La Presse Pontissalienne 152 - Juin 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 152 - Juin 2012

4

COMMERCE Le président des Grands-Planchants Philippe Gille : “Je défends la liberté d’entreprendre” Entrepreneur, vice-président de la Chambre de Commerce du Doubs et président de l’association des commerçants des Grands-Planchants, Philippe Gille pose un regard sur la situation – plutôt bénie – du commerce pontissalien. Interview.

mettre un H et M, ou d’autres choses encore. Après, c’est la liberté indivi- duelle de chacun et c’est cette liberté d’entreprendre-là que je défends. Ce n’est pas pour autant qu’il faut tout bloquer. L.P.P. : En tant que vice-président de la C.C.I.T. du Doubs, vous êtes un peu le représentant du Haut-Doubs à la Chambre de commerce. Quelles actions avez-vous initié pour ce ter- ritoire ? P.G. : D’abord l’antenne de la C.C.I. à Pontarlier fonctionne très bien, on va même renforcer ses effectifs. Ensui- te, nous travaillons justement sur les problématiques spécifiques au Haut- Doubs. J’ai fait récemment venir le président de la C.C.I. et le président régional de Pôle Emploi pour tenter de trouver des solutions pour pallier cette fuite de la main-d’œuvre en Suis- se. Nous travaillons sur la façon d’attirer des personnes de bassins d’emploi moins favorisés. La derniè- re assemblée générale de la C.C.I. du Doubs a eu lieu ce 4 juin au Goune- fay, preuve supplémentaire que ce ter- ritoire, même s’il est d’un côté privi- légié, est loin d’être négligé. L.P.P. : Vous êtes aussi le directeur du McDo- nald’s de Pontarlier qui selon nos informa- tions serait le restaurant de la ville qui enre- gistre le plus d’activité. On parle de 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Vrai ? P.G. : Ce chiffre n’est pas exact dans le sens où il couvre un exercice comp- table qui s’est étalé sur 21 mois. Ceci dit, l’activité se porte très bien avec 800 couverts par jour. C’est à peu près comme les deux McDo de Besançon. Nous sommes dans les quinze McDo les plus actifs du Grand Est de la Fran- ce. Mais la plupart des restaurants de Pontarlier marchent très bien, preu- ve qu’il y a vraiment de la place pour tout le monde. L.P.P. : La clientèle suisse est primordiale pour vous ? P.G. : C’est la clientèle locale qui est vitale pour nous mais la clientèle suis- se est loin d’être négligeable. C’est environ 20 % de la fréquentation, et jusqu’à 35 % le week-end. Malgré cet- te progression régulière de notre acti- vité, nous continuons les investisse- ments. Après la réfection de la cuisine et la rénovation intérieure en 2008, l’extension avec les jeux en 2009 et l’extérieur en 2010, on va revoir cet- te année tout le système de “drive”. Et, nouveauté, on va attaquer d’ici les vacances les tests de commandes par Internet. Nous sommes un des 50 éta- blissements de France à entrer dans cette démarche-pilote. L.P.P. : Le projet de McDo à Morteau, toujours l’arlésienne ? P.G. : Il n’y a toujours rien de concret en effet mais je sais que McDo est toujours sur le dossier et que je le suis de près. Il y a deux ans, Morteau était inscrit au plan d’ouverture natio- nal, puis il y a eu des soucis de ter- rain. McDo en cherche toujours un sur Morteau. Ce projet n’est pas du tout enterré. Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.P. : La zone comprend pourtant quelques friches emblématiques comme Sbarro ou Parker.Vous com- prenez la position de Patrick Genre qui refuse de les transformer en nouvelles surfaces commerciales ? P.G. : Je comprends sa prudence. Mais ce que je constate, c’est que les deux seules friches des Grands-Planchants ne sont pas commer- ciales mais indus- trielles. Profitons de ces belles surfaces pour faire des commerces complémentaires ! Il y a des années que des sites industriels fer- ment. Qu’on les rase ou qu’on en fasse des commerces. Quelle bel- le vitrine ce serait un site comme Sbarro ! Qu’on y mette des arti-

L a Presse Pontissalienne :Vous pré- sidez une des quatre associations de commerçants de Pontarlier et de ses environs. Pourquoi mainte- nir encore autant d’associations de commerçants ? Philippe Gille : De grands progrès ont été faits dans ce domaine. Déjà les deux associations du centre s’étaient réunies et aujourd’hui ne subsiste que Com- merce Pontarlier Centre (C.P.C.). Pour le reste, il y a l’association des Grands- Planchants que je préside, il y en a une des commerçants d’Houtaud et une des commerçants de Doubs. Cela fait plus de dix ans que je milite pour qu’il n’y en ait qu’une seule mais aujourd’hui, toutes ces associations sont fédérées au sein de Commerce Grand Pontar- lier qui permet de faire des actions com- munes en matière de promotion. C’est déjà un grand pas parce qu’on est plus intelligents groupés que seuls. Si mon souhait reste de n’avoir à long terme plus qu’une association, j’estime que Grand Pontarlier est déjà un très bon compromis et que les choses marchent très bien comme ça. Il faut reconnaître quand même que le centre-ville n’a pas toujours les mêmes préoccupations qu’Houtaud par exemple.

épiphénomène.

L.P.P. : Les polémiques récurrentes entre le centre-ville et la périphérie semblent peu à peu s’estomper dans le commerce.Vous confir- mez ? P.G. : En effet, les tensions se sont apai- sées et tant mieux, même s’il reste encore un ou deux commerçants, jeunes de surcroît, qui sont encore récalci- trants à faire des choses communes. Mais ils représentent une toute peti- te minorité. On peut regretter aussi certaines choses. Il y a deux ans, on a lancé les chèques-cadeaux avec le Grand

L.P.P. : Le commerce pontissalien se porte tou- jours comme un charme ? P.G. : Je pense que la plupart des com- merçants, qu’ils soient en zone ou au centre-ville, vivent bien à Pontarlier. On ne va pas nier le fait que le pou- voir d’achat des Suisses et des fron- taliers y est pour quelque chose. Cet- te bonne situation a cependant son revers, connu comme les difficultés à recruter et le manque de compétitivi- té de nos salaires français, ou d’autres comme l’état de nos liaisons routières qui reste un sérieux problème dont les autorités ne semblent pas encore avoir pris la mesure. L.P.P. : Et comment se porte l’association des Grands-Planchants que vous présidez ? P.G. : Elle rassemble un peu plus de 50 enseignes adhérentes sur les 80 que compte la zone. Cela représente tout de même un bon millier d’emplois. On fait donc figure d’association dyna- mique avec des avantages pour ses membres comme cette carte dont tous les salariés bénéficient et qui leur per- met d’avoir des avantages dans tous les commerces adhérents.

“800 couverts par jour au McDo.”

Pontarlier, on peut s’étonner que C.P.C. lance les siens seuls dans leur coin. Cela démontre qu’il y a encore quelques “aya- tollahs” et je me plais souvent à leur rappe- ler que s’ils bénéficient de fonds d’État F.I.S.A.C. pour réno- ver leurs enseignes, c’est quandmême grâ- ce aux taxes que payent les grandes surfaces de périphé- rie. Mais ces réticences sont heureusement un

“Il y a encore quelques “ayatollahs” dans le commerce.”

sans ne me choquerait pas non plus, mais au moins qu’on fasse vivre ces sites. Si les fonds publics et l’industrie n’y arrivent pas, laissons faire le com- merce. L.P.P. : Décathlon est arrivé (et d’ailleurs aucun commerce de sport n’a fermé). Pensez-vous qu’il manque encore des enseignes à Pon- tarlier ? P.G. : Rien ne manque, mais ça ne veut pas dire que d’autres enseignes à la mode ne viendraient pas. On pourrait

Philippe Gille est à la tête du principal établisse- ment de restauration de Pontarlier qui emploie 45 équivalents temps plein.

Made with FlippingBook HTML5