-Unis.

“On trouve plus facilement nos produits à Tokyo que dans les bars locaux”, explique Dominique Rousselet, le directeur de la S.A.S. Les Fils d’Émile Pernot.

car le cahier des charges fixe un taux de thuyone à 20 mg/l, ce qui nous empê- cherait d’exporter dans les pays où ce taux est inférieur. C’est dommage. Ce qui ne nous empêche pas aussi de tra-

re évoluer votre catalogue de produits ? D.R. : On souhaite proposer une offre très diversifiée. On met au point une ou deux nouvelles recettes chaque année. On a remis par exemple au goût du jour la liqueur de sapin et on l’expédie dans le monde entier. On four- nit même des Alsaciens, c’est dire. L.P.P. : De quoi demain sera fait chez les Fils d’Émile Pernot ? D.R. : On veut poursuivre cette dyna- mique vers l’export. Cela nous a per- mis de doubler le chiffre d’affaires en quatre ans. En 2014, on projette par exemple d’écouler 4 000 bouteilles de liqueur de sapins tous les deux mois aux États-Unis. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans votre métier ? D.R. : Le frein principal, ce sont les taxes qui pèsent sur nos entreprises. Propos recueillis par F.C.

vailler avec une absinthe locale cultivée en l’occurrence à La Riviè- re-Drugeon par Alain Pilot. L.P.P. : Certains estiment qu’il ne sert plus à rien de fabri- quer une absinthe à plus de 45°. Qu’en pensez-vous ? D.R. : On est plutôt par- tisan du contraire. Plus le titrage est élevé et plus les saveurs peuvent s’exprimer. Il suffit ensui- te de mettre plus d’eau pour compenser.

“On s’investit beaucoup sur l’export.”

On trouve des absinthes de la maison Les Fils d’Émile Pernot jusqu’en Asie.

L.P.P. : Cherchez-vous à fai-

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