La Presse Pontissalienne 168 - Octobre 2013

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 168 - Octobre 2013

ANALYSE

Des semaines de 80 heures Patrick Genre ne se considère pas comme un cumulard Pour le maire de Pontarlier qui a pourtant de multiples casquettes, tout est une question de capacité de travail et de gestion du temps. Ses multiples mandats et fonctions s’ajoutent à sa profession de cadre à La Poste.

Sesmandats et fonctions : Maire de Pontarlier. Président de la Communauté de communes du Larmont. Conseiller régional de Franche-Comté. Président du Pays du Haut-Doubs. Président du conseil de surveillance de lʼhôpital. Président du C.C.A.S. intercommunal de Pontarlier. Président de la conférence de territoire régional de santé au sein de lʼAgence régionale de santé. Co-président du comité de pilotage de lʼAire de proximité Mont dʼOr-Chasseron. Patrick Genre : “Si on peut parler de cumul en ce qui me concerne, c’est peut- être seulement entre mon man- dat de maire et de conseiller régional.”

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L a Presse Pontissalienne :Vous considérez-vous comme un cumulard de la politique ? Patrick Genre : Est-ce que c’est du cumul qu’en tant que maire de Pontarlier je sois président du conseil de surveillance de l’hôpital ? Si je ne le présidais pas, j’en serais de toute façon membre en tant que maire de Pontarlier. Pareil pour la C.C.L. où de toute façon je siégerais, même si je n’en étais pas le président. Je suis quel- qu’un qui n’aime pas faire les choses àmoi- tié. Il y a en effet rien de pire de voir un élu qui a vingt casquettes différentes et qui ne peut pas assumer.À chaque fois que jem’engage dans une fonction,jeme deman- de avant si je suis capable de l’assumer. Pour l’instant, c’est le cas. L.P.P. : Mais comment faites-vous pour assumer toutes ces fonctions alors que vous avez conser- vé votre emploi de cadre à La Poste ? P.G. : Certaines fonctions ne me prennent pas beaucoup de temps comme par exemple la Conférence de territoire de santé. Ce sont quelques réunions par an, une dizai- ne, réparties sur les quatre départements francs-comtois. Pour le reste, je tiens à gar- der un pied dans la vie professionnelle pour une question d’équilibre. Je fais envi- ron 25 heures par semaine à La Postemais j’ai la chance de pouvoir faire ce travail souvent tôt le matin, je peux également faire du télé-travail. Tant que La Poste accepte ce principe, tout va bien. Au final en effet, ça fait des semaines entre 70 et 80 heures de travail, sans compter toutes les représentations le week-end, liées à mes mandats. Mas journées commencent souvent à 5 heures et se terminent le soir à 23 heures. Personne ne m’oblige à le fai- re, c’est un choix personnel que j’assume. L.P.P. : À l’heure où une loi se prépare, le cumul est de plus en plus impopulaire ? P.G. : Souvent parce que les gens croient que quand on cumule des mandats on cumule toutes les rémunérations, ce qui n’est évidemment pas le cas. Le maximum qu’un élu peut percevoir tous les mois, c’est moins de 9 000 euros. Je suis bien loin de ce chiffre…À part mes trois mandats élec- tifs, toutes les autres fonctions ne sont pas rémunérées. L.P.P. : Vous n’avez jamais le sentiment que vous avez quelques fonctions de trop ? P.G. : C’est juste une question de respect par rapport à l’électeur ou l’organisme qui confie une mission. Si je dis “oui”, c’est que je peux assumer. Et je pense que s’il y a un point sur lequel je ne suis pas criti- quable, c’est bien ma présence sur le ter- rain. Je pense que personne ne peut la remettre en question. J’estime en fait que la notion de cumul, c’est avant tout une question de gestion et d’organisation de

son temps. Depuis 19 ans que je suis élu, j’ai appris à gérer mon temps. Je suis droit dans mes bottes, ce que je prends comme missions, je l’assume. C’est là l’essentiel. L.P.P. : Donc à vos yeux, il y a cumul et cumul ! P.G. : Il faut faire la distinction. Est-ce que mamission à l’hôpital est du cumul ? Non, car j’estime que c’est essentiel pour la vil- le-centre du Haut-Doubs d’être impliqué dans l’avenir de l’hôpital. La C.C.L., c’est pour moi des responsabilités et des sou- cis supplémentaires mais je n’envisagerais pas que le maire de la ville-centre ne soit pas à la tête de la C.C.L., il y a une logique. Je commencerais à me poser la question de la pertinence du cumul si j’avais des mandats qui m’éloignent du territoire. Ce n’est pas le cas. Si on peut parler de cumul en ce qui me concerne, c’est peut-être seu- lement entre mon mandat de maire et de conseiller régional. L.P.P. :Donc un parlementaire qui est maire où pré- sident d’un exécutif local, là c’est du cumul à vos yeux ? P.G. : J’ai trouvé aberrant que les sénateurs veuillent s’exclure de la loi sur le non- cumul. Le critère qui aurait dû être posé, c’est celui de la taille des collectivités que l’on gère. Comment peut faire le maire d’une grande agglomération pour être aus- si parlementaire ? Je me le demande. Pour le maire d’une petite commune, les choses devraient être vues différemment. L.P.P. :Manque-t-il en France un vrai statut de l’élu ? P.G. : Certainement. Moi j’ai l’avantage d’être fonctionnaire, mais le système de retrouver son emploi après un ou plusieurs mandats, ça n’existe pas dans le privé, comment le mettre en place ? Ce qui me paraît aberrant par exemple c’est que le

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maire d’une petite commune ne touche pas plus de 800 euros par mois. On ne peut pas en effet faire vivre sa famille avec ça. Il faut peut-être réfléchir à ce gen- re de questions si on veut résoudre une partie du pro- blème. Peut-être faut-il éga- lement trouver un système qui permette à un élu, issu du privé ou du public, de bénéficier d’une période de six mois à l’issue de son mandat pour remettre à niveau ses connaissances et ainsi pouvoir se réinté- grer plus facilement dans la vie professionnelle. Ce système pourrait inciter plus d’élus issus du privé à s’engager. Propos recueillis par J.-F.H.

“Une question de respect par rapport à l’électeur.”

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© Arnaud Castagné

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