La Presse Pontissalienne 154 - Août 2012

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

La Presse Pontissalienne n° 154 - Août 2012

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TRADITION Un hymne “national” Que reste-t-il

Georgette Bertin- Pourchet

du patois sauget ? Seules quelques personnes parlent encore le dialecte. Malgré tout, la tradition saugette demeure forte, portée à bout de bras par Georgette Bertin-Pourchet, la présidente “normale” de cette République folklorique.

poursuit la tradition du Saugeais sous les yeux protecteurs de Gabrielle, sa maman.

Q uatre heures sonnent chez Georgette Bertin- Pourchet. C’est le moment pour la prési-

dente du Saugeais, habituée à bien recevoir, de verser le café et de couper une tarte aux prunes faite de sesmains. Ici, on ne quit-

te pas unemaison le ventre vide ! 16 heures, c’est aussi le moment où l’horloge comtoise installée dans le salon à côté du portrait de feue Gabrielle Pourchet libè- re non pas quatre retentisse- ments stridents mais l’hymne “national” du Saugeais écrit par le chanoine Joseph Bobillier en 1910. Un vrai concert ! L’hôtes- se demaison n’y prêtemême plus attention : “Maman l’avait eue comme cadeau : c’est une horlo- ge faite spécialement pour elle à Morteau (N.D.L.R. : par Yves Cupillard) où son portrait est gravé dans le balancier” dit Geor- getteBertin-Pourchet qui a repris la présidence le 28 janvier 2006 après que sa maman eut dirigé d’une main de maître de 1972 à 2005 cet espace en créant un bla- son en 1973, un drapeau en 1981, des timbres (1987), initiant une télévision ou un billet de banque (1997) pour fêter les 25 ans du Saugeais. Et surtout une âme à ce pays qui selon la tradition

n’est ni en France, ni en Suisse, mais entre les deux. La République née en 1947 sous la forme d’une boutade est enco- re en vie grâce à Georgette, la fille, présidente malgré elle. “Au début, je ne voulais pas reprendre… mais chaque jour, un Sauget venait chez moi pour que je prenne le relais. Aujour- d’hui, je suis heureuse de conti- nuer ce que ma mère a créé” dit- elle. La seconde présidente fait l’una-

tradition continue : “Il ne faut pas oublier que ce folklore rap- porte au niveau touristique à notre pays ! Il y a eu la Carte aux trésors, des venues de nombreux journalistes comme la télé Al- Arabia et bien sûr les bus qui viennent visiter notre poste de douane. Il y en a parfois quatre par jour reçus par nos douaniers !” La présidente a bien conscience que ce patois du Saugeais dis- paraît : “Il n’y a plus beaucoup

de personnes” Pour Louis Perrey, secrétaire général de la Répu- blique, il y en aurait encore deux : un à La Chaux-de-Gilley, l’autre à la Montagne-de-Gilley. Si le patois passe de vie à trépas,Rémy Bôle-Richard a réalisé un ouvra- ge “Les mots du Saugeais, dic- tionnaire du patois sauget” , aux éditions Cêtre, laissant aux futures générations une feuille de route à suivre. E.Ch.

L’hymne en huit couplets reste un témoignage vivant, dont voici quelques vers : Lè Sadjè anman la dzansenra Lou sèrâ pu lou sâpikè. I moudjan grô, bèyan a penra, Mè sa ne rvod pè lè fransè Les Saugets aiment la gentiane, Le serrat et le saupiquet.

nimité et comme sa maman, elle tient à honorer son statut en répondant aux invitations, céré- monies, courriers. Près de 4 000 lettres par an arrivent dans la nouvelle boîte à lettres, située à Montbenoît.Geor- gette veut que la

Deux personnes le parlent encore.

Sans laissez-passer, c’est quand même possible d’entrer dans le Saugeais…

Ils mangent beaucoup, boivent à peine, Mais ça ne regarde pas les Français.

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