La Presse Pontissalienne 154 - Août 2012
L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Pontissalienne n° 154 - Août 2012
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MUSIQUE
Festival de la Paille 27 et 28 juillet à Métabief Pour ne pas rester sur la paille Le Festival de la Paille attire une fois encore les grands groupes du
le festival ait refusé un chèque d’un sponsor… Expliquez-nous ? A.B. : Nous avons refu- sé deux marques de bières qui amenaient les buvettes, les bois- sons gratuites, les hôtesses. Il y a eu débat au conseil d’administration mais nous voulons préser- ver cette différence, cel- le d’être à Métabief dans un lieu protégé avec une ambiance spé- ciale. C’est une ambian- ce avec les pieds dans l’herbe… Si on veut garder cette image, c’est en travaillant avec les acteurs locaux. On fait participer tout le monde à Métabief et on ne veut pas être les “rapiats”. Exemple :
L.P.P. : Parlez-nous de la programmation. Quel- le est la plus grosse tête d’affiche des deux jours ? A.B. : Nous sommes essentiellement sur du rock féminin avec beaucoup de musiques de publicité comme Izia (Petit Bateau), Brigitte (Blédina-Lancôme), Irma (google), Chinese Man. L.P.P. : Pour attirer ces artistes, combien faut- il débourser ? Entre 30 000 et 40 000 euros ? A.B. : Non, c’est moins que ça. J’ai un budget artistique de 75 000 euros. Je suis une “râpe” (sic). Les groupes régio- naux font un effort financier et en contrepartie on les met en évidence grâce à de bonnes conditions de son. On les fait décoller. Nao et Aldebert ont joué chez nous. L.P.P. : Les artistes demandent toujours plus de cachet et réagissent parfois comme des enfants gâtés. Avez-vous eu des soucis avec des groupes depuis 11 ans ? A.B. : Des groupes nous ont demandé une marque spécifique de savon, des couleurs de serviette, des hôtels trois étoiles, des menus végétariens. Cer- tains groupes (de reggae notamment) sont aux antipodes de ce qu’ils chan- tent. Ils n’ont pas de respect envers le bénévole. Ils sont une quinzaine de bénévoles à se démener, à préparer des repas même en pleine nuit. Il y a eu de très bons souvenirs comme avec le groupe les Ogres de Barback. L.P.P. : Parlez-nous des réservations et des tarifs ? Est-ce le bon tarif ? A.B. : Début juillet, nous étions à 70 % de réservation supplémentaire, com- paré à la même époque. On devrait fai- re le plein. C’est énorme. Concernant le tarif, ce sont des prix très bas (23 euros en pré-vente, 28 euros sur place, 36 et 42 euros pour le Pass 2 jours). Il y a des réductions possibles. L.P.P. : Ce prix va-t-il augmenter ? A.B. : Je ne sais pas. Mais nous voulons que la Paille reste accessible aux familles. L.P.P. : A l’avenir, comment voyez-vous votre festival ? A.B. : Nous voulons le stabiliser. Nous voulons organiser un troisième jour axé sur le jeune public le dimanche après-midi en collaboration avec les enfants des écoles du secteur (Mouthe- Métabief) en créant un spectacle en collaboration avec une tête d’affiche. Malheureusement, faute de moyens, nous n’avons pas pu concrétiser ce pro- jet. L.P.P. : Métabief reste le meilleur le lieu pour cette fête et à propos, rappelez-nous l’origine de “la Paille” ? A.B. : Oui. Nous avons une convention de quatre ans avec la mairie. Ce site est le meilleur. “La Paille” vient de l’appellation du Haut-Doubs : “Se prendre une paille.” L.P.P. : Et les bénévoles, sont-ils toujours au rendez-vous ? A.B. : Oui mais nous avons des diffi- cultés à trouver des bénévoles quali- fiés. On est 70 durant une semaine et 200 le week-end. L.P.P. : Que peut-on souhaiter à la Paille ? A.B. : Qu’il fasse beau ! Propos recueillis par E.Ch. L.P.P. : Une journée à ne pas manquer ? A.B. : Les deux (rires).
moment. 10 000 spectateurs sont attendus. Malgré la crise, l’organisation s’est payé le luxe de refuser le partenariat avec de grandes marques de boissons alcoolisées. Tout cela pour respecter acteurs et sponsors locaux. Une originalité. Jusqu’à quand ?
L a Presse Pontissalienne : Le Festi- val de La Paille à Métabief semble résister à la crise économique alors que “l’Herbe en Zik” et “Electro- clik” ont disparu,vous plaçant com- me le troisième événement musical derrière les Eurockéennes de Belfort et Rencontres et Racines à Audincourt. Une recette ? Aurélien Bouveret (vice-président de l’association Collectif organisation) : Nous avons une différence, comparé à ces festivals : nous n’avons pas de salariés et n’avons pas pris le risque de nous développer rapidement mais au fil du temps. Le conseil administration de l’association a pris cette décision de n’embaucher personne pour éviter de devoir supporter des charges finan- cières importantes. Quand “L’Herbe en Zik” est arrivée, nous étions déjà à cinq Festivals de la Paille organisés. Nous avons été surpris de voir leur organisation : ils avaient des stands partout, des affiches au top alors que nous nous n’avions jamais pu mettre en place de chapiteau pour accueillir des associations. Ils ont pu le faire grâ- ce à des salariés et aux aides finan- cières des collectivités mais n’ont pas pu pérenniser l’événement. L.P.P. :Vous n’avez donc pas répondu à l’appel des sirènes ? A.B. : Nous avons quand même été tirés vers le haut par ce genre de festivals comme celui des “Chiens à plume”. For- cément, cela donne envie de rivaliser.
nous de concevoir cela, contrairement à d’autres qui ont mis la clé sous la porte. L.P.P. : Et les mécènes, combien donnent-ils ? A.B. : Cela varie. Il y a beaucoup de sponsors. Beaucoup nous donnent de 50 à 100 euros. Si nous avons fait cet appel à mécènes, c’est aussi pour récu- pérer un gros sponsor. Nous ne cra- chons pas sur les petites sommes mais cela nous prend trop de temps d’aller chercher cet argent. Il nous faut vrai- ment un grandmécène. D’ailleurs, nous devons anticiper le désengagement des collectivités. L.P.P. : Comme lesquelles ? A.B. : Pour l’instant, toutes les sub- ventions sont du même niveau que l’an dernier (Conseil régional et général, Métabief, Communauté de communes Mont d’Or-Deux lacs, Les Hôpitaux- Neufs). Avec les sponsors, cela repré- sente 8 % de notre budget (soit envi- ron 24 000 euros). L.P.P. : D’où provient le reste du budget ? A.B. : C’est de l’autofinancement. Nous fonctionnons grâce aux buvettes, au merchandising . Nous faisons tout : les sandwiches, moules-frites, chili con carne et la Metziflette (avec du fro- mage deMétabief). C’est avec ces ventes que nous gagnons. Mais une année avec moins de monde nous mettrait en difficulté.
me une référence du Haut-Doubs ? A.B. : Dans le Haut-Doubs, c’est clair. On peut même dire en Franche-Com- té car nous avons accueilli 10 000 spec- tateurs. En associatif, je n’en vois pas d’autres qui fassent plus de monde que nous…On ne veut pas être lesmeilleurs et tout manger mais collaborer avec les autres. On travaille par exemple avec le Swimming Pool de Baume-les- Dames. L.P.P. : Malgré cette bonne santé, vous avez lancé l’appel à mécènes en début d’année pour récolter de nouveaux fonds. Faut-il craindre pour l’avenir ? A.B. : Financièrement, ce n’est pas impro- bable que l’on ait des soucis à l’avenir même si les comptes sont sains. Avec notre budget qui frise les 300 000 euros, deux années de pluie mettraient à mal
“Que la Paille reste accessible aux familles.”
une association sert les petits-déjeu- ners au camping et réalise ainsi des bénéfices. L.P.P. : Combien ces sponsors étaient-ils prêts à vous lâcher ? A.B. : Environ 10 000 euros… mais derrière il y a plein d’astérisques au contrat. L.P.P. : Vous avez surtout voulu protéger nos boissons locales… A.B. : Effectivement, nous avons refu- sé une marque pour protéger notre “Pontarlier” (rires). L.P.P. : C’est un luxe ! A.B. : Dans les années à venir, ce le sera…Je suis content que l’on ait refu- sé pour l’image. Mais à l’avenir, peut- être devrons-nous accepter ce genre d’offre.
le festival. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. À la différen- ce d’autres, notre équi- pe organisatrice pro- fite de ses relations professionnelles pour faire avancer le festi- val en négociant des prix. Forcément, s’il y a des problèmes de paiement, on ne peut pas dire on ferme l’association et laisser des impayés. Nous sommes obligés d’honorer nos factures. C’est impossible chez
“Un budget de 300 000 euros.”
L.P.P. : Cela semble assez paradoxal que vous
L.P.P. : Aujourd’hui, vous vous estimez com-
Aurélien Bouveret a concocté la programmation
du festival, alléchante et rock.
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