La Presse Pontissalienne 152 - Juin 2012

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 152 - Juin 2012

32

ROCHEJEAN Ferme de la Batailleuse Veaux, vaches, cochons et séjours pédagogiques La ferme de la Batailleuse associe depuis plus de 30 ans les fondements de l’éducation populaire à l’agriculture biologique.

L e goût du bio, les circuits courts, les loisirs collectifs et accessibles à tous, ces aspi- rations constituaient déjà l’idéal de société des fondateurs du Club de Loisirs et Action de la Jeu- nesse ou C.L.A.J. de Franche-Com- té. On est en 1980. De doux rêveurs choisissent de s’investir à Roche- jean dans une installation agrico- le couplée à un centre d’accueil.

périodes avec des hauts et des bas” , poursuit Nathalie. En 1986, un incendie détruit en totalité la mai- son. Une nouvelle ferme est recons- truite à l’extérieur du village au lieu-dit la Batailleuse. Contraire- ment à ce que l’on pourrait pen- ser, les néoagriculteurs de Roche- jean ont été plutôt bien accueillis dans la communauté paysanne. “On s’est intégré au système de pâtu- rage collectif qui existait à l’époque sur les communaux de Rochejean. Les agriculteurs du village parta- geaient aussi des travaux communs. On ne pouvait rêver mieux pour se faire accepter.” La ferme bio de la Batailleuse abri- te aujourd’hui un troupeau de 50 chèvres laitières. Les fromages qui en découlent sont commercialisés sur les marchés locaux et dans plu- sieurs restaurants. Le cheptel com- prend aussi 18 montbéliardes. Une partie du lait part à la fromagerie Badoz. Le reste est transformé sur place en fromages frais, faisselles et produits laitiers valorisés en cir- cuits courts. “On a trois cochons et une basse-cour. On cultive des légumes. On fabrique du pain.” Le modèle agricole de l’association n’est pas figé dans le marbre. Il

“On a lancé une souscription pour acquérir une ancienne ferme qui abrite aujourd’hui le centre de vacances du Souleret” , explique Nathalie, la seule de l’équipe pion- nière encore en activité. Les autres sont en retraite. Ce groupe est toujours resté très ouvert aux stagiaires, bénévoles, jeunes ou moins jeunes prêts à ten- ter l’aventure. “On a vécu des

évolue en fonction des projets, des envies de l’équipe. Certains ont émis l’idée de cultiver des céréales. La démarche s’est concrétisée cet automne avec la mise en culture d’un hectare d’orge. Même topo avec le four à pain construit de toutes pièces par un nouveau membre de l’équipe qui a lancé cet- te activité boulangère. Ce nouvel outil permet d’organiser des soi- rées pizza avec les enfants qui éla- borent chacun leur garniture. “Tou- te expérience un tant soit peu réaliste mérite d’être tentée” , confie Natha- lie. Le centre de vacances s’approvisionne aussi à la ferme. Les deux structures sont intime- ment liées. L’une servant assez sou- vent de support pédagogique à l’autre. “On accueille toute l’année des classes scolaires, des groupes et des familles. On adapte le conte- nu des séjours thématiques en fonc- tion des attentes des enseignants” , précise Malika. Reconstruit dans l’enceinte du bâti- ment victime des flammes en 1986, le centre d’accueil dispose d’une

capacité de 50 places réparties en chambres de 4 à 10 lits. Au Soule- ret, les enfants et adolescents se voient proposer tout un panel d’activités autour de la ferme ou en lien avec les richesses naturelles du secteur comme les lacs ou les alpages. “Quelle que soit la formule choisie, on veut que les enfants soient acteurs de leurs séjours. Ils parti- cipent, s’impliquent.” La gestion de la ferme et du Souleret mobili- se actuellement 12 personnes, soit neuf équivalents temps plein. L’association C.L.A.J. de Franche- Comté fonctionne sur le principe d’une direction collégiale. La for- ce de la structure réside aussi dans son positionnement sur de mul- tiples réseaux. “On adhère par exemple à “Accueil Paysan”, au G.I.E. Caprin, au réseau W.O.O.F. qui rassemble des fermes bio dans le monde entier” , énumère Natha- lie. Une chose est sûre : on ne vient pas à la Batailleuse pour faire for- tune. Ici, la richesse est d’abord humaine.

Une bonne partie de la production est commercia- lisée en ven- te directe sur les mar- chés, auprès de restaurants, magasins bio et dans une associa- tion de consomma- teurs.

Les enfants accueillis au centre de vacances participent à la vie de la ferme.

Made with FlippingBook HTML5