La Presse Pontissalienne 161 - Mars 2013

FRASNE - LEVIER 30

La Presse Pontissalienne n° 161 - Mars 2013

ENVIRONNEMENT Le campagnol met les agriculteurs en boule Lutte contre le campagnol : l’État veut abaisser les seuils Nouvelle polémique autour de l’utilisation de la bromadiolone. Un arrêté ministé- riel, en préparation, prévoit d’abaisser le seuil de traitement. La F.R.E.D.O.N. s’inquiète pour la survie d’exploitations. Annie Genevard (U.M.P.) monte au cré- neau alors que Français Mandil (E.E.L.V.) souhaite “l’abandon du chimique.”

R endant que les campagnols sont au chaud sous la neige, à l’abri du gel et des prédateurs, agri- culteurs et politiques s’écharpent autour de la lutte contre ce nuisible à l’origine de nombreux dégâts, notam- ment dans les cultures de Levier et Amancey l’été dernier. L’État prépare un arrêté interministériel en vue d’abaisser le seuil de traitement à la

bromadiolone (anticoagulant) des cam- pagnols de 50 à 33 %. Coup de massue pour la profession. Victoire pour les écologistes. Deux mondes s’opposent. “Des exploitations du Haut-Doubs connaissent de graves difficultés de trésorerie à cause des dégâts. En abaissant le seuil de trai- tement, on peut nourrir de nouvelles inquiétudes” témoigne Fabrice Cue-

not, président de la F.R.E.D.O.N., fédé- ration de défense contre les organismes nuisibles qui aide et conseille les agri- culteurs dans la lutte contre le cam- pagnol. Les cantons de Levier et Aman- cey, fortement touchés l’année dernière, pourraient encore connaître un pic de pullulation cette année. À l’annonce de cette décision prise au sommet de l’État, la députée du Doubs Annie Genevard dit “avoir interpellé le ministre de l’Agriculture à plusieurs reprises pour demander, en urgence, un moratoire sur cette question.” Pour l’heure, rien n’a filtré. Les Verts du Haut-Doubs expriment de leur côté “leur inquiétude suite aux demandes répétées de la députée. Oui, Madame Genevard, il faut réduire l’utilisation de la bromadiolone” juge François Mandil. Et de poursuivre : “Le seuil réglementaire actuel d’utilisation de la bromadiolone est de 50 % d’indices de présence de campa- gnol terrestre. Au-delà, il est trop tard pour traiter et l’utilisation de la molé- cule est interdite. Il apparaît aujour- d’hui clairement que ce seuil est trop élevé et qu’il faut le réduire à 30 % afin de diminuer les rejets de molécules chi- miques dans l’environnement et de pro- téger les populations non-cibles. Nous souhaitons, pour notre part, aller pro- gressivement vers l’abandon des trai- tements chimiques. En voulant défendre

L’automne dernier, la bromadiolone a causé la mort de 7 animaux dans le Doubs. “En 1998, nous en avions comp- tabilisé 380. Il y a eu de vrais efforts réalisés par les agriculteurs” rappelle la fédération. Auparavant, les traite- ments étaient de 20 kg à l’hectare contre 5 aujourd’hui. Des régions jusque-là épargnées sont touchées, à l’instar de la Marne et du Massif Central. Le problème “campa- gnol” pourrait devenir national… inci- tant l’État à réagir. Il a notamment perdu 5 millions d’euros de recettes dans le Haut-Doubs du fait de la bais- se de trésorerie des exploitations. E.Ch.

l’usage de la bromadiolone,Annie Gene- vard se trompe d’ennemi” concluent les Verts. Les agriculteurs aimeraient y arriver. Mais ils n’ont pas les clés : “On connaît les scientifiques qui peu-

vent trouver les solutions. Or, il faut par exemple financer deux postes de doctorants à l’I.N.R.A. de Lyon (coût d’environ 600 000 euros) et l’État fait la sourde oreille” confie le président de la F.R.E.D.O.N. Idem pour l’éventuel fonds d’indemnisation pour les agriculteurs, resté lettre morte.

“Elle se trompe d’ennemi.”

Le piégeage du rongeur, une alternative à l’utilisation de la bromadiolone ?

Les éleveurs du Doubs se contentent des prix d’honneur pendant que ceux d’Auvergne raflent la mise à Paris. Au final, la race est la grande gagnante. De nouveaux pays s’intéressent à “notre” vache. Dounga, Vedette et Églantine sauvent l’honneur du Doubs AGRICULTURE La race montbéliarde au salon

Ergotine désignée meilleure mamelle jeune, ici avec Gilles Duffet, éleveur à Domprel.

R ériode de vaches maigres pour les agriculteurs du Doubs qui reviennent du salon de l’agriculture avec des récom- penses, certes, mais aucune récom- pense prestigieuse. “À ce niveau-là, ça se joue à peu d’éléments. Les éleveurs du Doubs s’en sortent néanmoins bien. Il y a deux ans, nous n’avions pas fait mieux” témoigne Anaël Cassard, res- ponsable Promotion concours à l’organisme de sélection de la race Montbéliarde. C’est Yohann Vachoux, juge de Haute-Savoie qui a désigné Douchka et Uvéa, deux vaches “mûres” venues de Haute-Loire pour la pre- mière et du Cantal pour la seconde. L’Auvergne toise de haut la Franche- Comté. “Douchka est une vache qui a 10 ans. C’est assez rare de voir un ani- mal de cet âge remporter le concours. Cela prouve une fois encore que nos Montbéliardes sont robustes” explique le technicien. Le Haut-Doubs, représenté en force, a

tout de même présenté des animaux de qualité. Ainsi, des exploitations de Levier, Tarcenay, Hauterive-la-Fres- se, Domprel, Amancey, Bonnevaux, Épenouse, Villedieu et Lomont-sur- Crête repartent avec des prix que beau- coup leur envient. Les Montbéliardes, sur leur 31, ont séduit des acheteurs “d’Afrique du Nord et de Mauritanie” commente la

professionnelle. Pour la première fois, une réception commune s’est tenue entre la race, la Région Franche-Com- té et le comité des produits régionaux. Preuve que la race est devenue une marque de fabrique. À noter que Flo- rent Chevènement demeurant à La Longeville a été désigné meilleur poin- teur de race. E.Ch.

Florent Chevène-

ment, de La Longeville, désigné meilleur pointeur de

race (au centre).

Dounga (Amancey), meilleure mamelle adulte.

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