La Presse Pontissalienne 163 - Mai 2013

PONTARLIER ET ENVIRONS

d’estimer les retombées. C’est encore plus complexe de rap- porter l’activité en nombre d’emplois. La filière touristique du Haut-Doubs représenterait un ensemble de 800 emplois au 1 er janvier de chaque année, soit 7 % des actifs du territoire. Le montant des recettes fiscales liées au tourisme avoisine 6,3 millions d’euros. “Il nous reste à effectuer l’analyse des investissements en fonction du finan- ceur, des types d’hébergement et d’activité” , poursuit Jean-Luc Girod. Ceux qui croient encore que le tou- risme du Haut-Doubs reste florissant se trompent. L’activité est en perte de vitesse par rapport aux années quatre- vingt mais pèse quand même encore un peu en terme d’emplois et de retom- bées. Patrick Genre qui préside le Pays du Haut-Doubs y croit et ose même les comparaisons ludiques. “On a beau- coup d’atouts dans notre jeu. Il faut qu’on arrive à mener le petit au bout. À court terme, on va être obligé de réflé- chir à la création d’un office de tou- risme de pôle.” F.C. Les retombées en millions d’euros Hébergement 22 Restauration 11 Alimentation 13 Loisirs, visites 8,7 Autres dépenses 17,4 de la population ? M.M. : Nous allons créer une crèche à Jougne pour 80 enfants. D’autres pro- jets sont en gestation. La communau- té de communes doit se pencher sur la question. Ce débat, je le mène depuis des années. J’ai travaillé en Suisse. J’ai pu constater que les cadres français pré- féraient s’installer directement de l’autre côté de la frontière car ils ne trouvaient pas tous les services sur notre territoi- re comme une crèche par exemple. Ces infrastructures sont pourvoyeuses d’emploi et nous passons à côté. L.P.P. : L’évolution de la population justifierait- elle selon vous la construction d’un collège ? M.M. : En 1998, lorsque j’étais encore conseiller général, un collège devait être construit à Métabief. Finalement priorité a été donnée à Doubs. Je pen- se en effet qu’il faudra s’interroger sur la pertinence de déplacer des gamins en bus pendant 3/4 d’heure le matin pour les conduire au collège deMouthe. Cependant, si un nouveau collège se construit sur notre secteur, il ne doit pas se faire au détriment de celui de Mouthe qui est en cours de rénova- tion. L.P.P. : Est-ce que finalement le secteur du Mont d’Or et des Deux Lacs ne s’est-il pas laissé accaparer par la question du tourisme, occultant toutes les autres problématiques inhérentes à l’accompagnement de l’évolution de la population, conséquence du dynamis- me de l’économie suisse ? M.M. : Le tourisme est important, mais c’est une corde de plus à notre arc. Il faut que l’argent public aille en prio- rité vers le service public. Il y a main- tenant des choix politiques à faire pour ce territoire. Propos recueillis par T.C.

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La Presse Pontissalienne n° 163 - Mai 2013

ÉTUDE

72,4 millions de chiffre d’affaires

Tourisme : l’équivalent de 800 emplois sur le Pays du Haut-Doubs

touristique au lac ou l’enneigement artificiel à Métabief. Des projets à gros millions qui suscitent aussi de gros débats politiques. D’où l’intérêt de cerner le plus préci- sément le poids réel du tourisme et de mesurer les volumes d’aides pour aboutir in fine à une analyse objecti- ve du fonctionnement touristique à l’échelle du Pays du Haut-Doubs. La période étudiée s’étend de 2004 à 2011.

Les premiers chiffres de l’étude sur le poids du tourisme dans le Haut-Doubs ont été présentés à l’Assemblée générale du Pays du Haut-Doubs qui pilote ce travail encore en cours d’analyse.

L es clichés ont la vie dure. Beaucoup de personnes auraient encore tendance à surestimer le poids du tou- risme dans le Haut-Doubs.

Probable aussi que la place du tou- risme dans les médias participe à ce décalage de perception. Difficile d’échapper aux articles, aux repor- tages sur les projets d’aménagement

“L’image est galvaudée. 71 % des déci- deurs extérieurs considèrent le tou- risme comme l’activité principale du secteur” , explique Jean-Luc Girod, le vice-président du Pays du Haut-Doubs.

Le secteur compte près de 33 000 lits touristiques et le nombre annuel de nuitées s’élève en moyenne à 1,830 mil- lion en associant l’hébergement mar- chand et les rési- dences secondaires. “La consommation touristique atteint 72,4 millions d’euros par an, soit 8,3 % de la consommation totale sur le territoi- re” , poursuit Jean- Luc Girod en souli- gnant la difficulté

8,3 % de la consommation totale sur le territoire.

Le tourisme n’est pas un poids lourd dans l’économie du Haut- Doubs, malgré ses attraits indéniables.

La réaction de Michel Morel

“Le tourisme n’est qu’une corde de plus à notre arc” Le président de la communauté de communes Mont d’Or- Deux Lacs constate que la question du tourisme ne doit pas occulter les problématiques de service public inhérentes à ce territoire confronté à une forte évolution démographique.

L a Presse Pontissalienne : Le Mont d’Or et les lacs est un des secteurs qui connaît une des plus fortes progres- sions démographiques du Haut-Doubs. Or les services publics sont en retard sur ce déve- loppement. Vous manquez par exemple de médecins. Quelle est la réalité de la situa- tion ? Michel Morel : Notre territoire est en pleine progression démographique. La communauté de communes Mont d’Or- Deux Lacs comptait 8 000 habitants il y a une dizaine d’années. Nous serons 14 000 d’ici deux ans et 16 000 en 2020. J’ajoute que pendant la saison tou- ristique, la population augmente.Alors que les ratios indiquent qu’il y a un médecin pour 950 habitants, nous n’en avons que trois pour 8 000 sur notre secteur. Compte tenu de la taille de ce bassin de population, il nous manque des médecins généralistes mais aus- si des spécialistes.

L.P.P. : Où en est le projet de maison de santé de la com- munauté de communes Mont d’Or-Deux Lacs ? M.M. : Nous avons acquis un terrain auxHôpitaux- Neufs. L’étude est ter- minée. Le projet doit nor- malement démarrer à l’automne. Je rappelle qu’il y a 24 maisons de santé en Franche-Com- té actuellement. L.P.P. : Il manque des méde- cins, mais aussi des struc- tures pour la petite enfance puisqu’on estime à plus de 200 le nombre de places en crèche qu’il faudrait créer pour répondre aux besoins

“Un collège devait être construit à Métabief.”

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