La Presse Pontissalienne 158 - Décembre 2012
PONTARLIER ET ENVIRONS 16
La Presse Pontissalienne n° 158 - Décembre 2012
SOCIÉTÉ
Les associations en difficulté
Personnes âgées : la dépendance en questions D’ici huit ans, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait passer de 27 000 à 33 300 en Franche-Comté. Il fau- drait créer entre 4 000 et 5 000 emplois à temps plein pour répondre aux futurs besoins. Pendant ce temps-là, des struc- tures de services à la personne ferment…
Le nombre de personnes âgées dépendantes ne va cesser de croître.
P lusieurs structures de services à domici- le traversent de grandes difficultés actuel- lement. C’est le cas notamment dans le Haut-Doubs de l’association Gardénia. La structure qui possède une antenne sur le Haut-
Doubs où travaillent plusieurs dizaines de sala- riés avait été placée en redressement judiciaire le 24 janvier dernier, après avoir accumulé la bagatelle de 750 000 euros de dettes. Le 27 novembre, le tribunal de Montbéliard où elle
a son siège a confirmé les difficultés et a prononcé le 30 novembre la liquidation judiciaire. Et “sur les 183 salariés, seulement 95 ont été proposés pour être repris par une ou plusieurs associations intervenant sur le secteur, dont l’A.D.M.R. pour le Haut-Doubs” selon la C.G.T. Franche-Comté qui suit de près ce dossier.Le risque était donc d’aboutir à plus de 90 suppressions d’emplois. A.A.D., une autre structure, privée cette fois, voit également sa situation se dégrader. Elle comptait plus de 160 salariés en 2011, son effectif a chuté à 127 salariés et “huit nouveaux licenciements écono- miques sont annoncés” ajoute la C.G.T. “Tous ces problèmes engendrent un fort mécontentement, de la souffrance, une rotation de personnel impor- tante, mais aussi de l’insatisfaction auprès des usagers nombreux étant des personnes âgées dépen- dantes.” Ce constat, alarmant sur le plan de l’emploi, va pourtant à contresens des besoins en matière de services à domicile. Selon une étude de l’I.N.S.E.E. parue fin novembre, “il serait néces- saire de créer 4 000 à 5 000 emplois supplémen- taires en équivalents temps plein dans les huit prochaines années, soit un quart de plus qu’aujourd’hui.” D’ici 2030, la population franc-
comtoise âgée de 60 ans et plus devrait augmenter fortement, de + 35 % et “six fois plus rapidement que la population globale.” Actuellement, 27 000 personnes sont en situation de dépendance en Franche-Comté, elles devraient atteindre les 33 300 d’ici 2020, dont 13 300 personnes lourde- ment dépendantes. À ce jour, 17 800 de ces per- sonnes dépendantes vivent à leur domicile, soit deux tiers des dépendants. Dans tous les cas de figure, les projections des statisticiens font état d’un besoin en personnel qui augmenterait donc de 25 % d’ici 2020. Alors comment expliquer de ce fait les grandes difficultés que traversent les structures d’aide à domicile ? Une des explications à ce problème d’emploi, c’est selon les syndicats le manque de cadre et de pilo- tage du dispositif d’aide à la personne. “Il ne faut pas laisser faire n’importe qui et n’importe quoi dans ce domaine d’activité.On a prévu d’interpeller le Conseil général sur cette question informeMichel Faivre-Picon. Une journée de mobilisation est pré- vue le 21 décembre devant le Conseil général du Doubs.” En toile de fond, c’est le statut du travail à domicile qui est en jeu, un statut jugé précaire et mal rémunéré. J.-F.H.
GRANGES-NARBOZ
Profession feuillagiste
La nature pour
jardin décoratif La société Provert est spécialisée dans la collecte de végétaux naturels sauvages qui sont ensuite commercia- lisés à des fins décoratives. Toute une organisation. R amasser des pives de pins, du lier- re, des mousses, des branchages semble à la portée de tous. Dans certaines régions du sud de la
France, cette activité constitue une sour- ce de revenus complémentaires pour de nombreux retraités. La chose se complique rapidement dès qu’il s’agit d’exercer à plein-temps. Frédéric Duval n’était pas du tout pro- grammé pour se lancer dans cette pro- fession de feuillagiste. “J’ai travaillé en Suisse comme sommelier, explique ce Pon- tissalien œnologue de formation. Là, j’ai sympathisé avec un Français qui a fait toute sa formation horticole en Suisse et qui s’est spécialisé dans la fourniture de végétaux sauvages auprès des fleuristes. Il me disait toujours qu’il éprouvait de grosses difficultés à s’approvisionner en Suisse à cause d’une réglementation très écologique.” De quoi suggérer en quelque sorte un partenariat franco-suisse. Plutôt enclin à relever ce genre de défi, Frédéric Duval monte la société Provert en 2001. “Au départ, on faisait des cen- taines de kilos de lierre puis on a élargi la gamme” , explique le feuillagiste qui a pris aussi son autonomie. Installé aujourd’hui dans la zone d’activité des Granges-Nar- boz, il emploie deux salariés permanents et sollicite également de façon occasion- nelle des cueilleurs ramasseurs. La petite équipe passe la moitié de son temps dans la nature à collecter toutes sortes de sous-produits forestiers frais ou secs. Le territoire d’intervention est vas- te. Il s’étend du Haut-Doubs au Langue- doc-Roussillon. “On va chercher dans le sud des végétaux spécifiques comme du buis, des genévriers et des bois brûlés qu’on blanchit ensuite.” Les zones de ramassa- ge varient en fonction des saisons et des ressources des milieux. Provert va par exemple ramasser du gui jusque dans la plaine de la Saône. Idempour le houx par- ticulièrement abondant sur les hauteurs du Beaujolais. “On fonctionne toujours en accord avec les propriétaires et dans le res- pect des zones et des plantes protégées” , insiste le feuillagiste. Certains se posent beaucoup moins de questions. Après la collecte, vient le temps du condi- tionnement. Au dépôt des Granges-Nar- boz, tout est stocké, pesé, nettoyé, calibré.
Frédéric Duval approvisionne chaque semaine en végétaux naturels frais ou secs des grossistes suisses.
S’il approvisionne les fleuristes locaux, Frédéric Duval a choisi de fonctionner en priorité sur la Suisse, soit 85%de son acti- vité. On peut le comprendre. Il livre sa marchandise chaque semaine chez plu- sieurs grossistes ou sur des bourses aux fleurs où se réunissent les producteurs. Pour corser la chose, il cible le marché suisse-allemand où les gens sont très friands de décoration, un peu comme en Alsace. La rentabilité est au rendez-vous sous réserve de répondre aux exigences de qualité. “On doit être irréprochable sur ce point.Quand ils demandent des branches de 25 cm, ce n’est pas 15 ou 35 cm. On tra- vaille avec certains opérateurs qui sont spécialisés dans la décoration des grands hôtels suisses.” De là à voir une pive de pin du Larmont orner la table de nuit d’un palace genevois, il n’y a qu’un pas. Avec les voyages, la collecte au grand air, les produit naturels, le métier a ses bons côtés. Sauf que les transports, ça coûte cher. La pluie, le froid font aussi partie du quotidien du feuillagiste. “On s’endurcit et il n’y a rien de meilleur à la santé”, sou- rit Frédéric Duval qui a trouvé chaussu- re à son pied et qui souhaite rester dans une dynamique artisanale. “C’est le gage de qualité qui me convient.”
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