La Presse Pontissalienne 160 - Février 2013

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 160 - Février 2013

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INTERNET, TÉLÉ… LE HAUT-DOUBS ET LA FRACTURE NUMÉRIQUE

Le Haut-Doubs passe à juste titre pour une région privilégiée au regard de son développe- ment économique et de sa situation par rap- port à la Suisse. Mais le Haut-Doubs, c’est avant tout une zone rurale et de montagne qui subit toujours un certain isolement, notam- ment sur le plan technologique. De nombreux secteurs du Haut-Doubs sont dépourvus de connexion Internet à haut débit. Sur les zones d’activité, comme nous le verrons à Vuillecin par exemple, cette situation complique sérieu- sement le quotidien des entrepreneurs. La fracture numérique se traduit aussi par une très mauvaise réception de la téléphonie mobile et de la télévision numérique terrestre. Un grand plan ’aménagement numérique est lancé dans le Doubs. Le point sur cette “déconnexion numérique” du Haut-Doubs.

La zone de Vuillecin, pas très branchée… ÉCONOMIE Un exemple de fracture numérique Dynamique avec une vingtaine d’entreprises installées, la zone de Vuillecin souffre d’un grave handicap pour les entreprises qui y travaillent : une connexion Internet qui lambine. Une des illustrations de ce Haut-Doubs “déconnecté”.

La zone économique de Vuillecin n’est pas la seule du Haut-Doubs, loin s’en faut, à devoir subir Internet à si bas débit.

I l y a trois ans, Frédéric Laithier, transporteur installé sur la zone économique de Vuillecin, n’avait même pas de téléphone. Plus de trois mois pour être branché, à l’image d’un de ses voisins le menui- sier Nicolas Tournier. Les contacts avec la mairie et la C.C.L. n’y ont rien fait, chacun renvoyant la balle à un autre interlocuteur. Trois ans plus

l’informatique embarquée dans nos véhicules, on doit importer des fichiers. On est obligé de le faire le matin en arrivant avant que les autres ordina- teurs se connectent à Internet. Sinon, c’est impossible. Le problème, c’est qu’avec l’urbanisation des communes autour de Pontarlier, le réseau est com- plètement saturé” note le transporteur Frédéric Laithier. De son côté, le menuisier Nicolas Tour- nier constate lui aussi ces difficultés au jour le jour. “Impossible d’envoyer plus d’une photo de chantier à la fois et encore, en les réduisant. Donc on patiente. Quand j’en parle à la C.C.L., on ne me donne aucune réponse. Alors que quand j’ai voulu m’agrandir, on a été bien présent pour m’imposer des contraintes” soupire le chef d’entreprise. Le maire deVuillecin, Dominique Jean- nier, par ailleurs vice-président de la C.C.L., s’en remet aux opérateurs pri- vés. Selon lui, “France Télécom devrait faire des efforts.” Il compte aussi sur l’entrée en vigueur de l’ambitieux plan départemental d’aménagement numé- rique (voir page suivante) pour amé- liorer la situation. “Il n’est pas inter- dit de penser que dans les trois ans à venir, toutes les communes de la C.C.L. soient connectées au très haut débit. ” J.-F.H.

PROJET D’INSTALLATION Le haut débit nécessaire “On est bloqué dans nos investissements”

La société Colinet Transports qui projette de venir s’installer sur la zone de Vuillecin attend avec impatience qu’on lui confirme l’arrivée du haut débit indispensable dans son activité.

dʼune trentaine de camions, lʼentreprise Colinet commence à se sentir à lʼétroit dans ses locaux du Val dʼUsiers qui sʼavèrent également difficiles dʼaccès. Christian Colinet sʼest engagé dans la recherche dʼun nouveau site. Ses démarches ont finalement abouti non sans mal sur la zone dʼactivitéAu Temple située sur la commune de Vuillecin. La parcelle est acquise. Elle devrait accueillir un bâtiment flambant neuf ou sera trans- férée toute lʼactivité dʼune entreprise de 30 salariés. “Pour lʼinstant, on est blo- qué dans nos investissements car on ne sait pas quand cette zone bénéfi- ciera du haut débit.” Le transporteur nʼenvisage pas une seconde de reve- nir au 512 Ko après avoir goûté au confort du 2 Méga. Il a déjà informé tous les élus de la commune et de la C.C.L. et attend maintenant des réponses.

tard, toutes ces entre- prises ont certes le téléphone, mais à l’heure du très haut débit et de l’omniprésence d’Internet dans les relations de travail, elles sont lourdement handicapées par un réseau qui lambine, plafonnant à 512 Ko. Dans ces conditions, difficile de travailler sereinement. Cer- tains collaborateurs de ces entreprises sont même contraints d’emmener chez eux des fichiers, trop lourds, afin de les expédier le soir de leur domicile. “Avec

“Impossible d’envoyer plus d’une photo.”

I nternet fait partie prenante de lʼactivité des transporteurs qui uti- lisent cet outil au quotidien. “Sans le haut débit, cʼest pratiquement impossible de travailler”, confirme Christian Colinet qui gère la société créée par son grand-père Henri à Bians-les-Usiers. Sur lʼécran, un sys- tème de géolocalisation permet de savoir où sont les camions prati- quement en temps réel. Chaque véhi- cule est équipé dʼun poste informa- tisé tactile qui permet de réceptionner les bons de commandes, les ordres de mission, les plans pour trouver

les clients. En sens inverse, lʼentreprise est informée des livrai- sons effectuées, ce qui lui permet de transmettre par mail les factures. En visualisant aussi suivi des heures de conduite des chauffeurs, elle peut organiser la gestion des chargements. La profession est plus que jamais tri- butaire des nouvelles technologies. “Toutes nos sauvegardes sont exter- nalisées sur des datacenters. À chaque fois quʼon fait lʼacquisition dʼun logiciel, le vendeur nous demande dʼabord si lʼon a le haut débit comme cʼest le cas à Bians-les-Usiers.” Avec une flotte

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