La Presse Pontissalienne 163 - Mai 2013

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 163 - Mai 2013

18

IMPÔTS

Avant le 27 mai ou le 7 juin Impôts : les frontaliers font grimper la note 1 000 personnes sont assujetties à l’impôt sur la fortune (I.S.F.) dans le Doubs, dont une partie grandissante dans le Haut-Doubs. La moyenne de 2 500 euros par foyer fiscal est largement dépassée à Pontarlier où la Trésorerie générale rallonge l’heure d’ouverture de ses guichets pour répondre aux questions des frontaliers.

Philippe Chantereau, directeur régional des finances publiques : “À défaut de rendre l’impôt agréable, on le rend lisible”.

L a fameuse lettre bleue estampillée d’uneMarian- ne est sans doute arrivée dans votre boîte postale, glis- sée entre une feuille de publi- cité et un journal. Si l’impôt n’est jamais agréable, “on essaye de le rendre plus facile” image Alain Chantereau, le directeur régional des finances publiques.

qui déclarent sur papier et le 7 juin pour ceux qui pré- fèrent Internet. Au centre des impôts de Pon- tarlier, le person- nel est sur le qui- vive. “Trop souvent, les per- sonnes viennent à la dernière minu- te ce qui occa- sionne de longues files” regrette le responsable char-

Un moyen, comme un autre, de rassurer les personnes impo- sables qui vont en moyenne débourser 2 500 euros pour s’acquitter de cette somme à l’État dans notre département. “C’est une moyenne plus forte que dans d’autres départements, poursuit de son côté Jean-Chris- tophe Royer, chargé de la fisca- lité. Cette somme est due en par- tie à l’effet frontalier. On note une progression des personnes assujetties à l’I.S.F. dans cette zone.Dans lemême temps,Besan- çon se maintient.” Dans le pays de Montbéliard à l’inverse, la propension de foyers non impo- sables est plus forte. “L’I.S.F. est en retrait dans cette zone” témoigne Jean-Christophe Royer. Au total, 247 480 foyers fiscaux déclarent leurs revenus dans le Doubs. Parmi eux, 155 411 sont imposés, soit 55,62 %, repré- sentant 426 millions d’euros de recettes fiscales. Cette année, le chiffre pourrait augmenter “du fait de l’effet frontalier, ou des raisons techniques comme le rabot des niches fiscales que sont par exemple le Scellier ou mécaniquement parce que des foyers sont entrés dans une nou- velle tranche.” Cette année, la date de dépôt des déclarations est légèrement avancée :le 27mai pour les foyers

À Pontarlier, les agents disponibles jusqu’au 27 mai.

TERROIR Avant le Ricard Le Pontarlier, pionnier

gé de la fiscalité. À Pontarlier, les agents seront disponibles du 29 avril au 27 mai pour recevoir les déclarants. “Avec une spéci- ficité : un horaire rallongé à 17 heures (du 13mai au 27mai) pour permettre aux travailleurs frontaliers qui rentrent tard de venir chercher des conseils” note la direction des finances publiques. L’année dernière dans le Doubs, la collectivité a accueilli 56 000 usagers, répondu téléphoni- quement à 41 700 personnes. Les internautes sont de plus en plus nombreux à télédéclarer. Nouveauté cette année, il n’est plus obligatoire de joindre tous les justificatifs. L’impôt s’est sim- plifié. Mais il n’a pas baissé… E.Ch.

des boissons anisées

D ans le langage méridional,“pas- tis” a une signification qui peut faire sourire. Littéralement, on peut le traduire par “embrouille”. De là à dire qu’il y a quelque chose de pas clair dans le monde des boissons ani- sées, il y a un grand pas que person- ne ne s’autorisera à franchir. Mais le trouble qui s’insinue quand on se penche sur l’histoire ne vient pas seu- lement du contact de l’eau et de l’anis. Non, qu’on se le dise et que l’on ren- de à César ce qui est à César et aux Francs-Comtois ce qui est aux Francs- Comtois : l’apéritif anisé pas plus que la Marseillaise ne sont nés à Mar- seille, mais en Franche-Comté ! Une information à divulguer sans modé- ration sur laquelle revient François Entreprise du patrimoine vivant, la distillerie Guy est à l’origine de l’arrivée sur le marché d’un pro- duit anisé connu par les Francs-Comtois sous le nom de “Pont”. Dix ans avant le pastis qui pourtant a connu lui un véritable essor à force de coups marketing.

François Guy est un inlassable ambassadeur de la boisson créée par ses ancêtres.

La déclaration à renvoyer avant le 27 mai et 7 juin par internet.

outil de production, à savoir leurs alambics à l’arrêt forcé, ils vont trou- ver la formule magique. Économi- quement en tout cas. Une nouvelle loi de 1921 va leur per- mettre de mettre en place cette nou- velle boisson qui n’a rien à voir avec le produit méridional né tout juste dix ans plus tard. Ce dernier est obtenu par macération de plantes dans l’alcool ce qui au final ne donne pas le même goût, “ni le même coût car il est plus cher de pratiquer la distillation” pour- suit François Guy. Un novice parlera donc assez facilement de produit plus naturel en évoquant le Pont sans pour autant être soupçonné de chauvinis- me régional. “Ce qui a fait la diffé- rence c’est l’énorme publicité faite dans les années trente par les autres pro-

ducteurs de boissons anisées. Ils ont inondé le marché et ont réussi à faire entrer leur boisson dans les habitudes des Français.” Le Pontarlier-Anis, lui, reste majori- tairement commercialisé dans la région. “À 75 % en effet. 15 % de la pro- duction par dans les cafés, chez les cavistes ou dans les épiceries fines du reste de la France où les Francs-Com- tois déracinés sont bien contents de retrouver ce produit de leur terroir. Et 5 % sont destinés à l’export.” Petite anecdote savoureuse pour conclu- re distillée, elle aussi, par François Guy : “Paul Bocuse a coutume de dire que le Pontarlier est la seule boisson anisée qu’il peut boire à l’apéritif et qui n’altère pas le goût de ce qu’on mange ensuite.”

Zoom Qui sont les fraudeurs ?

Guy, descendant de ce distillateur qui un jour créa le Pontarlier. “Pour fabriquer du Pon- tarlier-Anis, on utilise le même procédé de dis- tillation que pour l’absinthe avec un dis- tillat d’anis ainsi obte- nu qui sort avec un degré d’alcool de 68 à 72°” explique le successeur de Georges et Armand Guy qui, suite à l’interdiction de l’absinthe en 1915 ont dû trouver une recette pour pérenniser leur entreprise.Avec lemême

L’hommage de Paul Bocuse.

Dʼaprès la direction générale des finances publiques, la fraude est faible. Dʼabord parce que les moyens pour contrôler les déclara- tions des foyers sont aujourdʼhui simplifiés et aussi par la peur du gendarme. Néanmoins, certains tentent de sʼinventer des niches fiscales. Ou oublient de déclarer un arrêt-maladie. Cela va du rap- pel à lʼordre à la condamnation financière puis pénale. Dans le Doubs, entre 3 000 et 4 000 déclarations sont litigieuses et ren- voyées en août aux déclarants, qui, très souvent, se remettent dans le droit chemin. Et lʼaffaire Cahuzac dans tout cela ? “Je le martèle, tous les contrôles ont été faits dans un cadre légal, explique le directeur régional. Pour lʼinstant, mes services ne mʼont pas signalé dʼévocation massive de lʼaffaire.”

Made with FlippingBook Annual report