La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

SANTÉ 42

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

INTERVIEW

Le directeur général du C.H.U. de Besançon Patrice Barberousse : “Le C.H.U. de Besançon a retrouvé l’équilibre financier”

L a Presse Pontissalienne : L’hôpital est toujours en chantier. Quand la remon- tée des services de Saint-Jacques à Minjoz est-elle programmée ? Patrice Barberousse : Le nouveau bâti- ment est terminé, il est en phase de réception et de vérification des tra- vaux. Le déménagement est prévu sur les mois d’octobre et de novembre cet- te année. La quasi-totalité des services de Saint-Jacques sont concernés : la maternité, la gynéco-obstétrique et tout le secteur de la pédiatrie, ainsi que la néphrologie et l’urologie. Res- tent à Saint-Jacques la dermatologie et la psychiatrie qui remonteront plus tard car parallèlement à ce déména- gement ont lieu de lourds travaux de mise aux normes de la tour Minjoz. Ce qui fait qu’on embolise deux étages de la tour, qu’on installe provisoirement dans le nouveau bâtiment. On ne peut donc pas tout remonter enmême temps. Resteront également sur le site de Saint-Jacques les services adminis- tratifs et la direction. L.P.P. : Combien coûteront ces opérations ? P.B. : La construction du nouveau bâti- ment et le transfert de Saint-Jacques coûteront 200millions d’euros. Le chan- tier de mise aux normes (sécurité incen- die, électrique, accessibilité…) de la tour Minjoz, c’est 100 millions sup- plémentaires. Il se fait étage par éta- ge, ce qui explique la longueur des tra- vaux. La tour Minjoz sera donc refaite à neuf (à part la façade). Et tous les ascenseurs vont être changés cette année. L.P.P. :Avec ce transfert, le nombre de lits aug- mente-t-il ? P.B. : Non, il reste au total à un peu plus de 1 300 lits.Mais le nombre de chambre augmentera, le rapport entre les chambres à un lit et celles à deux lits va être inversé. On aboutira à une bien meilleure qualité d’accueil des patients. D’ailleurs, on ne demande pas plus de lits. On cherche plutôt à augmenter la capacité de la chirurgie ambulatoire. L’idée est en revanche de conserver tous ces lits car il y a de gros besoins en lits demédecine aux urgences notam- ment. L’idée est d’adapter l’offre de lits aux besoins de la population. L.P.P. : D’autres chantiers encore ? P.B. : Oui, avec les blocs opératoires (compris dans les 200 millions). On aura dès cette année 30 salles d’opération neuves sur le même niveau, ce qui nous permettra d’augmenter notre capacité opératoire et éviter la gros chantiers en cours. Et met les choses au clair au sujet des récents sujets soulevés par les syndicats. Beaucoup d’usagers du Haut-Doubs se posent des questions sur l’actualité du C.H.U. de Besançon dont ils sont aussi des usagers régu- liers. Son directeur géné- ral fait le point sur les

Patrice Barberousse est directeur général du C.H.U. depuis 2008. Son mandat de quatre ans arrive à terme cette année, il est renouvelable.

dispersion du personnel entre plusieurs sites. Le C.H.U. va offrir le nec plus ultra en matière de blocs opératoires. Le dernier chantier, pour 60 millions d’euros, c’est le pôle cancéro et bio qui accueillera les 12 laboratoires de bio- logie actuellement à l’Arsenal et le pôle cancérologie ainsi que l’institut régio- nal fédératif du cancer. Le chantier a démarré, sa livraison est prévue fin 2014 s’il n’y a pas d’aléas. L.P.P. : L’autre chantier visible des usagers, c’est l’accès au C.H.U. La question des par- kings est-elle réglée ? P.B. : Il ne faut pas oublier que l’objectif premier est d’accueillir les malades et leurs familles. Pour le personnel, on favorise depuis plusieurs années d’autres solutions (co-voiturage, prise en charge des transports…) tout cela en attendant le tram. Il fallait bien

postes de directeurs adjoints), et le C.H.U. continue à créer de l’emploi. Ceux qui perlent de suppressions sont des menteurs. Il faut arrêter de dire le contraire de la réalité. Les effectifs augmentent parce qu’on a récupéré l’activité d’oncologie de Saint-Vincent, et on a eu plus de lits de spécialisa- tion reconnus. 32,15 équivalents temps plein ont été créés en 2011. Certains syndicalistes racontent n’importe quoi, les chiffres qu’ils annoncent, ils doi- vent les rêver le soir. Globalement, avec les départs ou les mutations, on recrute 600 personnes par an. Et entre les périodes de recrutement, on joue sur les heures supplémentaires, qu’on récupère en jours et si on ne peut pas, on les paye. Ici, personne ne fait des heures supplémentaires pour rien, ça n’existe pas.

vie des travaux du pôle cancéro sera partie.Après cela, ce ne sera plus négo- ciable, on ne pourra pas faire mieux. Une place de parking, c’est entre 10 000 et 13 000 euros. Il faut savoir si on préfère financer des I.R.M. et des scanners, ou des parkings ! L.P.P. : Quid de la question de l’amiante ? P.B. : Il y a de l’amiante dans la tour Minjoz, ça, on le savait. Les syndicats et l’inspection du travail ont décidé de saisir le procureur, à partir de ce moment-là, je n’ai rien d’autre à dire. On a fait le diagnostic amiante qu’il fallait faire. Il n’y aucun risque pour les usagers, il y avait juste des pré- cautions à prendre pour les personnes qui travaillaient à ces travaux. L.P.P. : Le C.H.U. de Besançon en a-t-il termi- né avec ces soucis budgétaires ? P.B. : Le déficit du C.H.U. était de 5,5mil- lions d’euros en 2008, avec des prévi- sions de 15 millions de déficit deux ans plus tard. Dès mon arrivée cette année- là, ma priorité a été de diminuer ces déficits. On a terminé 2011 avec un déficit de 930 000 euros, soit 0,22 % d’un budget global de 442,6 millions. Le retour à l’équilibre est prévu cette année. Sauf accident, le C.H.U. de Besançon a donc retrouvé l’équilibre financier, tout en continuant à inves- tir. Sur la période 2008-2017, le C.H.U. a prévu d’investir 540 millions d’euros. Donc il faut arrêter de s’autoflageller tout le temps en disant qu’on est mau- vais. Le C.H.U. à Besançon est un ser- vice public qui marche bien. L.P.P. : Que répondez-vous aux syndicats qui dénoncent régulièrement les suppressions de postes à l’hôpital ? P.B. : En 2008, le C.H.U. de Besançon employait au total 5 409 personnes, médecins compris. En 2011, les effec- tifs étaient de 5 649 personnes. Il n’y a jamais eu de suppressions de postes depuis 2008 (j’ai juste supprimé deux

le plan de l’organisation du travail ! P.B. : Ici, les gens travaillent 7,36 heures par jour et outre leurs congés, ont droit à 18 jours de R.T.T. Vous connaissez beaucoup d’entreprises qui proposent cela à leurs salariés ? Ces jours de R.T.T., on les met sur un compte épargne-temps et j’ai provisionné de l’argent pour payer les R.T.T. non pris. Il faut parfois savoir ne pas exagérer. L.P.P. : D’autres projets à venir ? P.B. : Nous devons continuer à collabo- rer avec Dijon. Dijon et Besançon ensemble, c’est le huitième C.H.U. de France. Il faut accentuer le mouve- ment car on est forcément plus écou- té quand on est le huitième C.H.U. que quand on est le vingt-cinquième. Sinon, on poursuit nos efforts en matière de recherche. Le nombre d’études cliniques initiées ici a doublé entre 2007 et 2010. Propos recueillis par J.-F.H.

régler la question du parking visiteurs où des gens squattaient. On l’a donc passé payant après 2 h 30 de durée, justement pour permettre aux familles de se garer, ce qui se fait dans toutes les grandes villes. Pour le per- sonnel, on a aussi décidé d’ouvrir plus tôt que prévu le par- king qui se situera derrière le nouveau bâtiment. En 2012, il y aura donc 1 354 places au total. Et on va mettre en place une navette provi- soire depuis les par- kings-relais. En 2015, quand tous les tra- vaux seront termi- nés, on aura 1 716 places et 1 800 en 2017 quand la base-

L.P.P. : Pourtant ça grince régulièrement sur

“Il faut arrêter de s’autoflageller.”

Zoom L’activité du C.H.U. de Besançon en chiffres - Près de 44 000 patients ont été hospitalisés en 2011, soit 1 200 de plus quʼen 2010. Le nombre dʼhospitalisations et de venues sʼest établi à 124 633 en 2011, cʼest 4 % de plus que lʼannée précédente. - La durée moyenne dʼhospitalisation complète est de 6,7 journées. - Lʼactivité de cancérologie représente 47 % du nombre total des séjours, soit 59 000. Plus de 7 000 patients ont été suivis en 2011 pour cancer, dont une centaine dʼenfants. - Près de 150 organes ont été prélevés en 2011, dont 52 cornées, 30 reins, 12 foies et 5 cœurs. - Plus de 220 personnes ont été transplantées dont 106 moelles, 46 reins et 20 foies. - 2 259 naissances ont eu lieu à la maternité. - Le nombre dʼinterventions chirurgicales dans les blocs opératoires a dépas- sé les 25 000.

Made with FlippingBook - Online catalogs