La Presse Pontissalienne 161 - Mars 2013
LA PAGE DU FRONTALIER 42
La Presse Pontissalienne n° 161- Mars 2013
TRANSPORT 60 à 70 voyageurs par jour La solution du fer sans le goût du bouchon Les élus régionaux et les opérateurs de la ligne Pontarlier- Frasne-Vallorbe étaient du voyage le 14 février au petit matin entre Vallorbe et Pontarlier. Confirmation d’un succès pressenti.
Les élus régionaux sont venus à la rencontre des usagers du Pontarlier-Frasne-Vallorbe qui affiche pratiquement complet.
S i l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, les fron- taliers ont encore de beaux jours devant eux. Il fallait être debout dès potron-minet en ce matin du 14 février pour véri- fier in situ l’intérêt du Pontar- lier-Frasne-Vallorbe. Mis en cir- culation en décembre dernier, cette nouvelle liaison fronta- lière quitte la capitale du Haut- Doubs à 5 h 24. Ce jour-là, une dizaine d’habitués tout au plus embarque à Pontarlier. Pas de quoi fouetter un chat quand on sait le potentiel de frontaliers susceptibles de se rendre en train sur leur lieu de travail. On se dit alors que la partie est loin d’être gagnée. À quoi cela
jet. “Vous êtes en train de confirmer qu’on a eu raison” , indique-t-il aux voyageurs. Per- sonne ne pourra contester au Conseil régional l’intérêt d’avoir investi 280 000 euros dans cette opéra- tion. Soit 75 % du coût global. Le reste étant à la charge du canton de Vaud. “On étu- die déjà la possi- bilité de mettre
sert de proposer des alterna- tives aux bouchons routiers si personne ne saisit cette belle opportunité ferroviaire ? Un peu de patience. La bonne surprise arrive en gare de Frasne avec la montée de plusieurs dizaines de passagers supplémentaires. “La fréquentationmoyenne varie entre 60 et 70 voyageurs par jour pour une capacité de 80 places assises. Trois quarts des per- sonnes travaillent à Vallorbe et le reste prend une correspon- dance pour la vallée de Joux” , précise Christophe Mouget, res- ponsable du pôle production T.E.R. Franche-Comté. C’est mieux que la ligne frontalière Pontarlier-Val-de-Travers qui attire seulement entre 10 et 20 usagers. Le départ à 6 h 51 ne semble pas en adéquation avec les ouvertures des entreprises, même s’il peut sembler logique qu’elles aussi fassent des efforts de ce côté-là. Les frontaliers redécouvrent les avantages du train : confort, sécurité sans le stress de la cir- culation routière. “On regrette d’avoir à payer deux abonne- ments au lieu d’un seul” , note une voyageuse. L’abonnement mensuel s’élève à 224 euros sur le Pontarlier-Frasne-Vallorbe- Vallée de Joux en sachant que la part suisse est deux fois supé- rieure à la française pour un kilométrage sensiblement iden- tique. “La différence s’explique car le fer est beaucoup moins subventionné enSuisse” , explique l’un des représentants vaudois de l’AssociationTransport Envi- ronnement. Alain Fousseret, le vice-prési- dent de la Région en charge des transports est on ne peut plus satisfait de l’évolution de ce pro-
“On est déjà en pourpar- lers pour mettre une seconde rame”, indi- quait aux voyageurs Alain Fousse- ret, le vice- président de la Région en
Entre 60 et 70 voyageurs par jour.
charge des transports.
une seconde rame” , confirme l’élu régional. Le maire de Pontar- lier Patrick Genre qui était lui aussi du voyage apprécie l’utilité de cette dépense même s’il siè- ge dans l’opposition régionale. En réflexion figure également l’éventualité d’un arrêt supplé- mentaire à Labergement-Sain- te-Marie. Sauf que les quais seraient a priori trop courts. Mais, comme on dit, quand on veut…Certains estiment même qu’il serait pertinent d’ouvrir les T.G.V. du soir aux frontaliers sous réserve d’une tarification aménagée en conséquence. Alain Fousseret n’est pas le seul à savourer ce retour d’expérience très significatif. “Cela fait telle- ment longtemps qu’on attendait cela. Cette liaison a toute sa rai- son d’être compte tenu de l’environnement économique” , note satisfait Stéphane Cos- tantini le maire de Vallorbe, lui aussi favorable à l’ouverture des T.G.V. Vive la Suisse, en train. F.C.
JOUGNE
Partage de tâches à la douane Douane : la France porte la culotte Qui déneige la douane de Vallorbe ? Qui s’occupe de l’entretien des W.-C. ? Qui paye les factures d’électricité ? Depuis 2003, Français et Suisses se partagent les tâches et les coûts d’entretien. Les joies de la colocation.
A la douane de Vallorbe, les deux pays se partagent les frais d’entretien.
P our être un couple, il faut être deux. Un pour prendre les déci- sions, l’autre pour exécuter. Drô- le de conception de la vie en commu- nauté. À la douane de Vallorbe, la cohabitation entre Français et Suisses coule comme un long fleuve tranquille. Enfin presque. Chacun vit sa vie, dans son pays. Depuis 2003, une nouvelle convention désigne les “tâches” à accom- plir pour chacun des copropriétaires partageant ce bout de frontière. Les Français ont à charge le déneige- ment de la route nationale 57 via les services de la D.I.R.-Est ainsi que le parking de transit pour les poids lourds.
Les agents de l’État ont la permission d’entrer sur le territoire suisse (pas plus de 300 mètres) avec leur saleuse pour retourner au giratoire afin d’éviter une manœuvre trop périlleuse avant de repasser les deux postes de doua- ne, l’un français, l’autre suisse. Le
au “noir”, elle s’occupe - aussi - de mettre au propre… les toilettes. Les Suisses, forts dans la négociation, ont réussi à demander à leurs homologues de nettoyer et remettre le papier W.- C. dans un lieu d’hygiène situé en ter- ritoire suisse. Il fallait que quelqu’un s’y colle. En contrepartie, les Helvètes gèrent et payent l’éclairage, le nettoyage des réseaux, le marquage au sol, les glis- sières de sécurité. À la fin de l’année, “un partage équitable est opéré entre les deux parties” rapporte la D.I.R.- Est. C’est sûr, Français et Suisses ont tout d’un couple modèle…
déneigement du parking des poids lourds est net- tement plus délicat car il nécessite de nombreuses manœuvres dans un endroit souvent rempli de poids lourds stationnés ici durant la nuit. Si la France met la route
La France et les toilettes.
Alain Fousseret et Patrick Genre ont été accueillis par Stéphane Costantini par le maire de Vallorbe.
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