La Presse Pontissalienne 163 - Mai 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 163 - Mai 2013

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POLITIQUE

Christian Bouday “Le Haut-Doubs ne peut pas vivre uniquement de l’Eldorado suisse” Après la station de Métabief et le tremplin de Chaux- Neuve, Christian

L a Presse Pontissalienne :Vous venez de prendre la prési- dence du nouveau syndicat mixte des zones humides du Haut-Doubs. À quoi va servir cette structure ? Christian Bouday : Je porte ce dos- sier depuis plusieurs années au titre de président de la Com- mission Locale de l’Eau. Ce nou- veau syndicat mixte réunit le Conseil général et les commu- nautés de communes Mont d’Or- Deux Lacs, C.C.L., C.F.D. (Fras- ne-Drugeon) et Montbenoît. Il a la compétence “milieux aqua- tiques” et sera chargé de toutes les problématiques de l’eau à l’échelle du bassin-versant du Haut-Doubs : rivières, lacs, zones humides, zones Natura 2000. On ne s’occupe pas des ques- tions d’eau potable et d’assainissement. Il s’agira de mettre en application les pré- conisations du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau Haut-Doubs-Haute- Loue. C’est logique de fonctionner sur ces deux bassins-versants quand on sait les nombreuses circulations souterraines qui les unissent. L.P.P. : Ce nouveau syndicat devait s’étendre au départ, de la source au Saut du Doubs, mais aujourd’hui ce linéaire est tronqué aux deux extré- mités par le refus des collectivités concernées d’adhérer. La porte leur est-elle toujours ouverte ? C.B. : Bien sûr, et c’est même sou- haitable que les communautés de communes des Hauts du Doubs et duVal deMorteau nous rejoignent dans la démarche. On peut même y associer Alti- tude 800. L.P.P. : Qui va assurer les financements de cette nouvelle structure ? C.B. : Le fonctionnement est sou- tenu par l’Agence de l’Eau à hauteur de 50 %. Le reste se Bouday vient de se voir porté à la tête du syndicat mixte des zones humides du Haut-Doubs. De larges responsabilités en termes d’aménagements touristiques et environnementaux pour le seul représentant du Conseil général dans le Haut-Doubs qui fait le point.

“Le Haut- Doubs ne doit pas refuser d’investir dans le développement touristique qui constitue une source d’emplois non

délocali- sables”, estime Christian Bouday.

du secteur, sauf pour le process de neige qui sera réalisée par une société des Alpes. Avec la conjoncture, on a bénéficié d’un rabais de 20 % sur le budget qui passe de 6,5 à 5,5 millions d’euros. L.P.P. :C’est l’outil qui va assurer l’avenir de la station ? C.B. : On devrait faire de meilleures saisons avec aumini- mun cent jours d’exploitation, de la Saint-Nicolas à la Saint- Patrick comme dit le directeur Olivier Érard. On n’y arrivera pas tout seul, sans une volonté d’investissement privée en héber- gement, en restauration… L.P.P. : Comme vous présidez égale- ment aux destinées des tremplins de Chaux-Neuve, quels sont les projets 2013 ? C.B. : On va terminer les travaux pour mettre le tremplin aux normes d’été avec un revête- ment adapté et qui permettra d’accueillir des épreuves de la coupe du Monde. L.P.P. : Et la Voie verte ? C.B. : Contrairement à ce que tout le monde pense, rappelons que je ne suis pas chargé de pilo- ter ce projet qui est géré par les services du Conseil général. Je m’y intéresse forcément en étant le seul représentant local du Département. La Voie verte

continue son chemin lentement mais sûrement. Le dossier est dans sa phase technique et fon- cière avec l’acquisition en cours de 3 hectares répartis entre une centaine de propriétaires. L.P.P. : Des nouvelles du Conifer ? C.B. : Oui. Il y a eu une avancée importante sur le dossier Coni- fer. Après avoir essayé de conven- tionner avec la commune de Montperreux, celle-ci a finale- ment accepté de vendre les ter- rains d’emprise du tracé au Conseil général. Ce qui laisse entrevoir le prolongement de la ligne en direction du château de Joux. Une bonne nouvelle et un beau cadeau d’anniversaire pour les 20 ans du Conifer qui seront célébrés cet été. On pour- suivra bien sûr ce travail d’acquisition foncière sur Oye- et-Pallet et La Cluse-et-Mijoux en espérant un jour rallier Pon- tarlier dans un sens et Méta- bief dans l’autre. L.P.P. : Avec tous ces mandats sur le Haut-Doubs, inutile de vous deman- dez si vous croyez au bien-fondé du développement touristique ? C.B. : C’est important d’investir dans ce sens même si cela néces- site de savoir faire preuve d’ouverture. Le Haut-Doubs ne peut pas vivre uniquement de l’Eldorado suisse. Propos recueillis par F.C.

tion. La station a retrouvé une équipe soudée et compétente. Je pense qu’on a trouvé la bon- ne formule de fonctionnement. L.P.P. :Vous voulez toujours mobiliser davantage les collectivités adhérentes ? C.B. : Le Conseil général sou- haiterait en effet une implica- tion financière plus forte de ces communes. D’après l’enquête de satisfaction menée cet hiver, la clientèle de la station a bien apprécié la partie neige mais pointait du doigt un manque d’animation hors neige. L.P.P. : Les grandes manœuvres ont commencé avec le chantier de neige arti- ficielle. Où en êtes- vous ?

C.B. : Avec tout ce que j’ai fait sur le Drugeon et de par mes responsabilités actuelles au Conseil général, j’apporte à la fois une vision locale et globa- le dans la connaissance des dos- siers. Ma responsabilité sera de réussir à reproduire ce qui se fait sur le Drugeon à l’échelle du bassin du Haut-Doubs et du lac Saint-Point dont l’État pro- jette de se séparer au profit d’une collectivité territoriale. Comme la Région n’est pas intéressée, ce transfert du domaine fluvial devrait revenir au Conseil géné- ral qui a déjà accepté la propo- sition. L.P.P. : Quels sont les enjeux du lac ? C.B. : Il y a la problématique de restauration du barrage et la question de remonter le niveau du lac. On pourra ainsi mieux réguler les pertes du Doubs en aval de Pontarlier. On aura d’autres dossiers à traiter : les tourbières de Malpas, les zones humides entre Oye-et-Pallet et La Cluse-et-Mijoux et le ruis- seau de la Morte. L.P.P. : En tant que président du syn- dicat mixte du Mont d’Or, quel bilan tirez-vous de la saison hivernale à Métabief ? C.B. : C’est très encourageant sur le plan financier mais égale- ment au niveau de l’état d’esprit insufflé par la nouvelle direc-

répartit entre le Conseil général pour 40 % et les communautés de communes pour 60 %. Le budget est en prépara- tion. Il sera voté en mai pour que le syndicat puisse ensuite être opé- rationnel. L.P.P. : Vous aurez du personnel ? C.B. : Les trois sala- riés de la C.F.D. qui travaillent sur le Drugeon seront probablement

“Métabief a retrouvé une équipe soudée.”

transférés au syndicat. D’autre part, le Conseil général met gra- cieusement à disposition un ingénieur, Cyril Thévenet, qui est aussi chef du service envi- ronnement au Conseil général. Il consacrera la moitié de son temps de travail à diriger les syndicats mixtes duHaut-Doubs et de la Loue. C’est le signe d’un rapprochement fort dans les objectifs entre les deux syndi- cats. Mais on n’est pas du tout dans une démarche de fusion. L.P.P. : Un élu de la C.F.D. postulait éga- lement à la présidence de ce nouveau syndicat que vous avez finalement décroché haut la main. Qu’est-ce qui a fait la différence, selon vous ?

“La Voie verte avance lentement mais sûrement.”

C.B. : Les travaux ont commencé par le décapage de la réserve col- linaire qui devrait se terminer fin mai. On est en publique sur les autres lots. Tous les travaux ont été approuvés et 7 lots mis en adju- dication. Les entreprises rete- nues sont prati- quement toutes procédure d’enquête

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