La Presse Pontissalienne 160 - Février 2013

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 160 - Février 2013

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MÉTABIEF / LES ROUSSES : LE MATCH DES STATIONS

photo S. Godin

C’est une chance pour la Franche-Comté d’avoir deux grandes stations sur le massif du Jura qui per- mettent à une clientèle locale, régionale, nationale, voire étrangère de pratiquer des sports d’hiver. Métabief et Les Rousses sont comme deux sœurs, à la fois ennemies et partenaires. Ennemies, parce qu’elles ont chacune à défendre leurs intérêts pour être les plus attractives possible. Sur ce point, Les Rousses ont un temps d’avance sur Métabief. Par- tenaires, parce toutes deux, par leur dynamisme respectif, participent au rayonnement du massif jurassien et donc à son attractivité. Dans cette édi- tion, La Presse Pontissalienne compare ces deux stations qui avancent chacune à son rythme. Trois questions au commissaire de Massif “Les Rousses en avance mais Métabief se bouge” Le préfet de la montagne se veut rassurant. Avec la nouvelle équipe, Métabief devrait “combler son retard” dit-il en substance.

ANALYSE Métabief doit rattraper son retard Métabief-Les Rousses, les sœurs ennemies ? Elles partagent un massif, des valeurs et des problèmes similaires. Pourtant, entre Métabief et Les Rousses, les pistes ne se rejoignent pas toujours.

À vol d’oiseau, sommet du Morond (1 420 mètres) et sommet de la Dôle (1 680 m) sont distants d’une quaran- taine de kilomètres. Si les deux points culminants par temps clair se font front, ils ne lorgnent pas dans la même direction. Les Rousses profi- tent d’une clientèle régulière venue toute la semaine. Et cela même en dehors des vacances scolaires. Méta- bief, elle, cartonne le week-end. Une première différence venue de la proxi- mité des villes comme Pontarlier ou Besançon qui drainent une population de skieurs non négligeables à la jour- née leweek-end.Les Rousses en seraient - presque - jalouses. Depuis une dizai- ne d’années, le Haut-Jura a donc diri- gé sa communication en direction des plaines bourguignonnes, premier réser- voir de skieurs. Visiblement, cela fonctionne à en croi- re les études de clientèle réalisée. Si les Bourguignons skient à 2 heures de chez eux, c’est d’abord parce qu’ils sont

certains d’y trouver assez de neige. Et aussi pour le prix à la semaine, 20 % moins cher qu’une station alpine. Bizar- rement, les Dijonnais devraient pré- férer leMont d’Or pour sa facilité d’accès. La Gentiane Bleue (train touristique) arrive directement au pied de la sta- tion alors que Les Rousses sont acces- sibles uniquement par la route. Sacré point faible qu’elle s’échine à corriger

mur de laRenversée (pente de 60 degrés) ou encore le secteur de Piquemiette. Les Rousses n’en font pas une mon- tagne : “Nous préférons axer sur notre caractère familial avec beaucoup de pistes pour les moins de douze ans même si le massif de la Serra est, lui, pentu” dit la station. Autre destin croisé : le prix des forfaits, plus élevé dans le Jura.Avec cinq portes d’entrées pour l’alpin (5 sites), Les Rousses ont des coûts d’exploitation plus élevés mais attirent davantage de skieurs. Ils étaient 81 000 de plus l’an passé. Bien que différentes, les deux sœurs dumassif une même force : elles se dis- tinguent des grandes usines à neige que sont lesAlpes par leur côté authen- tique, accessible,moins coûteux et diver- sifié. Elles ont aussi chacune des concur- rents directs. Les Rousses se méfient davantage de Mijoux-Lélex (Monts- Jura) et Métabief de Châtel (Alpes du Nord). Faites votre choix. E.Ch.

en “recrutant” directe- ment les clients dans les grandes villes et en com- muniquant sur ces 66 canons à neige… que Métabief attend toujours. Comme deux sœurs, la nature ne les a pas gâtées de la même façon. Les Rousses sont bienmieux enneigées mais ses courbes sont bien moins pentues que celles de Métabief. Les bons skieurs préféreront donc le Haut-Doubs avec le

La concurrence Lélex et Châtel.

L a Presse Pontissalienne : Si l’on devait établir un classement entre Métabief et Les Rousses, laquelle de ces deux stations serait en tête ? Michel Cothenet (Commissaire au Massif du Jura) : Aujourd’hui, je réponds Les Rousses. Cette station a beaucoup plus bougé que Métabief pour des rai- sons multiples. En 1999, nous signions déjà un contrat de station alors qu’il a fallu attendre 2010 pour Métabief. Les dirigeants n’ont pas été efficaces et les équipements ont pris du retard. Dans le Haut-Doubs, nous avons eu un mal fou à investir, dû peut-être à la richesse frontalière, à la pression immobilière. Selon moi, il y a trop de structures avec deux communautés de communes, deux syndicats… et aucune décision unique. L.P.P. : Vous semblez néanmoins confiant en l’avenir ?

M.C. : La force de Métabief est d’avoir un Conseil général qui met de l’argent et qui vient de mettre ses forces à la tête de la station. J’ai déjà senti un changement avec la nouvelle direc- tion. En changeant quelques remon- tées mécaniques, nous aurons une belle station. Deux villages-vacances (150 lits) avec piscine vont voir le jour, le centre aqualudique de Malbuisson, le Conifer… L.P.P. : Laquelle a bénéficié du plus grand soutien financier du commissariat au mas- sif ? M.C. : Les Rousses ont été les plus demandeurs et les plus efficaces. S’il y a une véritable volonté des élus, le retard deMétabief va se combler. Nous avons encore 300 000 euros à verser pour Métabief en fonds F.E.D.E.R. cette année. Propos recueillis par E.Ch.

Le télésiège débrayable de Métabief a permis de fluidifier le trafic skieur.

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