La Presse Pontissalienne 158 - Décembre 2012

PONTARLIER ET ENVIRONS 18

CONSOMMATION

Le comté au sommet de sa forme Avec 50 000 tonnes vendues au cours des 12 derniers mois, le fleuron des A.O.P. fromagères bat tous les records. La victoire d’un modèle économique où chacun s’y retrouve… et même quelques moutons noirs.

Les ventes de comté ont progressé de 6 % au cours des douze derniers mois.

L a crise n’a nullement impacté les ventes de comté en progression de 6 % depuis un an sans que son prix ne soit révisé à la baisse. Étonnante croissance dans un marché des fromages plu- tôt en stagnation. “On récolte les fruits d’une politique basée depuis très longtemps sur la maîtrise des volumes et de la qualité. Les ton- nages ont évolué de 50 % en 20 ans” , appré- cie Lionel Petite, l’affineur également res- ponsable de la commission économique au C.I.G.C. Comment expliquer cette santé insolente ? L’authenticité d’un fromage qui a su préser- ver une certaine indépendance. Grâce aux efforts de chacun, le comté bénéficie aujour- d’hui d’une très forte notoriété. Il est désor- mais plus connu que le roquefort. “Une des raisons du succès repose sur la maîtrise col- lective des volumes avec une progression volon- tairement limitée, contrôlée, sans jamais renier sur la qualité à tous les stades, du lait à la fabrication en passant par l’affinage. Tout le monde a investi et tout le monde en profite.” Philippe Jeanningros, producteur et président de la fruitière du Chalet à Pontarlier estime aussi que cette réussite valide des orienta- tions agricoles assez perspicaces. “C’est un pari sur l’avenir engagé depuis une bonne quin- zaine d’années en faisant le choix de l’installation. On a des fermes plus petites qu’ailleurs. Ici, un exploitant s’en sort avec une trentaine de lai-

“Un position- nement du comté sur le marché chinois.”

tières. On a des contraintes mais elles s’avèrent gagnantes.” Parfois décrié, le cahier des charges du comté est la clef de voûte qui en garantit l’authenticité. D’où l’importance de le faire respecter. Tous les maillons de la filière tirent bénéficie de cette pros- périté. En cinq ans, le prix du lait versé aux producteurs a progressé de 26 % pour avoisiner aujourd’hui 450 euros les 1 000 litres. Cela conforte l’avenir de l’agriculture de mon- tagne qui se démarque ainsi franchement des zones en lait standard. Ces revenus confortables ont permis de moderni- ser les exploitations. Ils favorisent aussi le rajeunissement de la population agricole. “Au Chalet de Pontarlier, la moyen- ne d’âge se situait entre 50 et 55 ans il y a 10 ans. Les deux tiers des sociétaires sont partis en retraite. Aujourd’hui, c’est l’inverse, il y a plus de jeunes de 25 à 35 ans que de vieux. La politique d’installation et les prix ont permis de sauver des petites coopératives comme la nôtre. À mon sens, le dynamis- me d’une coop repose plus sur sa jeunesse que sur ses équipe- ments” , estime Philippe Jeanningros. La réussite est là. Sa pérennité impose beaucoup d’autodiscipline. “On a encore des marges de progression en valorisant par exemple mieux le comté à déguster à l’apéritif ou dans le registre ingrédient de cuisine. Vis-à-vis de l’export, on doit amorcer un positionnement du comté sur le marché chinois” , suggère Lionel Petite. Ce succès inquiète un peu Claude Vermot-Desroches, le pré- sident de l’interprofession du comté qui voit se profiler un phénomène pernicieux avec le développement des produits à plaques rouges. “Ces pâtes pressées cuites jouent sur la confusion avec le comté A.O.P. Il s’en produit aussi bien dans les petits ateliers que dans les grosses structures. On espère que la répression des fraudes sera capable de nous accom- pagner pour lutter contre ces imitations. Pour moi, c’est sui- cidaire.”

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