La Presse Pontissalienne 160 - Février 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 160 - Février 2013

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POLITIQUE

Les municipales dans un an “La R.N. 57 est un combat d’arrière-garde” Avec près de 25 ans

L a Presse Pontissalienne : Nous sommes à un an des prochaines municipales. Serez-vous dans l’équipe que conduira la gauche à Pontarlier ? Liliane Lucchesi : Nous sommes sur le point de commencer à dis- cuter du projet et de l’équipe. Je sais que je continuerai à m’impliquer dans la politique mais à savoir qui mènera la lis- te, c’est encore un peu préma- turé. Pour nous, l’essentiel, c’est le projet, pas les gens qui com- posent l’équipe. Il faudra bien sûr des gens qui ont de l’expérience et d’autres qui apportent leur nouveauté. L.P.P. :Refaire basculer la ville à gauche, n’est-ce pas une mission devenue impossible ? L.L. : Il y a un vrai paradoxe dans le Haut-Doubs car aucune élec- tion ne se ressemble. Aux légis- latives par exemple, sur la vil- le de Pontarlier, 14 petites voix me séparaient d’Annie Gene- vard au premier tour et 140 au second, alors même que Patrick Genre était son directeur de campagne. Au Conseil général, c’est le canton de Pontarlier qui a permis le basculement à gauche. Même chose aux régio- nales où avec le maire de Pon- tarlier sur la liste de droite, Pon- tarlier a tout de même voté à gauche. Tout n’est pas si figé et irrémédiable. Pour ma part, j’ai envie de continuer en politique car j’estime aussi que pour un territoire, ce n’est pas bon d’avoir qu’une tête pensante. J’estime qu’on est plus intelligent à plu- sieurs. L.P.P. : Pas trop frustrant d’être tou- jours dans l’opposition ? L.L. : Bien sûr que c’est un tra- vail ingrat. Au conseil, nous sommes seulement trois élus du P.S. et deux élus Verts. Contre l’ensemble des membres de la majorité, ça ne pèse pas lourd. C’est d’autant plus frustrant que mon premier mandat en 1989 était dans la majorité d’Yves Lagier.Voilà bientôt vingt- cinq ans que je suis engagée au sein du conseil. Pontarlier et moi, c’est une longue histoire. Quand je m’engage, ce n’est pas à la légère et je ne cours pas après des titres ou des postes. Si je suis entrée en politique, la majorité conduite par Patrick Genre. de mandat, Liliane Lucchesi est une des élues les plus expérimentées de la municipalité pontissalienne. Membre de l’opposition de gauche, elle juge sans langue de bois l’action de

Liliane Lucchesi est au conseil municipal de Pontarlier depuis la municipalité Lagier en 1989.

région franco-suisse qui per- mettrait à tous les acteurs, fran- çais et suisses, de travailler dans le même sens pour l’emploi. L.P.P. : En parlant de la frontière, que pensez-vous du combat des travailleurs frontaliers qui défendent le libre choix de l’assurance-maladie ? L.L. : Je comprends ce combat et je fais confiance aux associa- tions de défense des frontaliers pour trouver une solution. Mais aujourd’hui, il n’est pas anor- mal de demander à tout le mon- de de faire des efforts. Si les frontaliers en arrivent à payer plus que les travailleurs en Fran- ce, il faut essayer de convaincre les patrons suisses de partici- per à ce genre de cotisations, comme le font les patrons fran- çais. Je prône une égalité de traitement sur ce point. L.P.P. : Le débat sur les rythmes sco- laires agite la plupart des communes actuellement. Avouez que ce projet gouvernemental est mal ficelé ! L.L. : Il agite surtout les mairies qui ont des oppositions idéolo- giques contre ce projet. Je suis persuadée que c’est une bonne réforme qui sera tout à fait appli- cable avec l’aide de l’État. Il y a un moment donné où les enfants ont besoin de jouer et de s’ouvrir à d’autres activités (théâtre, musique, sciences…), tout ce qui permet de mieux apprendre. Et il est hors de ques- tions que ce temps soit de la gar- derie. Comme tout ce qui est nouveau, il faut que les com- munes trouvent le bon angle

pour appliquer cette réforme et qu’elles aient la volonté d’aboutir. Dès que c’est difficile, le réflexe est de dire qu’on ne va pas y arriver. C’est la recherche qui amène la solution. L.P.P. :Vous êtes pleinement favorable aumariage ouvert à tous,malgré toutes les craintes soulevées par ses oppo- sants ? L.L. : Complètement. Pourquoi dans le cas du mariage hétéro- sexuel, l’anonymat des gamètes ne pose aucun problème en cas de procréation médicalement assistée ? Pourquoi l’accouchement sous X poserait des problèmes alors qu’il n’en pose pas pour les couples hété- rosexuels ? En ce qui concerne l’adoption, les couples qui adop- taient faisaient croire à leurs enfants qu’ils étaient les vrais parents, est-ce mieux pour l’enfant ? Ce projet de mariage ouvert à tous est juste une ques- tion de droit et d’égalité. Pour- quoi faire une loi différente en fonction de l’orientation sexuel- le ? C’est cela la vraie inégali- té. Le changement, comme le dirait une anthropologue célèbre, c’est ce qui fait la vie, sinon une civilisation n’évolue plus. Et enfin, ne pensez-vous pas que les enfants de couples homo- sexuels souffrent plus du regard des autres plutôt que de faire partie d’une famille homopa- rentale ? Faire une loi permet- tra justement de changer radi- calement les mentalités sur ces questions. Propos recueillis par J.-F.H.

quer les patrons suisses afin qu’ils organisent des transports entre les gares et les entreprises. Je sais que c’est très compliqué d’être matin et soir dans les embouteillages mais la solution passe uniquement par le déve- loppement des transports publics. Patrick Genre y a cru, mais la question de la R.N. 57 est un combat d’arrière-garde. Même ce que semble avoir obte- nuAnnie Genevard, c’est-à-dire une promesse de financement d’une étude, cela n’aboutira à rien avant dix ans. Les gens ne peuvent pas attendre aussi long- temps avant de voir une solu- tion. Et dire que ces élus vont se faire réélire sur ce genre d’idées alors que rien n’a été réalisé quand il y avait de l’argent et tous les pouvoirs entre les mains de la droite. Ce n’est pas maintenant que ça se fera ! L.P.P. : L’emploi et l’industrie font-ils partie de vos préoccupations ? L.L. : Même si le gouvernement actuel travaille sur l’attractivité

la maison Chevalier devrait être réglé depuis longtemps, mais on ne sent pas de vraie volon- té. Le maire y va, mais très dou- cement. L.P.P. : Quels genres de contre-projets proposez-vous ? L.L. : Nous serions par exemple favorables à la mise en place d’un transport en commun sur toute l’échelle de la C.C.L. Ce genre de décision aurait un vrai impact sur le territoire. L’aménagement du centre-vil- le était à mon avis à repenser, le rapport Peter datant de plus de vingt ans. Il n’y a pas le déve- loppement des modes doux que l’on souhaiterait. Pour cela, il fallait faire de vraies pistes cyclables en ville et au lieu de cela, on voit maintenant les cyclistes rouler sur les trottoirs. A Pontarlier, la majorité a du mal à se projeter dans l’avenir. D’autres dossiers comme le centre nautique avancent beau- coup trop lentement. La com- mission créée à la C.C.L. pour ce sujet se réunit beaucoup trop rarement. Il y a à Pontarlier une vraie lenteur à prendre les bonnes décisions. L.P.P. : Comment défendriez-vous le dossier des voies de communication et du contournement de Pontarlier si vous étiez aux responsabilités ? L.L. : Le contournement de Pon- tarlier, c’est une illusion, il ne se fera pas. En 2013, la priori- té n’est plus la R.N. 57, l’heure est aux trains et au covoitura- ge. Pour cela, il faut plutôt impli-

c’est pour agir. Ceci dit, force est de constater que ce que nous défen- dons depuis 2001 notamment a sou- vent été repris et appliqué par l’équipe Genre. L.P.P. :Vous pensez à quoi par exemple ? L.L. : La restruc- turation du quar- tier Berlioz par exemple qui fai- sait partie de notre programme

“Pontarlier et moi, c’est une longue histoire.”

en 2001. Même chose pour la médiathèque que nous défen- dons depuis des années. Beau- coup de nos propositions sont reprises après coup par la majo- rité mais le maire s’abstient évi- demment de dire que ce sont les nôtres. L.P.P. : Comment qualifiez-vous l’action de l’équipe Genre à un an de la fin du mandat ? L.L. : C’est un mandat un peu plan-plan. Il y a un maire, et à côté, ses services qui appliquent ce que le maire décide seul. Patrick Genre fait un peu preu- ve d’autocratie, je pense qu’il gagnerait à un peu plus écou- ter les autres. Le maire n’est pas si souple qu’on veut bien le dire, et il a de plus en plus de mal à accepter la contradiction, même s’il a des aspects très sym- pathiques par ailleurs. Dans ce contexte, l’opposition fait ce qu’elle peut. Un dossier comme

de la France, il ne faut pas se faire d’illusions, aucun grand groupe ne viendra s’installer ici. Si on garde les gros employeurs comme Nestlé, Schrader ouArm- strong, ce sera très bien. Je pen- se qu’il est temps d’envisager aujourd’hui l’idée d’une grande

“C’est un mandat un peu plan-plan.”

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