La Presse Pontissalienne 160 - Février 2013

PONTARLIER ET ENVIRONS

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La Presse Pontissalienne n° 160 - Février 2013

HOUTAUD

Un exemple unique en France

Du granulé d’herbe pour les vaches à comté La société Desia 25 investit dans une unité de déshydratation qui servira à la production de granulés d’herbe et de granulés bois, le tout à partir de la chaleur produite par le centre d’incinération de Pontarlier.

T out est parti d’un grou- pe d’une dizaine d’agriculteurs du Haut- Doubs à la recherche d’autonomie sur leurs exploita- tions en lait A.O.C.. Après la visite d’une usine de déshydra- tation en Mayenne et des échanges avec le S.M.E.T.O.M., syndicat en charge de la valo- risation des déchets, ils consti- tuent l’association Déshy 25 en 2009 puis lancent des études de

faisabilité technique et agrico- le. L’idée étant, par exemple, de vérifier la pertinence d’incorporer du déshydraté dans les rations alimentaires du bétail. Ces études ont été financées grâce aux aides de la Fondation de France, de l’A.D.E.M.E., de la Région et du Département. Les conclusions plaident en faveur de la poursuite du pro- jet piloté notamment par deux agriculteurs : Emmanuel Mar-

guet de Gilley et Jean-Marie Devaux de Belleherbe. Cette unité de déshydratation de four- rage fédère actuellement une soixantaine d’exploitations agri- coles situées sur le Haut-Doubs et une partie du plateau de Noze- roy. Pour atteindre la faisabili- té économique et compléter l’activité, deux scieries sont arri- vées : Les Résineux du Haut- Doubs à Orchamps-Vennes et Forêts et Sciages Comtois à Pier-

Des agriculteurs, deux scieurs et quelques particuliers sont entrés au capital de la S.A.S. Desia 25.

refontaine-les-Varans. Ces nou- veaux adhérents cherchaient à valoriser leurs produits connexes

pour en faire des granulés bois. “Cette union avec les scieurs s’inscrit dans la complémenta- rité car elle permet de valoriser le résiduel du réseau chaleur en hiver” , indique Virginie Meier, la directrice de Desia 25. Avec ces renforts, l’association s’est transformée en société le 7 novembre 2011.Desia 25 comp- te également quelques action- naires extérieurs. Plus complexe fut la mise en route. Le premier terrain visé sur la zone des Gra- villiers à Pontarlier a été aban- donné suite aux fouilles archéo- logiques qui bloquent toujours la viabilisation de la zone. Desia 25 a trouvé une solution de rechange vers le stade d’Houtaud avec la reprise du bâtiment industriel situé à 1,8 km du centre d’incinération. Consé- quence : l’ancien S.M.E.T.O.M. devenu Préval est contraint de prolonger le réseau chaleur qui alimentera l’unité de déshy- dratation. “Desia 25 investit pour sa part 4,3 millions d’euros avec des aides sollicitées auprès de la Région, du Département et à l’Europe par le biais du F.E.D.E.R. Sans oublier l’A.D.E.M.E. qui nous soutient depuis les études.” Chaque agriculteur s’engage à transformer 5 hectares de sa surface fourragère en granulés. L’herbe est fauchée et ramas- sée par une récolteuse automo- trice à caisson. “Le fait de récol- ter en vert permet de préserver aumaximum la qualité de l’herbe

qui est ensuite acheminée sur le site d’Houtaud où elle subira une déshydratation sur sécheur bas- se température.” Livrés à la fer- me dans les 48 heures après la fauche, les granulés com- plètent la ration fourragère des bêtes. Une autre façon de

ORDURES MÉNAGÈRES - 30 % par rapport à 2011 La facture s’allège avec

Une soixantaine d’exploitations agricoles.

la redevance incitative

S i tous sont convaincus de l’intérêt d’optimiser la gestion des déchets, rares sont ceux qui ont osé fran- chir le pas avant l’échéance de 2014, date à partir de laquelle le système de financement du service des déchets devra inclure une part incitative à la réduction des déchets prenant en comp- te le poids ou le nombre d’enlèvements des bacs à déchets. Attrayante sur le papier, la chose est plus complexe à réaliser. Sa facilité de mise en œuvre dépend du mode de tarification, de la nature rurale ou urbaine du territoire, du système de tri en porte à porte ou en points d’apport volontaire, de la volonté de la popula- tion d’adhérer ou pas au dispositif. Le changement pourrait par exemple s’avérer lourd de conséquences pour ceux qui étaient habitués à payermoins cher que le service réellement rendu. Ce qui est souvent le cas quand la fac- ture est calculée sur la même base que la taxe foncière sur les propriétés bâties. Le syndicat mixte de collecte des ordures ménagères ou S.M.C.O.M. qui Frasne-Drugeon, Levier et Montbenoît s’avère particulièrement encou- rageant. Résultats. Le bilan du dispositif appliqué depuis un an sur les communautés de communes de

s’affranchir des soubresauts des cours des céréales et oléagi- neuses. “Le bilan carbone de notre projet est bon.” Sa faisa- bilité repose également sur la possibilité de racheter à un tarif attractif de l’énergie qui n’était pas encore valorisée. “Desia 25 ne fait que de la prestation de service auprès de ses actionnaires et pas d’achat-revente.” Actuellement en cours d’équipement, le site d’Houtaud sera opérationnel ce printemps. La structure emploiera sept per- sonnes dont quelques saison- niers. “Toujours dans l’optique de complémentarité, on a conclu un partenariat avec un exploi- tant forestier de Montlebon qui s’occupera de la récolte et du transport de l’herbe au prin- temps et en été période de moindre activité pour lui” , pré- cise la directrice. F.C.

Tous les bacs ordures ménagères

du S.M.C.O.M. sont équipés d’une puce.

la redevance incitative en 2012. “La réflexion a été engagée dès 2010. Puis on a testé le dispositif pendant six mois en ressentant déjà l’effet bénéfique. On a privilégié le système de levées en pre- nant en compte uniquement le bac vert des ordures ménagères. Le bac jaune, on le mesure aussi mais uniquement pour savoir ce qu’il devient car certains l’ont transformé en coffre à jouets ou à outils. D’autres en ont même fait des agrainoirs à maïs” , précise Claude Dussouillez, le président. Le prix payé par l’utilisateur varie en fonction de son utilisation du service. La taille du bac ordures ménagères et sa fréquence de présentation font offi- ce de compteurs. Premier point de satis- faction : la population a répondu lar- gement présent à ce défi incitatif. Résultat : 1 000 tonnes d’orduresména- gères économisées par rapport à 2009. “On est passé de 216 à 147 kg par habi- tant, soit 26 kg de moins que l’objectif fixé par le Grenelle pour 2014. 85 à 90 % des usagers ont pris le rythme” , apprécie le président. Les évolutions en bac jaune - + 1,5 kg et pour le verre : + 3 kg - sont d’une amplitude moindre “On était déjà à un très bon niveau en 2009” , justifie Jean-Yves Meuterlos.Au S.M.C.O.M., la tarification incitative est définie sur la base de 18 levées. En jouant à fond le jeu, les usagers s’y retrouvent lar- gement. En 2011, une famille de 4 per- sonnes payait 250 euros pour un bac de 180 litres. La note passe à

173,23 euros en 2012. “Le budget du S.M.C.O.M. va diminuer en 2013. C’est une première.” L’efficacité de la col- lecte se répercute également sur le tonnage de déchets traités à l’usine d’incinération. “C’est une bonne cho- se, note Jean-YvesMeuterlos, on détour- ne ainsi des gisements sans pouvoir calorifique.” Mieux tu tries, plus ça chauffe… F.C.

s’étend sur les commu- nautés de communes de Frasne-Drugeon, Levier et Montbenoît offre une configuration propice. “On est sur un territoire très rural avec 97 % d’habitat indivi- duel” , explique Jean- YvesMeuterlos le direc- teur du S.M.C.O.M. où l’on pratique déjà depuis 2001 la collecte en por- te à porte avec bacs dif- férenciés orduresména- gères et emballages-papier. Ce syndicat a opté pour

De 216 à 147 kg par habitant.

Le S.M.C.O.M. a opté pour le système du comptage des levées avec une tarifica- tion forfaitaire basée sur 18 vidages.

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