La Presse Pontissalienne 163 - Mai 2013

SOCIÉTÉ 38

La Presse Pontissalienne n° 163 - Mai 2013

PHÉNOMÈNE Plusieurs faits inexpliqués Le Haut-Doubs des miracles Pontarlier sauvé des flammes, un aveugle qui retrouve la vue : le Haut-Doubs serait une terre de miracles. La Presse Pontissalienne, aidée par l’historien Jean-Michel Blanchot, retrace les plus illustres. Il a défrayé la chronique. Début mars, un Mortuacien affirmait avoir recouvré la vue après s’être nettoyé les yeux dans la grotte de Remonot, occasionnant un déchaînement média- tique et recrudescence de visites. Le Haut-Doubs serait-il un “Notre-Dame de Lourdes” ? Un peu. L’historien maîchois Jean-Michel Blanchot travaille actuellement sur le sujet : il consacre sa thèse de Doctorat à l’Université de Lyon 2 sur cette question des miracles “dont la plupart sont attri- bués à la dévotion de Notre-Dame des Ermites, la Vierge noire d’Einsiedeln (Suisse) qui était le Notre-Dame de Lourdes des Comtois à cette époque” explique l’universitaire. Récit des plus illustres. Environ 400 seraient comptabilisés dans l’Est de la France.

Pontarlier sauvé des flammes.

Lièvremont, l’incendie de 1729.

Le 25 octobre 1675, un très vio- lent incendie ravage une par- tie de la ville de Pontarlier. Le Magistrat pontissalien, qui cul- tive une dévotion particulière à Notre-Dame des Ermites, a recours avec succès à l’intercession de la vierge noi- re. Un scénario identique se reproduit le 4 octobre 1680. Un nouvel incendie, aggravé par un vent très fort, menace le sec- teur de la Grande rue. Un second vœu va de nouveau sauver la cité pontissalienne grâce à une forte pluie qui survient alors que le temps était clair, rap- porte la tradition. Le Père Gra- tian de Salins, le gardien du couvent des Capucins de Pon- tarlier, se rend à Einsiedeln (Suisse), par procuration du magistrat, et offre un ex-voto . Pendant de nombreuses années, une “messe du feu” est dite chaque année dans une cha- pelle spécialement aménagée en l’honneur de Notre-Dame des Ermites à Saint-Bénigne, où le 19 juillet 1693, une copie de la statue est transportée grâ- ce à l’abbé Claude Jacquet. La Cluse-et-Mijoux. La Cluse-et-Mijoux, c’est la cha- pelle de Montpetot : il n’y a pas de miracle identifié mais la pré- sence de deux ex-voto - très endommagés - dont l’un montre quatre personnages devant la fontaine de la Vierge noire : on estime cette toile vers la pério- de Louis XIV. Les historiens ignorent quel est le miracle à l’origine de cet ex-voto .

Un énorme incendie touche Liè- vremont. Une bâtisse est épar- gnée par miracle. En remercie- ment, un ex-voto est offert à l’église. Il s’agit d’un superbe vitrail.

Le serment des Fontenottes fait par les enfants de Pierre Guillot a permis de

Le malade de Goumois miraculé après 32 mois de fièvre.

Il arrive parfois que le prêtre de la paroisse, après avoir assis- té au miracle, se rende en pèle- rinage pour le certifier sur le Livre des miracles d’Einsiedeln, le lieu de pèlerinage le plus important consacré à la Vierge Marie de Suisse. C’est le cas de l’abbé Mori de Goumois. L’un de ses paroissiens, Claude Vuille, est atteint d’une fièvre lanci- nante durant trente-deux mois. Ce dernier consulte de nom- breux médecins, allant même jusqu’à Montpellier. En vain et ce, après avoir déboursé beau- coup d’argent. Il apprit à Gou- mois que la Sainte Vierge des Ermites fait à ceux, qui se confient à elle, des grâces. Il pro- mit un voyage à la Sainte-Vier- ge et à mesure qu’il s’approchait du saint lieu, il sentait ses dou- leurs diminuer. “Arrivé, et ayant fait sa dévotion, il était guéri. L’attestation de ce miracle est écrite et signée par Jacques Mori, curé de Goumois au Diocèse de Besançon, en date du 8 octobre 1697.”

sauver la vie de leur père.

À Pontarlier, on célébrait la “messe du feu” à Saint- Bégnine pour remer- cier des deux miracles.

Maîche, Agathe Mougin l’égorgée ressuscitée.

Agathe Mougin, épouse d’Étienne Jaquet, en 1730 à Maîche, est victime d’un voleur. Seule avec deux enfants et enceinte du troisième, deux coups de couteau lui sont portés dont un lui ouvrit le sein, “de maniè- re, qu’elle baignait dans son propre sang.” Le chirurgien décla- ra ses blessures incurables. C’est à ce moment que la Vierge noi- re d’Einsiedeln fut appelée. “Le sang cessa de couler de ses plaies, qui se fermèrent d’une manière miraculeuse.” Le lendemain, elle se rendit dans l’église parois- siale, où elle fit sa confession et communion. Ce miracle est cer- tifié par le mari et le chirurgien, qui vinrent rendre leur vœu à l’abbaye d’Einsiedeln en 1730. Une des voûtes de l’église de Maîche s’est effondrée pendant la prière des enfants (date non divulguée). Elle aurait été déviée grâce à Saint-Modeste. “Je ne retrouve rien dans les archives mais cette histoire est connue” explique Jean-Michel Blanchot. LaVierge noire d’Einsiedeln est souvent appelée pour soigner les maladies, fractures, consé- cutives à un accident, calcul, pierre, mal de rein, hernie, para- lysie ou perclusion, fièvres peut aussi sauver des accidents, com- me les chutes de cheval, com- me à Charmauvillers où Jacques Rondot, en 1690, survit après une lourde chute. Maîche, la toiture de l’église s’effondre. À Charmauvillers, il survit après une chute de cheval en 1690.

Le pépé du Val Conselin (Les Combes). Au XIX ème siècle, un agriculteur revenant de la foire de Pontar- lier avec deux autres amis s’arrête au-dessus des rochers de Remo- not pour satisfaireunbesoinnatu- rel. Lorsqu’il reprit la route pour rejoindre ses compères, un brouillard épais lui fit perdre l’orientation. Il partit en direc- tion de la falaise… et tomba 20 mètres plus bas sans aucune bles- sure. Ses amis inquiets de ne le voir firent le tour de la roche et arrivèrent au pied de la grotte de Remonot où l’homme,à genou, priait devant la vierge. Depuis, des descendants du pépé du Val Conselin se retrouvent à Remo- not pour “célébrer” le miracle.

Au Russey, l’héritier assassiné revient à la vie en 1714.

Charles-Louis Guillemin, du Russey, se rend à Rome afin d’accepter l’héritage d’un oncle maternel. En s’écartant de son chemin, il se rendit à l’Ermitage (lieu sacré) afin d’éloigner de lui tous les dangers d’un long voyage. Quand il eut atteint Rome, il retira de l’argent des biens qui lui revenaient en héri- tage. Sur la route du retour, à Yverdon, où la route très res- serrée ne permettait pas à deux personnes descendues de che- val de se croiser, Charles reçu un terrible coup de bâton des mains d’un homme qui l’accompagnait pour le proté- ger. Ce dernier se saisit d’un couteau et lui porta des bles- sures nombreuses et mortelles. Il récupéra son argent et aban- donna son compagnon. Deux hommes du pays trouvèrent Charles, “le corps ouvert de par- tout et déversant son sang.” Aucun médecin ne pouvait le sauver. Charles “pria la Mère de Dieu” qui “lui fournit de nou- velles forces et referma ses bles- sures. Il se rendit en hâte à l’Ermitage et là ses importantes cicatrices renforcèrent sa foi.” Morteau, la chapelle des Fontenottes et les Suédois. Lors de Guerre de 10 ans, Pier- re Guillot est attrapé par les Suédois (1639) puis traîné à che- val. Ses enfants prient et pro- mettent à laVierge noire d’ériger une chapelle si leur père est épargné. Il le sera. Les fils tien- dront leur parole.

À Lièvremont, un vitrail rappelle le miracle de l’incendie de 1729.

La fontaine Saint-Léger à Terres-de-Chaux.

Une fontaine cracherait une eau précieuse. Quiconque se frotte- rait les yeux avec son eau recou- vrera la vue. E.Ch.

Le miracle du pépé Val Conselin tombé de la roche de Remonot réunit ses descendants pour rappeler le miracle.

À Grand-Combe-Châteleu, un ex-voto rappelle qu’une ferme a échappé aux flammes par miracle.

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