La Presse Pontissalienne 155 - Septembre 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 155 - Septembre 2012

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RENTRÉE SCOLAIRE La directrice académique “Je plaide pour une école moderne” À l’occasion de la rentrée scolaire, Élisabeth Bisot, la directrice académique de l’Éducation nationale, fait le point sur l’actualité du Haut-Doubs et revient sur l’épineux sujet de Chapelle-des-Bois qui a marqué la précédente année scolaire.

L a Presse Pontissalienne : Quelles nou- veautés pour cette rentrée scolaire 2012 dans le Doubs ? Élisabeth Bisot : Au titre du plan d’urgence du nouveau gouvernement, sur les 1 000 postes créés en France, le Doubs en bénéficie de quatre, dans des écoles où on savait que les effectifs allaient être plus importants que prévu :Valen- tigney, Bregille-Plateau à Besançon, Nancray et, pour le Haut-Doubs, un poste à l’école intercommunale élé- mentaire de Métabief. Le phénomène est assez général dans le Haut-Doubs, où grâce à l’apport de la population frontalière, les effectifs sont en haus- se. Cela se traduit notamment par la création de nouvelles écoles. L.P.P. :Comme dans leVal d’Usiers par exemple ? E.B. : C’est une très bonne illustration. Ici, les élus ont bien compris que l’avenir de l’école passe par les regroupements qui permettent une vraie dynamique entre les enseignants. C’est parfois dif- ficile à faire admettre à certaines petites communes rurales dont les élus pen- sent que c’est uniquement l’école qui donne la vie à un village. C’est illu- soire de penser cela. Aujourd’hui, les gens attendent de l’école d’autres ser- vices comme le périscolaire. Or, chaque école ne peut pas disposer de son propre périscolaire. Il faut donc savoir ras- sembler les écoles. L.P.P. : Votre position est un plaidoyer contre les classes uniques ! E.B. : Le système des classes uniques a permis à la Nation aux XIX ème et XX è- me siècles de scolariser tous les enfants. Aujourd’hui, on est dans une étape dif- férente, celle du travail en équipes.

L’enseignement est devenu plus com- plexe, on demande aux enseignants un travail qui exige de la concertation entre eux. L’école est devenue un tra- vail collectif. L’exemple duVal d’Usiers est encore une fois parlant : on a com- pris là-bas, en construisant un bâti- ment neuf conforme aux exigences de l’Éducation nationale moderne, que le fonctionnement de l’école aujourd’hui passe par des regroupements. L.P.B. : Toujours concernant le Haut-Doubs, êtes-vous toujours “amère” au sujet du dos- sier “Chapelle-des-Bois” ? E.B. : Il y a eu beaucoup d’amalgames sur ce dossier. On a d’abord fait croire que je fermais une école alors que ça n’a jamais été le cas. Avec seulement 21 élèves inscrits, on avait entamé une recherche de solutions avec la mairie qui était parfaitement au courant. On incitait seulement à créer un R.P.I. (regroupement pédagogique intercom- munal) et des parents se sont mobili- sés - certains dont je ne suis pas sûre qu’ils aient des enfants scolarisés… Ils sont allés chercher des enfants de 2 ans qui n’avaient jamais été scolarisés pour présenter leurs effectifs. Les élus, en plus, n’ont pas respecté les engagements qu’ils avaient pris. Puis les parents ont

plètes. Deux des trois jours en plus seront rattrapés en fin d’année, les 5 et 6 juillet. Le troisième jour supplémentaire sera rattrapé dans le Doubs le mercredi 3 avril où les élèves de primaire auront cours toute la journée. Pour les collèges et lycées

L.P.P. : C’est tout de même un camouflet pour vous ? E.B. : C’est tout sauf un camouflet car le juge m’a donné raison. On a main- tenu le poste en attendant la prochaine rentrée. Je ne suis pas sûre que sur le plan pédagogique, les enfants de Cha- pelle gagneraient à ne pas se mélan- ger à d’autres. Il faut que les gens com- prennent qu’il est nécessaire d’aller vers l’école du XXI ème siècle. Cette éco- le n’est pas indifférente aux zones rurales,mais cette école doit êtremoder- ne, ouverte et pas campée sur des fonc- tionnements d’un autre temps. Je plai- de pour une école moderne. L.P.P. : L’année 2011-2012 a été marquée par de grosses difficultés concernant les rem- placements d’enseignants absents. Comment expliquer ces “ratés” ? E.B. : Je reconnais ces difficultés liées à un nombre beaucoup plus important que prévu de congés maternité et de congés parentaux. Les choses vont s’améliorer cette année car on va béné- ficier d’un nombre important de sta- giaires qui prendront des classes à par- tir de la Toussaint. Le calcul a été fait de telle sorte qu’on n’ait pas de diffi- cultés cette année. L.P.P. :Vous évoquez la Toussaint : les vacances seront donc allongées à quinze jours. Avec quelles compensations ?… E.B. : Au lieu de reprendre le jeudi, les élèves reprendront le lundi 12 novembre, soit deux semaines com-

L.P.P. : Une énième réforme ? E.B. : Le ministère souhaite faire une loi de programmation d’ici la fin de l’année civile et souhaite la faire pré- céder d’une grande consultation. Sur le site Internet de l’académie d’ailleurs (www.ac-besancon.fr), chacun est invi- té cette semaine encore à donner son avis sur ce thème. L.P.P. :Des rumeurs du Haut-Doubs vous disaient sur le départ suite à “l’affaire” de Chapelle- des-Bois. Qu’en est-il ? E.B. : Cette rumeur est en effet reve- nue à mes oreilles. Elle est sans fon- dement. Je ne vois pas pourquoi je serais susceptible de partir suite à une affaire où le tribunal a validé ma posi- tion ! Je suis dans une fonction où il est nécessaire de prendre du recul et ne pas se laisser impressionner ou déstabiliser. Je peux avoir des humeurs, mais je les garde pour moi. Propos recueillis par J.-F.H. Rentrée 2012 : les prévisions d’effectifs Dans les écoles publiques : 50 407 élèves sont attendus (+ 407 élèves par rapport au constat de la rentrée 2011), dont : - 19 693 en maternelle (ou pré-élé- mentaire) - 30 303 en élémentaire et primaire - 321 en établissement spécialisé Le département compte 498 écoles publiques dont : - 162 écoles maternelles, - 190 élémentaires - 146 écoles primaires (pré-élémen- taires et élémentaires) - 27 établissements spécialisés Dans les écoles privées : 4 389 élèves sont attendus, dont : - 1 559 en maternelle (ou pré-élé- mentaire) - 2 807 en élémentaire et primaire - 23 en établissement spécialisé Les élèves seront scolarisés dans les 27 écoles privées dont 1 maternelle, du département. Prévisions d’effectifs dans les collèges : Dans les collèges publics : 21 239 élèves sont attendus, dont 607 en S.E.G.P.A. et 196 en classes par- ticulières (U.L.I.S., C.L.A.) dans les 45 collèges (dont 11 avec S.E.G.P.A.) que compte le département. Dans les collèges privés : 4 249 élèves sont inscrits (dont 64 en S.E.G.P.A.) dans les 17 collèges pri- vés (dont 1 avec S.E.G.P.A.) du Doubs.

“Je garde pour moi mes humeurs.”

qui travaillent déjà le mercredi matin, ils travailleront le mercredi 3 avril après-midi ainsi que le mercredi 22mai après-midi. Cet allongement des vacances de Toussaint est justifié à mon sens car le premier trimestre est toujours long et fatigant. Mais cette mesure n’est que le début d’une longue réflexion sur les rythmes scolaires. L.P.P. : Est-on confronté à une baisse des voca- tions dans l’enseignement ? E.B. : On constate en effet cette année une baisse du nombre de candidats au concours. Faut-il l’attribuer à la diffi- culté ressentie par des jeunes par rap- port à l’entrée dans le métier ? Ou au fait qu’en ayant reporté de deux ans l’accès au concours (Bac + 5 au lieu de Bac + 3), on est sur un vivier moins important ? Sur ces deux hypothèses, le ministère va revoir la formation des enseignants et créer des contrats d’avenir avec une forme d’alternance. On entame une vraie refondation de l’école.

intenté une action en justice et le tribunal administratif a estimé que j’avais eu raison de prendre ma décision de supprimer un poste. Le jugem’a donc donné rai- son sur le fond, je suis très sereine avec cette affaire. Ils ont fait appel. C’est leur droit.

“C’est tout sauf un camouflet pour moi.”

Élisabeth Bisot est à la tête de la direction départemen- tale de l’Éducation nationale (ex-inspec- tion acadé- mique du Doubs).

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