La Presse Pontissalienne 157 - Novembre 2012

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 157 - Novembre 2012

30

VALLÉE DU DRUGEON

Des divergences de vues

Tirs croisés autour de

la bécassine des marais

L e Drugeon abrite l’une des rares populations de bécassines de marais nicheuses en France. Les comptages effectués sous l’égide de la communauté de communes Frasne-Drugeon montrent un déclin assez significatif depuis 2008. Cette année, 25 mâles chanteurs et 16 individus che- débat de fond entre les protecteurs de la nature et les chasseurs. Cette espèce emblématique de la vallée du Drugeon suscite un vrai

vrotants ont été recensés sur deux soirées de comptage. “C’est en baisse constante, d’où l’intérêt d’arrêter de chasser cette espèce et tous les limicoles” , constate DominiqueMichelat, sans aucun doute le meilleur spécialiste des oiseaux sur la vallée du Dru- geon. L’ornithologue regrette que la bécassine des marais nicheuse pourtant classée en liste rouge des espèces menacées ou quasi menacées de disparition soit encore chassable. Le statut de la bécassine des marais en Euro- pe donne lieu à des interpréta- tions différentes suivant le côté du fusil où l’on se place. Le “bird- life”, véritable livre blanc du sta- tut des espèces,montre une popu- lation en déclin et ou stagnation dans la plupart des pays euro-

péens, sauf en Russie. “Les chas- seurs se basent sur cette popu- lation russe sans savoir vrai- ment où elle migre” , estime Dominique Michelat. C’est évidemment là où les dis- ciples de Saint-Hubert ne sont

laisse à croire que les bécassines chassées sur le secteur sont des migratrices” , rétorque Gilles Mareschal. Le président du Groupement d’Intérêt Cynégétique Zones Humides, soit environ 300 chas- seurs, précise aussi que le pré- lèvement de bécassines des marais dans la vallée du Dru- geon représente seulement 0,1% du prélèvement national. Depuis cet automne, la Fédération de chasse et les sociétés locales ont adopté toute une série de mesures restrictives sur le Dru- geon. La zone fait désormais l’objet d’un Prélèvement Maxi- mal Autorisé pour la bécassine des bois. Ce dispositif limite ain- si le prélèvement à trois bécas- sines par jour et par chasseur et 30 bécassines par an et par

plus d’accord. “On fait l’amalgame entre le statut de la bécassine nicheuse en Fran- ce qui est effecti- vement en mau- vais état de conservation et le statut au niveau international où la population de bécassines des marais n’est pas concernée par une baisse. Et tout

Pas d’eau, pas de bécassine.

La bécassine des marais dans la vallée du Drugeon oppose les protecteurs des oiseaux et les chasseurs (photo D. Michelat).

chasseur. “Chaque année, on peut considérer qu’une cinquantaine de chasseurs tirent spécifique- ment cet oiseau. On est loin de remplir le tableau” , explique Gilles Mareschal. Ce chasseur qui a tiré en tout et pour tout trois bécassines l’an dernier sou- ligne aussi l’importance de la pluviométrie dans la présence des bécassines. “Pas d’eau, pas de bécassine. Cette année, on a retrouvé des conditions favo- rables. Cet oiseau mérite une chasse éthique mais le facteur prioritaire reste selonmoi la sau- vegarde des zones humides.”

Dominique Michelat se montre assez sceptique sur les mesures de protection adoptées récem- ment. “Les réserves de chasse sont rarement placées dans les bons secteurs à bécassines. Idem pour les nouvelles platières de tir qui correspondent davanta- ge à des aménagements facili- tant le tir des oiseaux qu’à des mesures de sauvegarde de l’espèce” , conclut le défenseur des oiseaux tout en reconnais- sant que la chasse n’est pas la cause principale de la dispari- tion de la biodiversité. F.C.

VAL D’USIERS Le débat relancé Campagnols et bromadiolone à nouveau sur le tapis vert

Le pic de pullulation est attendu pour l’automne dans les prairies. Le 22 novembre, un colloque à Besançon permettra de faire le bilan en matière de recherche et d’action sur les 10 dernières années. En attendant, des animaux morts ont été retrouvés à Chapelle-d’Huin.

Zoom Le bassin du Drugeon grand prix Natura 2000 L es Grands Prix Natura 2000 ont pour objectif de valori- ser lʼengagement des acteurs locaux et de favoriser le développement dʼactions innovantes et de bonnes pra- tiques. Cette année, pour la seconde édition des Grands Prix, la richesse et la diversité des candidatures ont traduit une véritable montée en puissance de la gestion des sites. Le jury, composé de membres du comité national de suivi Natu- ra 2000, a sélectionné neuf lauréats selon cinq catégories et sur la base de critères tels que les résultats constatés, lʼoriginalité, lʼexemplarité, la pérennité des actions, le rap- port coût-bénéfice, etc. Le site Natura 2000 du Bassin du Drugeon a été récompensé dans la Catégorie 1 (actions visant au bon état de conservation) pour la restauration hydraulique des tourbières des Levresse et Sarre à Cordier. Malbuisson La société des amis de Malbuisson (S.A.M.) organise son deuxième concours photo sur le thème : “Malbuisson : explosion de couleurs”. Ce concours est gratuit et ouvert à tous et destiné à valoriser le patrimoine et le cadre de vie de Malbuisson. Les meilleurs clichés seront sélectionnés pour une exposition à la salle des expositions de Malbuisson dans un an, les 2 et 3 novembre 2013. Concours ouvert jusqu’en juillet prochain. Renseignements sur contact@amisdemalbuisson.fr Concert Cette année, le traditionnel concert de Noël aura lieu le dimanche 9 décembre à l’église Saint-Pierre de Pontarlier à 16 h 45. 9 associations musicales y participent : Harmonie Municipale, Unité Pastorale, Ars Nova, Chœur du Haut Doubs, Ariolica, Chorale des Longs Traits Vocalia, Campanelle et l’orchestre symphonique. Les bénéfices de ce concert seront reversés au profit des associations suivantes : S.O.S. futures mamans, Association des Paralysés de France et Travail et Vie. Tarifs : 5 à 10 euros. Renseignements : M.P.T. des Longs Traits au 03 81 46 52 24. EN BREF

sion n’a été prise. Elle se réserve le droit de saisir la justice si d’autres vic- times venaient à être constatées en l’absence de suspension des traitements. La C.P.E.P.E.S.C. regrette que les agri- culteurs du Doubs, à l’inverse de leurs homologues jurassiens, utilisent tou- jours autant cet outil chimique. Il faut dire qu’en moyenne, un agriculteur jurassien dispose de deux fois plus de terres cultivables qu’un du Doubs (50 hectares contre 100 hectares). Les consé- quences des rongeurs ne sont donc pas les mêmes. La Fredon (fédération régio- nale de défense contre les organismes nuisibles) rappelle qu’entre 30 000 et 60 000 hectares pourraient être tou- chés par les campagnols d’ici la fin de l’automne dans le Doubs. Les secteurs allant de Damprichard à Charquemont, Morteau, Pontarlier, plaine d’Arlier jusqu’aux plateaux de Nozeroy et Belleherbe à l’extrémité pourraient être les plus durement tou- chés. Valdahon et Vercel qui ont connu un pic dernièrement devraient être épargnés.

L e débat de l’utilisation de la bro- madiolone a été relancé par la commission de protection des eaux, qui, le 8 octobre, adressait un communiqué de presse après avoir retrouvé à Chapelle-d’Huin des cadavres d’animaux. L’état avancé de décompo- sition remontant probablement à la fin de l’été n’a pas permis de réaliser d’analyses toxicologiques sur les car- casses collectées par l’O.N.C.F.S. (3 Milans royaux et 1 Buse variable, espèces intégralement protégées en France) durant la semaine 39 ou enco- re repérés par la C.P.E.P.E.S.C. lors d’une recherche organisée le 7 octobre (1 Milan royal et 1 Renard). Selon cet- te association de protection, “la répéti-

tion de ces cas de mortalité en un lieu précis (tous les cadavres ont été ramas- sés dans le même périmètre) et la récur- rence des traitements sur ce secteur (en mars-avril-août-septembre et encore maintenant) confortent l’hypothèse selon laquelle ces animaux auraient été vic- times des traitements chimiques.”

L’association demande - comme l’arrêté préfectoral actuellement en vigueur le permet - une interruption à effet immédiat des trai- tements sur toute la zone incluant Chapelle-d’Huin, Septfontaine, Évillers, Bou- jailles, etc. par précaution. Pour l’heure, aucune déci-

Jusqu’à 60 000 hectares touchés.

Plusieurs cadavres, dont un renard, ont été retrouvés dans le Haut-Doubs récemment (cette photo d’archive date de 2003).

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online