La Presse Pontissalienne 154 - Août 2012

MOUTHE - RÉGION DES LACS

18 La Presse Pontissalienne n° 154 - Août 2012

MÉTABIEF Extraits de l’étude d’impact Des retombées

La phase 1 prévoit

économiques canons L’enneigement artificiel du domaine skiable devrait permettre à la station de Métabief de stabiliser les recettes et d’atteindre - enfin - l’équilibre financier.

l’enneigement artificiel de 8 kilomètres de piste (en vert

sur la carte), principalement côté Métabief. La phase 2 (en violet) est prévue pour 2014.

S i le calendrier est res- pecté, les travaux de construction du réseau de canons à neige et de la retenue d’eau de 103 450 mètres cubes sur le Morond, seront réalisés entre le début du printemps et la fin de l’au- tomne 2013. Ce chantier cor- respond à la première phase du projet. Quant à la seconde qui prévoit l’équipement de 8 kilo- mètres de pistes supplémen- taires en canons à neige, elle sera envisagée à partir de 2014. Chaque chose en son temps.Cet- te première étape est déjà un grand pas en direction de l’en- neigement artificiel de 52 hec- tares à termedudomaine skiable (soit un total de 16 kilomètres de pistes linéaires), un projet que l’on croyait repoussé aux calendes grecques.D’après l’étu- de qui accompagne l’enquête publique, l’investissement de 7,29millions d’euros hors taxes dans la phase 1 (et 2,06millions d’euros dans la phase 2) va don- ner un nouvel élan économique et touristique à la station de Métabief.Tout d’abord les trois campagnesd’enneigement répar-

ties entre fin novembre et début mars (soit 80 cm de neige en tout) vont garantir “62 jours de ski avec une fréquentationmaxi- male admissible.” La neige artificielle devrait donc permettre de stabiliser les recettes, dont le niveau fluctue en fonction des hivers. On apprend dans le document d’en- quête qu’elles étaient de 770000euros entre2006et 2007, et de 3,7 millions d’euros entre 2005 et 2006, “soit un rap- port de 1 à 5 entre deux hivers successifs.” Les caprices de la météo ont des répercussions sur les déficits de la station qui n’ont cessé de croître ces huit der- nières années. “On estime que la première phase d’enneigement fera passer le déficit de 700 000 euros par an à 500 000 euros. La seconde pha- se doit permettre de dégager des capacités d’investissement pour reconfigurer le domaine skiable (parcdes remontéesmécaniques).” Les recettes passeraient en moyenne de 2,1 à 2,5 millions d’euros au terme de la phase 1.À ce rythme, le syndicat mix- te duMont d’Or ambitionne d’at-

teindre l’équilibre financier dès 2014, “tout en ayant créé 20 emplois équivalents temps plein et induit un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros sur le terri- toire.” Mais on comprend aussi dans cette étude qu’il est néces- saire de réaliser les deux phases duprojet pour queMétabief fran- chisse un cap dans la durée. L’autre élément précisé dans le rapport est que la stabilité finan- cière de la station “ne dépend pas que de l’hiver dans un contex- te national où le tourisme de moyenne montagne exige une plus grande diversité d’activité en toute saison.” La neige reste unproduit d’appel,mais les offres d’hiver doivent être diversifiées ainsi que “les activités hors nei- ge pour répondre à une deman- de intersaison.” Il est donc pré- vu d’investir 6 millions d’euros pour diversifier les activités été- hiver (zone ludique, luge,V.T.T. descente, randonnée…). Le Conseil général prône le tou- rismequatre saisonspour asseoir l’avenir de la station et du sec- teur du Mont d’Or. Nous y sommes presque.

REGISTRE Des avis positifs “On fera de vraies saisons” Lʼ enquête publique a duré du 18 juin au 13 juillet. Elle était consultable dans trois communes du Mont dʼOr. Une semaine avant Les commentaires couchés dans le registre qui accompagne l’enquête publique débordent d’enthousiasme. Les canons à neige sont attendus par beaucoup comme le messie pour assurer la survie de la station.

de Métabief” qui a fait le déplacement dʼOrnans pour apporter son commentaire. Selon lui, “ce pro- jet doit aboutir pour faire à nouveau progresser lʼoutil touristique formidable de notre région.” Pour Raymond, il ne fait aucun doute que ce projet est “indispensable à la pérennité de la station.” Ce serait même, selon le Comité des fêtes, “un élé- ment déclencheur du développement de Méta- bief” , et un investissement nécessaire “à la survie de notre économie” conclut Anne-Marie, com- merçante. Après trop dʼespoirs déçus, il y a à nou- veau beaucoup dʼattentes autour de ces canons à neige. Au moment où nous avons consulté le registre, Les Verts sʼapprêtaient à venir tempérer lʼenthou- siasme ambiant. Ils indiquaient que ces canons à neige ne correspondent pas à la conception quʼils se font du développement touristique.

quʼelle ne se termine, nous sommes allés consul- ter le registre dʼenquête publique à la mairie de Métabief pour prendre connaissance des com- mentaires laissés par les citoyens venus donner leur avis sur le projet dʼenneigement artificiel du domaine skiable. Il y en avait douze, et tous étaient très positifs. “Étant passionné de ski, jʼattendais ce projet avec impatience. On fera de vraies sai- sons avec février en apothéose” sʼenthousiasme Antoine pressé de voir “les premiers coups de pel- leteuse.” Pour Jean-Yves, la neige artificielle devrait permettre de “redorer le blason de toute la station et pérenniser les projets des acteurs économiques locaux.” Quelques lignes plus loin, on trouve le commentaire de Bernard, “amoureux des pistes

LABERGEMENT-SAINTE-MARIE

Une dérive productive

O.N.F. : le malaise s’enracine durablement La réforme engagée depuis 2002 figure toujours au prochain contrat d’objectif 2012-2016 qui prévoit la suppression de 65 emplois à l’O.N.F. en Franche- Comté. Explications avec François Chanal, responsable de l’unité territoriale de Labergement-Sainte-Marie et membre de l’intersyndicale.

L a Presse Pontissalienne :Quelles sont les conséquences de la réforme de l’O.N.F. sur l’unité territoriale de Labergement- Sainte-Marie ? François Chanal : Cette unité territoriale couvre près de 11 500 hectares de forêt publique dont 1 500 en forêt domania- le. On fonctionne avec une trentaine de communes du Haut-Doubs forestier. L’effectif O.N.F. est passé de 20 à 12 salariés depuis 2002. Les gardes fores- tiers ont pris du galon en devenant tech- niciens forestiers. Le territoire qui leur est imparti s’est agrandi de 300 hec- tares supplémentaires pour chacun. Les méthodes de travail ont changé et nécessitent plus de tâches adminis- tratives. On a gagné en reconnaissan- ce mais les salaires n’ont pas augmen- té en proportion de la charge de travail induite.J’admets volontiers qu’on n’était pas surmené il y a 30 ans.Aujourd’hui, on a largement dépassé ce que l’on doit accepter. L.P.P. : Quelle est votre revendication principa- le ?

F.C. : On a manifesté le 19 juin à Besan- çon pour dénoncer le nouveau contrat d’objectif qui prévoit 700 suppressions d’emplois dont 65 uniquement pour la Franche-Comté. Cela représente 10 % de l’effectif régional. La réforme 2002 qui préfigurait la R.G.P.P. a vraiment marqué un tournant significatif.L’O.N.F. a subi un changement complet d’idéo-

re sonmétier correctement crée unmal- être. On a défilé contre les 700 sup- pressions d’emplois mais je crains que cela soit pire. Dans les cinq prochaines années sur le triage de Labergement, on aura six départs en retraite sur dou- ze. On peut très bien imaginer de se retrouver à neuf. C’est la seconde sour- ce du malaise : se dire qu’on ne pour- ra plus y arriver du tout. L.P.P. :Cette politique aura forcément un impact sur la gestion de la forêt publique ? F.C. : Elle risque d’êtremoins finie,moins bien cadrée. On seramoins performant en matière de surveillance, d’accueil du public. C’est déjà le cas sur notre unité territoriale qui englobe la station de Métabief et les lacs et dont la moi- tié du territoire est en zone Natura 2000. On constate l’émergence d’une zone de conflit entre exploitation fores- tière et attentes touristiques.Cela remet aussi sérieusement en cause la gestion multifonctionnelle de la forêt. On négli- ge les deux parents pauvres que sont l’environnemental et le social au seul

“On ne peut plus

accepter de continuer à supprimer des emplois”, explique François Chanal de l’Intersyndica- le.

logie en évoluant vers une entreprise de ser- vices qui a pour objec- tif premier d’équilibrer ses comptes. Il nous semblerait opportun de mieux redistribuer les recettes fiscales.La seu- le variable d’ajustement qui procède par les sup- pressions d’emplois est insensée. L.P.P. :Quel est le moral des troupes ? F.C. : On est en pleine crise identitaire. Le fait de ne plus pouvoir fai-

“On ne pour- ra plus y arri- ver du tout.”

forestière.

profit de la fonction productive.

L.P.P. : La mobilisation reste d’actualité ? F.C. : A priori , il y aura d’autres mou- vements cet automne. On ne peut plus accepter de continuer à supprimer des emplois.

L.P.P. : Qu’adviendra-t-il du régime forestier ? F.C. : Pour l’instant, il n’est pas ques- tion de le remettre en cause sur le plan politique. Mais qu’en sera-t-il dans quatre ans ? On peut imaginer une pri- vatisation mais cela se fera au détri- ment d’une vision globale de la gestion

Propos recueillis par F.C.

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