La Presse Pontissalienne 152 - Juin 2012

ÉCONOMIE 42

La Presse Pontissalienne n° 152 - Juin 2012

FINANCES Certains élus remettent en cause les choix POMPIERS : Y A-T-IL LE FEU À LA MAISON S.D.I.S. ? La décision récente prise par les pompiers du Doubs de ne plus assu- rer gratuitement les interventions pour destruction de nids de guêpes est compréhensible tant elle mobilise de temps aux soldats du feu au détriment de leurs missions premières. Seulement, cette mesure cache aussi un véritable souci pour le service départemental d’incendie et de secours (S.D.I.S.) de faire des économies. Le budget des pompiers ne cesse d’augmenter, notamment à cause de l’ambitieux plan de modernisation des casernes entrepris il y a quelques années. Ce plan se traduit en ce moment à Besançon par la mise en service quasi- simultanée des deux nouveaux centres de secours, l’un à Chalezeu-

le qui sera inauguré le 20 juin, l’autre à la Grette qui entrera en ser- vice au cours de l’été. Dans le Haut-Doubs, les projets de nouvelles casernes suivent également leurs cours, notamment celle des Hôpi- taux-Vieux. Le point sur un service plébiscité par les habitants du Doubs mais dont l’utilité première ne doit pas justifier des dépenses excessives. Ses dirigeants en sont conscients et serrent la vis.

FINANCES

42 millions de budget Les pompiers au régime sec ? Les pompiers du Doubs ont décidé de ne plus intervenir gratuitement pour la destruction des nids de guêpe. Une mesure symbole qui marque la volonté du S.D.I.S. de maîtriser ses dépenses. Le point.

L e service départemental d’incendie et de secours du Doubs connaît “une situation financière tendue.” Le constat est fait par le colonel André Benkemoun, le directeur dépar- temental du S.D.I.S. et par Léon Bes- sot, son président. Un réexamen com- plet desmissions du service est en cours et d’ores et déjà les responsables des pompiers ont décidé de “consacrer les ressources du S.D.I.S. aux interventions de son cœur de métier.” Alors tout ce qui pourra alléger ses dépenses est bon à prendre. Parmi les premières mesures annon- cées par les pompiers du Doubs, l’abandon d’un service jusque-là gra- tuit qui a été particulièrement sollici- té l’an dernier : la destruction des nids d’hyménoptères (guêpes, frelons…). “Nous avions réalisé 1 845 interventions en 2010 dans le Doubs, nous en avons fait 6 100 l’an dernier. Le cœur de métier des pompiers, c’est l’urgence, les secours

d’urgence oumettant en péril des publics fragiles (enfants, personnes âgées…) justifient désormais l’intervention gra- tuite des hommes du feu. “Dans les écoles, les crèches, les centres de vacances. Ou alors les maisons de retraite, les centres d’accueil de handicapés” illustre le colonel Benkemoun. Les interven- tions dites de confort sont désormais terminées. Le coût de ces missions anti- nids de guêpe a été évalué “entre 150 000 et 200 000 euros” pour l’an der- nier. Une paille par rapport au budget global du S.D.I.S. qui avoisine cette année les 42 millions d’euros, mais un symbole d’économies.Le gain,il semesu- re surtout en termes demoyens humains. Pour ces 6 100 interventions de l’an dernier, c’est 12 000 pompiers en cumu- lé, mobilisés pendant 1 h 30 à chaque fois. “La stratégie n’est pas de dire on se crée une recette supplémentaire en facturant la prestation, mais de réali- ser une économie.”

à personne, les accidents, les incendies. On continuera à faire ces prestations dans certaines conditions, mais on les facturera. Nous invitons les personnes concernées à faire appel à des presta- taires privés” indique le patronduS.D.I.S. La destruction des nids a représenté en 2011 près de 23 % de l’activité tota-

Il faudra désormais payer pour une intervention contre un nid de guêpes (photo S.D.I.S. 25).

L’année 2012 sera donc celle des “ajus- tements budgétaires” pour les pompiers du Doubs. Ajustements qui annoncent d’autresmesures de restrictions, notam- ment en moyens humains. “À partir de 2013, on va voir pour baisser nos effec- tifs. Sur un certain nombre de centres de secours, il y aura besoin de moins d’activité” avance le colonel Benkemoun. Le S.D.I.S. du Doubs emploie 400 pom- piers professionnels et mobilise 2 200 pompiers volontaires. Des réajuste- ments sont aussi programmés pour “avoir des pompiers volontaires là où on n’en a pas assez.” Pour assurer ses investissements futurs, la direction du S.D.I.S. est à la recherche de financements. “On rencontre quelques difficultés en ce moment pour trouver des banques qui financent nos projets. Hélas,le S.D.I.S.n’échappe pas au contex- te actuel” reconnaît Léon Bessot. Y a-t-il pour autant le feu à la maison S.D.I.S. ? Non assurent les responsables départementaux. “Sur les 80 millions d’euros de plan immobilier que nous avions voté en 2006, nous avons déjà réalisé 55 millions, notamment avec les deux casernes de Besançon. Mais les investissements 2012 ne seront engagés que si on a les financements.” Sur 19mil- lions d’euros d’investissement votés dans le budget 2012, il enmanque enco- re 7 que les instances départementales tentent de décrocher auprès des banques. “On n’en a trouvé que 3 pour l’instant” avoue Léon Bessot. Les travaux prévus cette année dans les casernes des Hôpi- taux-Vieux et de Saint-Maurice-Colom-

bier ne seraient pourtant pas remis en cause. La situation financière du S.D.I.S. pour- rait relancer le débat sur son coût, débat qui avait déjà créé quelques tensions au sein du Conseil général du Doubs (principal financeur des pompiers) en fin d’année dernière. Le leader de l’opposition Jean-François Longeo avait lancé : “Il semble que nous donnions beaucoup plus au S.D.I.S. que pour l’amélioration des routes, cela peut paraître paradoxal. Le S.D.I.S. doit éga- lement être mobilisé dans la démarche d’économie et de fonctionnement et revoir sa demande départementale et com- munale.” D’autres grosses dépenses ont récem- ment plombé le budget des pompiers ces derniers temps : “Nous subissons des décisions nationales par rapport au volontariat, par rapport à la prestation de fidélisation pour les anciens pom- piers, par rapport à la réforme de la filière : près d’1 million d’euros supplé- mentaire de charges salariales que nous avons à assumer” note Léon Bessot. 3,5 millions d’euros ont été investis dans un nouveau système de radio avec un coût de fonctionnement de 100 000 euros par an, contre 40 000 dans l’ancien système. Sans parler du changement récent de toutes les tenues des pompiers, jugé superflu par cer- tains. À l’heure des vaches maigres, le débat sur le coût des pompiers risque de surgir à nouveau sur le plan poli- tique. J.-F.H.

le des pompiers. En quatre ans, ces sorties pour nids de guêpes ont augmenté de 85 %. Désormais, après éva- luation de la situation, la prestation sera fac- turée 75 euros par le S.D.I.S., un tarif volon- tairement supérieur à celui pratiqué par les quelques sociétés qui proposent ce service, entre 55 et 65 euros (voir ci-dessous). Seules les situations

“Des tarifs qui varient du simple au quadruple.”

Le colonel André Benke- moun fait tout pour optimi- ser le coût des pompiers, une force d’intervention très chère à toute la popu- lation.

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