La Presse Pontissalienne 154 - Août 2012

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 154 - Août 2012

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CHAPELLE-DES-BOIS

Sport et tourisme

La “Jur’Attitude” en vert et blanc Élevée à la bonne soupe jurassienne épicée aux saveurs nordiques, Fanny Girod vit au rythme de la saison touristique de Chapelle-des-Bois. La neige a sa préférence.

C hapelle-des-Bois constitue cer- tainement l’un des villages les plus authentiques de la haute chaîne jurassienne. L’isolement et l’altitude déterminent des condi- tions de vie assez rudes. Voyageur, si tu n’aimes pas la neige, mieux vaut rebrousser chemin. Les Chapelans ont toujours su faire preuve de solidarité et d’autonomie. Il suffit de constater avec quelle ténaci- té ils défendent leur école dont l’une des classes est menacée de fermeture. “Ici, il faut presque avoir cinq généra- tions au cimetière pour faire partie de la communauté villageoise” , exagère sans trop forcer le trait Fanny Girod, viscéralement attachée à ce pays où elle a passé les premières années de son enfance. Suffisamment de temps en tout cas pour inoculer le virus du ski de fond et s’imprégner de l’esprit des lieux et des habitants. Les Chapelans ont toujours eu l’esprit

d’entreprise. Ils n’ont pas manqué le virage du développement touristique provoqué par la démocratisation du ski de fond dans les années soixante- dix. Justement à l’époque où Fanny Girod s’initiait aux plaisirs de la glis- se dans les traces de son père Jean-

aux Beaux-Arts, la jeune Chapelane songeait à partager son temps entre le ski et le dessin de bâtiment. “J’ai abandonné car j’étais complètement allergique à l’informatique” avoue-t- elle. À bas la technologie, vive le natu- rel. Fanny tentera également l’option de s’installer en Savoie du côté d’Annecy. Cruelle déception dans ces contrées qui n’ont pas du tout la culture nor- dique jurassienne. Ce sera Chapelle-des-Bois ou rien. La fenêtre de tir se rétrécit. C’est mécon- naître la ténacité d’une Jurassienne qui possède d’autres cordes à son arc, notamment le diplôme d’accompagnatrice en moyenne mon- tagne. De quoi occuper la saison esti- vale. En 2007, c’est décidé, Fanny Girod s’installe à son compte. Elle conçoit le programme Bienvenue en rando ! “En venant chez nous, je veux que les vacan- ciers sachent où ils atterrissent et je

Luc Girod, largement acquis aux disciplines nordiques. “Je ne vis que par et pour le ski de fond” , reconnaît Fanny Girod. Cette monitrice tra- vaille tout l’hiver avec l’école de ski de Cha- pelle-des-Bois. Soit un bon trimestre de reve- nus assuré. Mais c’est dur de tenir toute l’année à ce régime. Après avoir suivi une formation de collabo- ratrice d’architecte

“Je ne vis que par et pour le ski de fond.”

Fanny Girod propose aux vacanciers de découvrir la montagne jurassienne dans toute son authenticité paysagère et humaine.

te d’une activité à pratiquer à l’intérieur, au cas où il pleuve. Elle anime ainsi un atelier de sculpture sur bois où les adultes s’exercent à l’opinel et quand les plus jeunes manient la scie à chan- tourner. Avant de proposer ce dériva- tif artisanal, elle est partie dans le Queyras suivre un stage chez GuyTho- ry, sculpteur au couteau. En bonne fon- deuse, Fanny manque rarement d’être au départ de la Transjurassienne. Elle s’investit aussi dans le handisport. Elle accompagnait par exemple la biathlè- te pontissalienne Émilie Tabouret, double médaillée aux jeux paralym- piques de Salt Lake City en 2002. On vit toujours aussi difficilement de l’encadrement d’activités touristiques ou sportives dans le Jura, sauf à être salarié. Ce que refuse encore Fanny qui sait se satisfaire de peu. Après le traumatisme printanier qui signifie la fin de l’hiver, elle attend avec impa- tience l’automne, saison annonciatri- ce des premiers flocons. F.C. Renseignements : www.airjura.fr

tiens aussi à les mettre en contact avec les gens du pays.” Illustration le jeudi après-midi avec la sortie thématique axée sur l’histoire du mur-frontière pendant la dernière guerre. Les ran- donneurs auront la chance de ren- contrer Bernard Bouveret qui faisait passer des familles juives en Suisse sous l’Occupation. “C’est le dernier pas- seur chapelan encore en vie.” L’autre temps fort sur le même tem- po a lieu le lundi après-midi. Direc- tion Chez Mimi, une ferme d’alpage sur les hauteurs de Mouthe, pour par- tager le quotidien de Claudine, la ber- gère des lieux.Aumenu : soins du trou- peau, entretien des pâtures et mode de vie particulièrement frugal. D’autres sorties figurent au programme. Elles sont liées à la découverte des tour- bières, de l’architecture rurale, des sommets jurassiens, des curiosités géo- logiques… On sait les caprices de la météo sur les montagnes jurassiennes. Pas tou- jours de quoi mettre un randonneur dehors. Consciente des aléas clima- tiques, Fanny Girod s’est mise en quê-

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