La Presse Pontissalienne 160 - Février 2013

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n° 160 - Février 2013

TRANSPORT La colère des transporteurs Cette écotaxe qui laisse tout le monde perplexe Pas encore finalisé, le dispositif de taxation des camions suscite déjà beaucoup d’inquiétude chez les élus et les transporteurs locaux, même si les motifs sont différents.

I ssue du Grenelle de l’environnement, l’écotaxe votée en 2009 vise à faire payer aux camions l’usage du réseau routier français non concédé. Ce qui exclut les auto- routes. L’objectif étant d’inciter les chargeurs à utiliser d’autres moyens de transport plus éco- logiques comme le rail ou les liaisons maritimes. Le réseau franc-comtois des routes nationales n’est pas “éco- taxable” en totalité. La R.N. 57 au sud de Besançon jusqu’à la frontière suisse échappe ainsi

au prélèvement. Simple ques- tion de fréquentation. Ce tron- çon où circulent chaque jour entre 800 et 1 000 poids lourds est sous le seuil défini. D’où la crainte des élus locaux d’un report de trafic. Évoquant le sujet lors de la céré- monie des vœux aux personna- lités, Patrick Genre le maire de Pontarlier parlait de 300 camions supplémentaires. “Ce souci est partagé sur d’autres zones où les gestionnaires de voirie s’inquiètent des conséquences de ce surcroît de trafic. Si le phé-

nomène venait à prendre de l’ampleur, alors le tronçon impac- té pourrait être intégré au réseau taxé” , note le chef de service chargé des questions de circu- lation à la D.R.E.A.L. Franche- Comté. A contrario , les trans- porteurs locaux voient plutôt d’un bon œil ce petit avantage. “C’est un bon point pour nous et nos clients. Pour le report de tra- fic, je n’y crois guère car cela imposerait aux transporteurs de faire plus de kilomètres, donc des frais de carburant supplé- mentaires” , estime Christian

La R.N. 57 ne figure pas dans le réseau comtois qui sera soumis à l’écotaxe à partir de juillet, si tout va bien.

Colinet à la tête d’une société de transport située à Bians-les- Usiers.

Avec la R.N. 57 au nord de Besan- çon, le réseau comtois soumis à l’écotaxe comprend aussi la R.N. 19 sur toute sa longueur et la R.N. 83 entre Poligny et Besan- çon. La première version de l’écotaxe a été vivement criti- quée par les fédérations de trans- porteurs qui s’arrachaient les cheveux pour savoir comment répercuter ce surcoût auprès des donneurs d’ordres. Début janvier, le ministre des Trans- ports Frédéric Cuvillier a défen- du “un dispositif simplifié per- tinent qui ne mettra pas en péril les 40 000 entreprises du trans- port, avec pour objectif de per- mettre de faire évoluer les infra- structures de transport.” Le nouveau dispositif instaure une majoration forfaitaire obli- gatoire dont le montant sera fixé annuellement région par région en fonction du trafic constaté, des caractéristiques du camion et des distances parcourues. Le reste n’est encore que pure spé- culation. “Aujourd’hui, aucun transporteur n’est en mesure de dire combien cela lui coûtera en écotaxe pour se déplacer d’un point A à un point B. 100 % des

clients sont dans l’expectative” , poursuit Chris- tian Colinet qui n’a toujours pas équipé sa flotte de camions en capteurs. Plutôt que de partir sur une usine à gaz, il serait plus par- tisan d’adopter un système simi- laire à celui appliqué en Suisse où l’on

SAULES Transports Charité Après le choc, les projets d’avenir Dominique Mainier a repris en main les Transports Charité suite au décès de son gérant Damien Gay. Si sa disparition a plongé l’entreprise dans le désarroi, elle regarde maintenant vers l’avenir.

100 % des clients sont dans l’expectative.

perçoit une taxe à l’essieu sur tous les véhicules de + 3,5 tonnes. Le transporteur duVal d’Usiers doute que le gouvernement puis- se tenir les délais fixés par son prédécesseur avec une intro- duction de l’écotaxe au 1 er juillet au niveau national après une expérimentation de trois mois en Alsace. “Tous les transpor- teurs s’interrogent pour savoir s’ils pourront répercuter l’écotaxe à la hauteur de sa vraie valeur. Beaucoup d’entreprises seraient incapables de supporter ne serait qu’1 % de cette taxe” termine le transporteur du Haut-Doubs.

À Saules, l’entreprise de trans- port frigorifique Charité reprend petit à petit ses marques. Le décès tragique de son gérant Damien Gay survenu en novembre a été “un traumatisme pour tout le monde” confie Dominique Mai- nier. C’est lui qui assure désormais la gérance de la société qu’il a reprise en 2010 avec Damien Gay. Ce dernier en était l’actionnaire majoritaire. Les événements malheureux condui- sent donc Dominique Mainier à assu- mer une fonction de direction en plus de ses autres obligations profession- nelles. “J’ai la chance de pouvoir me reposer sur une équipe structurée et compétente à chaque niveau de l’entreprise” reconnaît-il. Les assu- rances ont pris également leur part de responsabilité pour stabiliser la société secouée par toute cette his- toire. Mais aujourd’hui, les cinquante sala- riés veulent continuer à regarder vers l’avenir. Des décisions sont prises pour améliorer la rentabilité de l’entreprise et développer à la fois l’activité de transport frigorifique et de stockage de marchandises dans les entrepôts réfrigérés de Saules (2 000 mètres car- rés pour un volume disponible de

Dominique Mainier. Le projet de construction d’entrepôts frigorifiques sur la zone de l’Échange à Vaux-les-Prés, au bord de l’A 36, est maintenu, mais il sera programmé en plusieurs tranches pour atteindre 2 500 mètres carrés. “J’espère faire démarrer la construction avant l’été” ajoute le responsable qui cherche des partenaires financiers pour l’accompagner dans cet investisse- ment de 2 millions d’euros qui va engendrer la création de 5 ou 6 emplois. L’installation de cette nouvelle base en périphérie de Besançon est stra- tégique. Complémentaire du site de Saules, elle va aussi permettre à ter-

me aux Transports Charité de faire des économies sur le budget kilomètres des 24 semi-remorques qui pourront y stationner. Les camions qui circu- lent principalement sur le territoire national ne reviendront pas à Saules si cela n’est pas nécessaire. En parallèle de ces projets, Dominique Mainier travaille également à la restructuration de l’entreprise qui s’impose suite à la disparation de Damien Gay. Il est prévu qu’il devien- ne actionnaire majoritaire à hauteur de 60 %. Des salariés pourraient prendre également des participations dans la société. T.C.

18 000 mètres cubes). “J’ai recruté une com- merciale qui ira démarcher une clien- tèle locale en particu- lier qui a des besoins en matière de trans- port. Je souhaite éga- lement que nous met- tions l’accent sur le stockage en frais et en surgelé. Mon objectif est de maintenir l’emploi sur le site his- torique de Saules. Il y a de l’énergie dans cet- te entreprise. Nous pouvons faire des choses et aller de l’avant” annonce

Dominique Mainier veut augmenter la flotte de deux nouveaux semi- remorques. Mais il se heurte aux banques qui piétinent sur la question du financement.

“Il y a de l’énergie dans cette entreprise.”

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